LES MIRACLES DES FOUGÈRES
Dans son livre, l’abbé Raison raconte que dans l’hagiographie populaire en Bretagne, la malédiction des plantes est un thème souvent utilisé. M. Crublet, de son côté, dans sa plaquette de 1943, donne la double version du miracle des fougères.
Saint Marse au lieu de récolter de la fougère fraîche pour le troupeau, comme lui avait demandé sa mère, il aurait aidé une pauvre vielle à ramasser du bois. Cette désobéissance lui aurait valu une sévère correction. Mais Marse aurait miraculeusement fait apparaître une litière de fougère fraîche dans l’étable et depuis ce jour, jamais plus cette plante envahissante n’aurait poussé dans le champ.
Voici un second récit, plus vraisemblable que le premier : récit du livre de l’abbé Crublet, saint Mars, alors ermite, vit une femme qui travaillait, un dimanche, à enlever les fougères qui pullulaient dans son champ. Il la pria doucement de cesser ce travail prohibé et d’aller à la messe. Il sera toujours temps de sarcler le champ. La femme obéit. Quand elle revint, toutes les fougères avaient disparues, et elles ne repoussèrent plus dans son enclos. Ce champ, appelé « La Higuette », (non Chemin de la hillette, parcelle n° 91, Section de Teillais-C1) situé dans la ferme de la Boisselière, demeure préservé des fougères jusqu’à maintenant, alors que cette plante parasite infecte les environs.
L’abbé Raison, un des recteurs de la paroisse d’Arbrissel, a consigné dans un cahier manuscrit en 1861, des renseignements aussi complet que possible sur l’histoire de sa paroisse. Cela venait d’une demande formulée par Monseigneur Saint-Marc dans une lettre circulaire, demandant de récolter des renseignements aussi complet que possible sur l’histoire des paroisses du diocèse.
L’abbé Raison a donc consigné le miracle des fougères, événements arrivés en la paroisse de celui qui fut appelé le Bienheureux Robert d’Arbrissel, il était alors un jeune enfant, le jeune Robert ne pouvait pas voir quelqu’un travailler le dimanche, croisant une femme qui ramassait de la fougère, en allant à la messe, il a gronda, puis il pria et toute la fougère disparut.
Un auteur l’abbé François Duine en rapporte une autre version. Dans la paroisse d’Arbrissel, il est un champ qui ne porte pas de fougères, chose rare dans le pays. Cependant au temps du Bienheureux Robert d’Arbrissel, il y en avait à cet endroit, disent les bonnes gens, et même beaucoup plus qu’ailleurs, si bien que la fermière ne se gênait pas pour la couper le dimanche. Eh ! quoi s’écria le saint, vous violer le jour du Seigneur ! hélas Monsieur Robert, j’en ai regret, mais les six jours de la semaine ne suffisent pas pour détruire cette plante. Voyons si vous me promettez d’observer les commandements, la fougère ne vous ambarasse plus. La paysanne jura d’être fidèle à la loi du Seigneur et depuis son champ fut délivré de la mauvaise herbe.
Toujours d’après l’abbé Raison, la malédiction de cette fougère, nous la retrouvons dans une autre histoire, une tradition très vivace survenue à Saint Didier, à propos de Saint Golven qui lui aussi maudissant la fougère, dont sa tige était coupante et qui l’avait blessé un jour au pied. Depuis ce jour là dans le champ de St Golven, la fougère ne pousse plus.
Pour conclure ce chapitre sur le miracle des fougères, avec différentes histoires qui semble être bien connues dans l’hagiographie populaire de la région, l’abbé Guet semble avoir puisé chez ses confrères et en avoir fait une mouture pour le saint local Mars, un saint voué à de multiples miracles, comme pour la source miraculeuse.
LE MIRACLE DES OISEAUX
Le manuscrit de l’abbé Raison nous a conservé une autre tradition locale. « Dès sa plus tendre enfance, Robert se distingua par sa piété, sa modestie et sa candeur. Il allait assister tous les jours i la messe. Un matin, sa mère le chargea de chasser les oiseaux qui dévoraient le grain de
l’un de leurs champs. Robert se rendit au lieu indiqué et dit aux oiseaux « Il faut que j’aille à la messe au nom de Jésus, que je vais adorer, entrez dans la grange. » Ceux-ci obéirent. Ayant fermé la porte, il se rendit à l’église. Au retour, sa mère parla de le corriger, mais lui, ouvrant la porte de la grange s’écria « Regarda, les oiseaux sont tous là. » Puis, leur rendant la liberté « Allez maintenant, petits obéissants. », et les oisillons captifs s’envolèrent.
Abbé RAISON – Souvenirs, culte et reliques du Bienheureux Robert d’Arbrissel
Abbé François Duine – La légende Dorée de la Haute Bretagne
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