UNE FEMME DE LETTRES – ANNE MARIE JEANNE NOUEL DE TOURVILLE DE BUZONNIÈRE

 UNE PETITE GÉNÉALOGIE DES FAMILLES/NOUEL DE

TOURVILLE DE BUZONNIÈRE/LESAGE DE LA HAYE

CIMETIÈRE DE BAIS – CARRÉ DES SOLDATS 1914-1918

LA TOMBE DE PAUL PERCEL


Comme il est raconté par l’abbé Guet, voir la page sur La petite et grande Histoire de Bais, nous voyons bien que d’après les indications transmises entre 1616 et 1734, dans ces dates nous trouvons signalés à peu près les noms de tous ceux qui furent inhumés, soit à l’église, soit au petit cimetière autour de l’église ou, soit au grand cimetière, celui de l’écu.

Ce grand cimetière ne possède pourtant que de très rares anciennes croix antérieures au XVIIIème siècle. Pas de grand caveau des familles comme dans certains cimetières des communes avoisinantes. Nous avons ce grand monument de la famille Lesage de la Haye/ Nouel de Tourville de Buzonnière. A part la sépulture, la pierre tombale en ardoise du curé André Buscher.


Tombeau des familles Lesage de la Haye et Nouël de Tourville de Buzonnière. Tous les ancêtres des Lesage. En bas à droite, emplacement d’Anne de Tourville, au-dessus son père, en bas à gauche sa mère.

Sous le nom d’écrivaine d’Anne de Tourville, elle était la fille de Marie Léon Jean Nouel de Tourville de Buzonnière, né le 15 avril 1875 et de Marie Anna Lesage de la Haye, née au bourg de Bais. Ses parents se marièrent en la mairie de Rennes le 30 novembre 1907. Jean Nouël de Tourville de Buzonnière, est né à Selles-sur-Cher (Loire et Cher), il était alors domicilié à Ferryville (Menzel-Bourguiba) en Tunisie. Né d’un père officier, Lieutenant-colonel d’infanterie. Anne est née le 26 août 1910 au bourg de Bais (Ille-et-Vilaine). Elle était le seconde fille d’une fratrie de cinq enfants. La famille doit quitter sans doute rapidement Bais, sa soeur est née en janvier 1912 à Morieux. Parents déclarés rentiers. Elle a passé son enfance au manoir de Carivan, en Morieux, une maison de notable, puis à la villa « Les Lauriers » à Saint-Servan. Vers 1966, elle s’installe à Dinard d’où elle ne repartira qu’à la fin des années 1990 pour retrouver Bais. Elle y vivra paisiblement jusqu’à sa mort en septembre 2004 chez les enfants d’amis qui l’aidèrent, elle et sa famille pendant la seconde guerre. Elle s’éteint à Vitré en septembre 2004 à l’âge de 94 ans. Elle repose depuis dans l’imposante sépulture familiale du cimetière de Bais.

Elle se destinait à la peinture et a exposé des miniatures au Salon des Artistes Français. Mais dès les années 30, atteinte de troubles oculaires qui l’ont éloigné de cette vocation première, elle s’est tournée vers l’écriture, publiant un premier temps des nouvelles et des chroniques dans diverses revues littéraires.

Anne de TOURVILLE dont l’œuvre est tournée vers la mer et la vie paysanne dans une Bretagne à demie réelle et à demie rêvée, a 34 ans quand elle publie son premier roman Les gens de par ici, qui reçoit, en 1944, le prix Interallié de Bretagne. Elle reçoit en 1951 le prix Femina avec Jabadao. Elle écrit, ensuite, Matelot Gaël, en 1953, et Femmes de la mer, en 1958.

Très attachée aux traditions bretonnes, elle est toujours restée dans la mouvance des Seiz Breur (Sept frères). Ar Seiz Breur est un mouvement artistique de l’entre-deux guerres (1923-1947), créé par un groupe d’artistes bretons et inspiré par le courant des Arts décoratifs, contemporain des Arts & Crafts en Angleterre et du Bauhaus allemand. Ce mouvement a posé les jalons d’une esthétique contemporaine mettant en avant la culture et la langue bretonne.

Si ses romans (Jabadao, Matelot Gaël) ont pour cadre la Bretagne, cette femme sédentaire élargit son horizon dans d’autres œuvres comme Femmes de la Mer, qui réunit des biographies de femmes pirates et corsaires de toute époque et toute condition retraçant leurs aventures sur les mers du monde, de la Scandinavie à la Chine en passant par l’Angleterre. Dans Les gens de par ici, l’auteur dépeint les gens de son pays, la côte nord de la Bretagne. Vous les suivrez sur mer, de Chine au Cap Horn, de Saint-Pierre-et-Miquelon à Guyaquil. Vous apprendrez à les connaître en les voyant vivre et agir. Vous découvrirez leur attitude devant la vie, l’amitié, l’amour, le malheur et la mort.

Jabadao doit être relu pour son intemporalité et son universalité comme lieu de mémoire d’une Bretagne à la fois traditionnelle et légendaire.

SON ŒUVRE :

  • Les gens de par ici, Paris, Librairie Stock, 1944, 196 p. (Prix interallié de Bretagne)
  • Jabadao, 1951, Paris, Librairie Stock, 1951, 280 p. (Prix Femina)
  • Matelot Gaël, Paris, Librairie Stock, 1953, 280 p.
  • Femmes de la mer, Paris, Le livre contemporain, coll. « Visages de l’aventure », 1958, 248 p.

A l’occasion des 20 ans de sa disparition, les éditions Goater rééditent le livre qui lui a valu le prix Femina en 1951 dans une nouvelle collection de poche, Les UniversElles :

Anne de Tourville, un écrivain à redécouvrir.

Retrouver son œuvre dans les bibliothèques du réseau ARLÉANE.

Sources : Les Ensablés, 11/11/2024 ; M-Ch. Biet (ss dir.), Balade en Bretagne Nord, sur les pas des écrivains, éd. Alexandrines, 2013, p. 86-95.


Une petite généalogie des familles. Marie Léon Jean Nouël de Tourville de Buzonnière, né 1875. Il était le fils d’Édouard Octave Nouel de Tourville de Buzonnière (1840-1921- Orléans). Il n’avait qu’un frère Louis Marie Raymond, né en 1883. Marie Anna Lesage de la Haye, était la fille d’Aristide Antoine Baptiste Hyacinthe Lesage de la Haye, né en 1836 à Bais. Une branche plus haute avec Aristide Marie Hyacinthe, né en 1809 à Marcillé-Robert. Puis Alexandre Emmanuel Jean Baptiste Marie Victorien, né en 1781 à Marcillé-Robert. Jean Emmanuel Élisabeth, né en 1750 toujours à Marcillé-Robert. Et le dernier Jean Baptiste, né à Louvigné-de-Bais selon l’arbre généalogique présent sur Geneweb.

Selon l’acte de mariage de Marie Léon Jean et de Marie Anna fait à Rennes en 1907, elle demeure Place de Bretagne à Rennes. Les témoins signants le frère de la mariée, Aristide Charles Joseph (né à Bais en 1880), demeurant à Ferryville (Menzel-Bourguiba) en Tunisie. Sa mère, née Céline Léontine Bertin. M. Charles, Henry, Constant de Brossard, Lieuteant de Vaisseau, domicilié à Toulon. Et d’Arsitide, Charles, Eugène Bertin, Colonel Commandant le 24ème Régiment d’Infanterie Coloniale, demeurant à Perpignan et oncle de Marie Anna. Son frère Aristide Charles Joseph, il était de la classe 1900, selon son registre matricule, il était stagiaire en agriculture, il a été affecté comme jeune soldat appelé au 4ème Régiment de Chasseurs d’Afrique. Chasseur de 2ème classe, Brigadier en 1902. Campagnes en Tunisie. En octobre 1907, il se trouve au château de Castillan à Vannes. Il est rappelé à l’activité par ordre de mobilisation générale du 2 août 1914. Arrivé au corps le 3 août 1914. Embarqué pour l’Armée d’Orient en 1915. Rapatrié en 1916. Rejoint le dépôt de Tunis. Dirigé sur le Sud Tunisien, en décembre 1916. Rejoint le dépôt de Tunis. Quitte le Sud Tunisien en juillet 1917. Passé à la 4ème compagnie de Remonte en 1917 à Tebourba. Démobilisé le7 février 1919. Se retire à Ferreyville. Tunisie.

Dans cette fratrie il y a un second frère, né le 14 août 1881, Léon Théodule Arsène, il ne possède pas de registre militaire à son nom dans la subdivision militaire de Vitré, mais pour celle de Rennes. De la classe 1901, sa fiche indique qu’il est étudiant et demeurant à Brest. Entré comme engagé volontaire pour une durée de 4 ans à la mairie de Vitré le 21 août 1901. Arrivé au 6ème Régiment d’infanterie Coloniale. Soldat de 1ère classe en mars 1902. Caporal en septembre 1902. Caporal fourrier en septembre 1903. Passé au 6ème de Coloniale en juillet 1905. Envoyé en congé en août 1905. Campagnes du Sénégal du 6 octobre 1903 au 15 juillet 1905. En septembre 1905 habite à Ferryville. Mobilisé au 4ème Groupe d’Artillerie de Campagne d’Afrique. Classe au bataillon Territorial en janvier 1915. Dispense de 4 ans. Changement de domicile à Casablanca au Maroc en février 1918. Passé à la Compagnie des mobilisés de Mazagan. Nommé sergent major en mai 1918. Nommé adjudant en avril 1918. Démobilisé en avril 1919, se retire à Casablanca. Dégagé de toutes obligations militaires en novembre 1929, mais il est rappelé à l’activité le 5 septembre 1939 et affecté à Rennes à la 4ème S.I.M (section d’infirmiers militaires) G SD 20, mais démobilisé en juillet 1940 à Toulouse. Campagnes du Sénégal en paix. Guerre du Tagant en Mauritanie en 1904. Troupes du Maroc occident en guerre 1918/1919. Décoré de la médaille Coloniale avec agrafe Maroc. De la médaille Coloniale avec agrafe Afrique Occidentale française.

Selon l’arbre généalogique ce frère est décédé en 1949 à Casablaca au Maroc. Marié en septembre 1906 à Orléans il est colon habitant lui aussi à Ferryville. Un premier fils va naitre en 1907 à Oued Tinja, Tunisie. Ce fils Henri va se marier en 1937 en la Chapelle Notre Dame de Carcraon (Chapelle Notre-Dame-de-la-Délivrance et Saint-Maimboeuf, Carcraon à Domalain). Henri sera un Commandant Marine Marchande, il et décédé en 1986 à Angers. Cette famille est étonnante, il y a un second frère à Henri, Alexandre né en 1908, il sera un prêtre eudiste et professeur très érudit de Lettres classiques (Français, Latin et grec) au Lycée Saint Martin de Rennes.

Le père d’Anne de Tourville, était enregistré dans son registre matricule sous le nom de Marie Nouel de Buzonnière, (rectification faite dans l’acte de mariage ; Marie Léon Jean Nouël de Tourville de Buzonnière). De la classe 1895. Alors élève à l’école Notre-Dame Saint-Sigisbert à Nancy (Meurthe et Moselle). Pour son service militaire, il a été affecté au 37ème Régiment d’Artillerie à à Bourges en octobre 1896 comme 2ème Cannonier, puis passe brigadier en 1897, Maréchal des Logis en 1898. Envoyé en disponibilité en septembre 1899. Blessé en service commandé à un genou gauche. En voyage dans l’Archipel des Comores en juillet 1900, puis à Mohéli à Madagascar. Il rentre à Blois en juin 1901. En octobre 1902, il est à Sidi-Tobet (Tunis). En 1904, il est domicilié à Tunis et passé à la colonie de Madagascar.. Rentre à Blois en octobre 1904. Il est nommé sous-lieutenant de réserve au 6ème Régiment d’Artillerie jusqu’en 1906. Rentre à Bais le 16 juin 1910. Puis se trouve demeurer à Morieux le 8 décembre 1912 à mars 1913. Se trouve le 3 août 1914, appellé et affecté au 50ème Régiment Artillerie de Campagne. Atteint d’arthrite chronique est passé par la réforme de Rennes le 12 avril 1915. Il est rappelé au 48ème Régiment d’Infanterie le 7 février 1916. Réforme de Guigamp en février 1916. Nommé adjudant en avril 1916. Passé à la subsistance en septembre 1917. Et affecté au dépôt en février 1918. En congé illimité de démobilisation en janvier 1919. Se retire à Saint-Servan.

Nous constatons alors que d’après ce récit plus haut, les parents d’Anne de Tourville se sont très certainement rencontrés, alors que son père était installé comme agriculteur éleveur en Tunisie, il se trouvait en même temps que son futur beau-frère Aristide Charles Joseph et Léon Théodule Arsène en Tunisie.


Décoration du mérite agricole. Grade de chevalier. (Journal officiel de la république française, 22 octobre 1910, p. 8677.) Nouël de Buzonnière (Marie-Léon-Jean), agriculteur éleveur à Oued-Tuidja Tindja ou voir plus haut Oued Tinja (contrôle de Bizerte) (Tunisie). Marie Léon devait sans doute être diplômé d’une école d’ingénieur en agronomie.


Selon le registre des délibérations du conseil municipal de Bais en date de mars 1921. Selon l’article 106 de la loi des finances di 31 juillet 1920 des familles de Bais et ont demandé la restitution et le transfert des restes des militaires qui ont été identifiés, morts pendant la Grande Guerre, et il demande au conseil s’il serait d’avis de réserver dans le cimetière une concession perpétuelle pour recevoir les restes des militaires lorsque les familles le demandent.

Le 2 mai 1921, le conseil municipal approuve la construction du dit monument dans le cimetière. Par contre il est impossible de retrouver une délibération informant la construction du monument par un entrepreneur quelconque.

Ce monument date de l’année 1921. Le jour de la Toussaint, le 2 novembre au soir, arrive en gare de Bais, le cercueil d’Alfred Gendron, décédé à l’hôpital de Charleroi le 5 octobre 1914. Le 30 janvier 1922, au soir, est arrivé en gare de Bais, le corps du deuxième soldat du front, M. Joseph Prod’homme. Le 20 avril 1922, l’enterrement du soldat Louis Mahé. Le 19 juin, le retour du corps de Jean Marie Gallier, tué à Nistch en Serbie, il fut enterré le 21 ; le second corps, Louis Georgeault, il est arrivé le 6 juillet, il fut conduit chez sa tante au Bourg-Saint-Pair. Puis enterré le 7.


Dans le grand cimetière de l’Écu, il y a la sépulture d’un soldat de 14/18. Il s’agit de LEVEIL Jules Emile qui fut inhumé dans le caveau familial. Ce dernier est surmonté d’une colonne tronquée. Brisée en son extrémité, elle symbolise la vie trop tôt écourtée. Mort prématurément, Jules fut fauché en pleine jeunesse à 20 ans. »


1 R 1920 – Subdivision militaire de Vitré. Volume 1, numéros matricules 1-502.
http://archives.culture41.fr/ark:/57457/vta538487b4f1b07/daogrp/0/1002
3E – Etat civil – Registre des mariages de Rennes.
Vicomte Louis Marie « Raymond » – 1883, décédé à Bourges en 1924
L’école Saint Sigisbert. L’Ecole Saint Sigisbert est née en 1846, avec l’ouverture de 3 classes de primaire. En 1867, les Jésuites, alors propriétaires du 19 Cours Léopold, firent construire une chapelle. En 1873, l’établissement comportait une école élémentaire, un collège et un lycée, complétés par des classes préparatoires aux grandes écoles qui seront fermées en 1928.
Mérite agricole en Tunisie. Entreprises coloniales françaises
Chevalier de l’Ordre du Mérite Agricole
1 R 1929 – Subdivision militaire de Rennes. Volume 6, numéros matricules 2501-2823. Classe 1901.

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