LES MAIRES DE BAIS
HEINRY François Jean-Marie
Heinry François, est né le 19 juin 1840, fils de Jean-Marie et de Marie Monnier, cultivateur au bourg. Marié le le 13 juin 1872, Drouges, avec Jeanne Marie Françoise TOUBON.
Il a passé en semant le bien
Le 1er décembre 1931 avaient lieu les obsèques de Monsieur Heinry, décédé à l’âge de 92 ans. Depuis quelques seulement, Monsieur Heinry qui avait été pendant 45 ans, maire de Bais et Conseiller d’Arrondissement vivait retiré des affaires publiques. Nous ne voulons pas laisser partir cet homme de bien sans saluer sa mémoire. Il est de ceux qui ont droit à la reconnaissance de toute la région de la Guerche et surtout de sa petite patrie de Bais, parce qu’il leur avait donné sans compter : son activité, son intelligence, son temps, son cœur et sa fortune. Il est aussi de ceux qui dans notre siècle d’égoïsme doivent être cités en exemple à tous leurs concitoyens pour leur montrer la beauté d’une vie bien remplie d’idéal, désintéressée et sans défaillance.
Sur tout le parcours de l’immense cortège, cortège où l’on remarquait les enfants des écoles, tous les membres du Conseil. Municipal, un très important groupe d’Anciens Combattants qui, précédés de, leur Drapeau, avaient tenu à lui faire une dernière et si touchante escorte d’honneur – nous avons été particulièrement frappés de l’unanimité des regrets qui s’exprimaient à haute voix parmi, les assistants composés de très nombreux habitants de Bais et de toute la région, ainsi que d’amis venus de plus loin… parmi ceux qui n’avaient pas oublié les services rendus !
Monsieur Heinry avait des qualités qui devaient lui attacher le peuple. Il fut un administrateur actif, intelligent accueillant et sans parti-pris : ses adversaires qui ne furent jamais pour lui des ennemis, avec qui il entretenait les relations, les plus correctes… nous allions dire les plus cardiales, ont reconnu en lui un bon administrateur, et un administrateur, impartial. Il ne passait pas de jour sans travailler longuement avec son secrétaire de mairie, cherchant sans cesse des solutions les plus profitables et les moins onéreuses, sans visiter soit au bourg, soit sur les chemins, les travaux en cours. La commune ne doit-elle pas à sa persévérant sa ténacité 1’embellissement du bourg, la création des nombreux chemins, l’exécution d’importants travaux: d’utilité publique, le bureau de poste un des premiers de la contrée le passage du tramway, le superbe monument aux morts de l’égrise qui fait L’admiration de tous les visiteurs, et sous la crypte duquel il avait rêvé de voir – à l’instar du Soldat inconnu reposant sous l’Arc de Triomphe – un enfant de Bais dormir son dernier sommeil ? L’Administration municipale qu’il connaissait parfaitement était pour lui un souci perpétuel. Il n’était’ jamais longtemps avec un ami, sans parler des questions municipales qui le préoccupaient, cherchant toujours à s’instruire, ou donnant à un collègue des conseils que son intelligence, son expérience et la sûreté de son jugement rendaient particulièrement précieux.
Sa maison. était largement ouverte à tous ceux qui désiraient demander un renseignement à leur sympathique Conseiller d’Arrondissement. Vice président du Comité Agricole de La Guerche, membre actif de la Société Française Pomologique dont il fut l’un des brillants lauréats, et du syndicat des Agriculteurs de France ainsi que de nombreuses Associations Agricoles, Monsieur Heinry n’était pas de ces agriculteurs de parade ses théoriciens que praticiens qui cherchent à profiter financièrement de la culture plutôt qu’à l’encourager et lui demandent trop souvent de leur servir de tremplin électoral.
Lui, il s’occupait d’agriculture parce qu’il aimait le sol, surtout le sol de Bais, sa terre natale, a terre de ses parents, le sol où vivaient ses fermiers qu’il regardait comme ses enfants, le sol qui nourrissait tous les cultivateurs, ses qu’il traitait si fraternellement, avec tant de convivialité, de bienveillance et de générosité. Il cherchait moins à donner des conseils, qu’à donner l’exemple. Il avait tenu malgré sa fortune à exploiter lui-même, travaillant de ses mains et de grand matin : « non pas, disait-il, pour augmenter mes revenus, mais pour montrer aux autres comment s’y prendre et essayer, à mes frais, les méthodes modernes, pour conseiller ensuite l’emploi de celles qui m’ont réussi ››. – « Son faire valoir ›› était une exploitation modèle et il y consacrait une grande partie de son temps que lui laissaient ses préoccupations administratives et le soin de sa fortune.
Le reste de sa vie, il le partageait entre ses nombreux amis, ses collègues, ses relations publiques très étendues ses condisciples, et ses fermiers qu’il allait voir, et qu’il recevait aussi avec un entrain, une gaieté et une franche hospitalité, qui ont touché profondément ceux qui ont eu le bonheur de l’approcher.
A ses grandes qualités naturelles, Monsieur Heinry joignait une foi profonde et agissante. Il était pratiquant, très pieux même, sans forfanterie, mais sans respect humain. Chez lui, la religion n’était pas une attitude intéressé ni une convention nécessaire. Il mettait tous les actes de sa vie en conformité avec ses profondes convictions. Il avait compris que la principale qualité d’un chrétien est la Charité, c’est à dire : l’amour de Dieu et du prochain. Aussi, malgré son ¢caractère naturellement vif, la bonté était-elle sa qualifié dominante. Il était bon, généreux, dévoué envers ses fermiers. Toutes leurs peines matérielles et morales étaient les siennes et il cherchait toujours à les adoucir. Il devinait leurs désirs et, pour peu qu’ils fussent travailleurs, il s’intéressait à leur prospérité et à l’avenir de leurs enfants. Tout particulièrement affable envers les pauvres, les humbles, les déshérités de la vie, il était avec eux d’une bienfaisance aussi large que discrète.
Nul plus que lui n’a soutenu et avec quelles générosité quasi princière ! – toutes les œuvres surtout les œuvres catholiques, non seulement à Bais et dans le canton de la Guerche, mais surtout aussi dans les communes où il possédait des propriétés, Il a construit, de ses seuls deniers, de nombreuses écoles chrétiennes, se chargeant ensuite de leur entretien.
Une vie aussi bien remplie que celle de Monsieur Heinry, son intelligence activité, les qualités d’honneur, de franchise, de droiture et de cordiale simplicité qu’il apportait dans toutes ses relations, son dévouement inlassable pendant la Grande Guerre – malgré son âge avancé – envers les Combattants dont il ne cessa de ranimer le courage, ainsi que l’atteste la volumineuse correspondance qu’il entretenait avec eux, sa généreuse sollicitude envers les veuves et les orphelins, qu’il consola avec une tendresse paternelle, sa délicatesse impartiale envers les cultivateurs frappés par des réquisitions pénibles, qu’il sut adoucir quand les nécessités de la Défense Nationale ne lui semblaient pas en jeu, tout cela dû acquérir à ce bon Serviteur du pays, plus de reconnaissance de la part des Pouvoirs Publics, mais il est modeste, et ne parut pas en souffrir de cet oubli.
La disparition de ce grand Bienfaiteur de la région a profondément peiné tous ceux qui le connaissait aussi, en leur nom, nous offrons à sa famille et à tous ses proches, 1’expression de nos vifs regrets, de nos condoléances les plus attristées et de notre souvenir très ému.
Pierre Pichot, Conseiller général de la Mayenne
Daniel Dahiot – Septembre 2016/2024 – LES AMIS DU PATRIMOINE DE BAIS