Premièrement Prêtre et Religieux à Rennes, puis Evesque d’Avranches le 16 avril. Saint Paterne, que le vulgaire appelle Poix, prit sa naissance d’une famille illustre à cause de sa Noblesse, et qui avait eu le mal des affaires Civiles et Politiques. Dès sa jeunesse il quitta ses parc retira en un Monastère, dit en Latin Enixionensis, pour s’adonner à de Dieu, et y prit l’habit de Religieux ; l’Abbé voyant la grande prudence de lui donna la charge de la maison en qualité de Dépensier et Procureur, en savoir que sa grande sagesse et prévoyance serait un jour capable de manier des de plus grande importance. Ce saint, désireux d’une vie plus solitaire, prit comme Abbé, sortit de son Abbaye avec un autre Religieux nommé Scabilio à dessein en une Isle propre à leur dessein; ils avancent vers le pays de Constantin, Coutances, sans porter avec eux autre chose que le Psautier : poursuivant leur et cherchant lieu propre pour leur dessein, un saint homme, noble et craigna les pria de rester en ce pays de Constantin, afin que par leur vie exemplaire, et conversations, ils pussent convertir plusieurs idolâtres, qui étaient en un lieu Seiscy; quand ils entendirent qu’il y allait de la Gloire de Dieu, il y allait se retirer dans une caverne proche. Un jour, comme ces idolâtres célébraient leurs Bacbanales, ces deux saints s’y transportèrent, pour avertir ce peuple abusé, de leur folie, leur enseignants le chemin du Ciel, et que les Dieux qu’ils adoraient n’entaient que des fantômes. Ces misérables Païens n’en tinrent compte ; pour lors ces deux saints animés d’un saint zèle, renversèrent leur sacrifice, exposants ainsi leur vie pour l’intérêt de Jésus-Christ. Ces barbares, quoi qu’en grand nombre, n’osèrent néanmoins en prendre vengeance, ayants été saisis de crainte et frayeur extraordinaire ; une femme impudente osa bien faire quelque insolence pour leur faire honte, mais elle fut punie rigoureusement : car elle devint tout couverte d’ulcères, dont ne pouvant être guérie, elle eut recours aux Saints, qui lui obtinrent la santé. Il fut charitable envers les pauvres, car n’ayant que la moitié d’un pain, il le donna à un pauvre, de quoi se fâchant son compagnon, étant pressé de faim, il lui dit qu’il fallait avoir espérance en la Providence divine, et au même temps un homme nommé Vuithec, qui s’était joint avec eux, leur apporta quantité de vivres, et comme ils n’avaient d’eau à boire, saint Paterne planta son bâton en terre, et, ayant fini sa prière il sortit une belle fontaine du lieu d’où il l’arracha. Le bruit de ses vertus s’entendait bien loin, parvint jusque à son Abbé qui le visita, et voyant tant de vertu en ce saint qui n’avait qu’un peu de pain et d’eau, avec quelques herbes pour vivre, n’avait pour couche que la terre, et ne donnait aucun repos à son corps, il le recommanda à l’Evesque Lucian, qui lui conféra les Ordres sacrez, et le fit Prêtre. Paterne se voyant honoré d’une si haute dignité, s’employa tout de bon à l’exercice que requiert cette charge, et prêcha généreusement la parole de Dieu, par l’efficace de ses prédications il convertit ce peuple, et le Temple de Seiscg, si fameux, ne servait plus que d’une étable. Il récent quantité de Religieux, fonda plusieurs Monastères à Coutances, Bayeux, le Mans, Evreux, et à Rennes en Bretagne, pour la raison que je vais dire.

II. Saint Amand, Evesque de Rennes, se voyant prêt de quitter cette vie pour aller au Ciel, nomma S. Melaine pour son successeur, qui étant élevé au gouvernement de l’Église de Rennes, faisait en tout la charge d’un bon Pasteur; son emploi était la Prédication, l’administration des Sacrements, la consolation des affligés, et autres choses que la charité, et le devoir de sa charge lui faisaient juger nécessaires ; il était très soigneux de faire observer les Saints Canons, et avait en singulière recommandation de pourvoir les Cures vaquantes à des gens de bien, doctes et pieux, qu’il était obligé de faire venir d’ailleurs, et qu’il faisait sortir des Convents, pour leur Caire prendre le soin des Âmes. Or, afin d’en avoir à main, dont il se put servir à la nécessité, et qu’il pût employer avec lui au salut des Âmes ; il résolut de bâtir un Convent en la ville de Rennes, pour ce situer ; et comme il connaissait la vertu de saint Paterne singulière, à que tous ses Convents étaient autant de pépinières d’où il sortait quasi autant de Saints, qu’il y avait de Religieux, il le pria de venir prendre le gouvernement de ce nouveau Monastère. Le Saint obéit, et se transporte incontinent à Rennes, au grand contentement de L’Evesque à des gens de bien, il prend charge de ce nouveau Convent, qui produit incontinent une grande quantité de gens signalez en sainteté et doctrine. Ce fut en ce lieu qu’il mit toutes ses vertus en action, les personnes pieuses et zélées pour toutes les vertus peuvent plus facilement se représenter ses actions en cette charge, qu’aucune plume ne serait les décrire se voit obligé de former ses Religieux, et les instruire, tant à la science qu’à la piété, à quoi il n y a rien de si efficace que le bon exemple, particulièrement d’un Supérieur, qui tout le premier met à exécution ce qu’à ordonne aux autres, librement des affligés. Il y avait une bourgeoise, de Rennes, qui était devenu muette, le Saint en eut pitié, et lui oignant les lèvres d’huile bénite, il lui redonna 1a parole, et la délivra de son infirmité, qui lui fut un grand sujet de rendre grâces à Dieu qui avait opéré ce Miracle en sa personne, par les mérites de son Saint. Il dénoua la langue encore à une autre muette, et fit plusieurs autres Miracles. Il rendit aussi 1a santé à une fille en la ville d’Evreux, qui avait les mains arides. Il guérit encore Paris où il fut mandé par le Roi Childebert qui le voulut voir à cause du récit que lui avait fait de ses rares vertus, un jeune enfant, nommé Mileno, qui était tellement saisi du venin d’un serpent, qui l’avait piqué, qu’on n’en attendait que la mort ; le Saint fit le signe de la Croix et l’oignit d’huile bénite, après quoi il se trouva sain et dispos ; il y a, à Paris, une Église bâtie en son nom, au même lieu qu’il opéra le Miracle, chassa le diable des corps de plusieurs, et guérit de plusieurs autres maladies. Pendant qu’il faisait sa charge d’Abbé, l’Évêché d’Avranches vaqua, au gouvernement duquel il fut élevé tant à la prière du Roi que du peuple. Il était pour lors âgé de 70 ans. Cette nouvelle Dignité augmenta encore ses soins, et son zèle, il commença à rétabli les anciennes Églises, à en bâtir de nouvelles, nourrir les pauvres, enseigner son peuple, se rendant admirable en toutes ses actions. Enfin ayant gouverné l’Église d’Avranches l’espace de 13 ans, le lendemain de Pâques, il tomba en une forte maladie qui affaiblissant les forces de son corps, délivra son Âme de la prison qui la retenait pour la mettre en possession du Royaume, qu’il y avait si longtemps qu’il acquerrait L’Evesque Lauto célébra ses funérailles et miraculeusement se trouva avec un autre Evesque nommé Lautius qui célébrait aussi celles de son compagnon Scubilio, qui était mort au même temps que lui, en un autre lieu bien éloigné, ces deux bons Evesque inhumèrent ces deux Corps saints en une même Église, Dieu ne voulant pas les séparer l’un de l’autre à cause de la grande conformité qui s’était trouvée en leurs esprits volontés.

III. Il faut remarquer qu’il y a deux Saints, qui ont porté le nom de Paterne, à savoir celui-ci dont nous décrivons la Vie, et un autre qui a été le VII Evesque de Vannes : Et quoi que quelques uns pourraient croire, que ce n’est qu’un même, attendu que l’Église de Vannes, et celle de l’Avranches célèbrent à même jour la Fête de S. Paterne et que la légende de Bretagne s’accorde avec les autres, en ce que celui qui a est Evesque de Vannes, a pris auparavant l’habit de Religieux d’un Abbé nommé Défenseur ce que les autres disent de celui qui a gouverné l’Église d’Avranches ; mais celle de Bretagne ne s’accorde avec les autres pour le lieu de sa naissance, attendu que les autres disent qu’il avait pris naissance à Poitiers, et la notre dit en notre Pays de Bretagne. On peut encore accorder attendu que celle de Bretagne dit que son Père était de Poitiers, qui s’étant venu marier en Bretagne, y demeura avec sa femme, et ainsi la légende de Bretagne a raison de dire, qu’il y a pris naissance, au contraire les autres considérant le pays natal de son Père, ont mieux aimé dire que ce fut à Poitiers jusque ici on les peut facilement entendre d’un seul : mais je n’en a rencontré aucun qui dise que celui dont nous décrivons la Vie ait été en Angleterre, n’y qu’il ait jamais passé la mer, n’y qu’il ait été Evesque de Vannes. Au contraire, tous les Romains particulièrement celle de Monsieur Benoist, Curé de St. Eustache, Docteur et Lecteur de Sorbonne, et de Monsieur Gazet, Chanoine d’Aire et Curé de la Magdeleine à Aras; qui ont écrit sa vie plus au long, disent expressément qu’il s’en alla au territoire à Coutances, en Normandie, où il fut jusque à ce que St. Melaine l’appela à Rennes et ne dit pas qu’il peut aller à Avranches lors qu’il quitta son Évêché étant persécuté de ses Religieux, car lorsqu’il fut appelle au Siège Épiscopal d’Avranches, il était Abbé comme l’attestent les susdits Benoist et Gazet. Enfin ne tenant n’y l’affirmative n’y la négative je, laisse la décision aux lecteurs judicieux. Que fit cette même Bretagne et spécialement la ville de Rennes, a encore vu plus grand sujet de dévotion et respect envers ce grand Saint qui l’a voulut avant avantageusement favoriser de ses soins.


Cette vie a été recueillie par Mr. Julien Nicole Presire, des honneurs du dits bréviaire D’Avranches et de la légende de Bretagne, en la vie de Saint Melaine le 6 novembre et de quelques autres.Source documentation : La vie, gestes, mort et miracles des Saints de la Bretagne Armorique. Albert Le Grand. 1659.


 Daniel Dahiot – Septembre 2016/2024 – LES AMIS DU PATRIMOINE DE BAIS

Retour en haut