SAINT-MARS DE BAIS
INTRODUCTION
Comme nous l’avons annoncé dans la page La Paroisse de Bais, en guise d’introduction. A propos de Saint Mars, nous allons publier le travail de l’abbé Guet, de son petit livret sur Saint Mars, patron de Bais, archidiocèse de Rennes : sa vie, son épiscopat, histoire de ses reliques. Histoire de ce saint reprit par le chanoine Jean-Baptiste Russon, à partir du travail de l’abbé Guet. Un dernier curé va reprendre le travail, un copier-coller du livret du curé Guet, le Chanoine Augustin Crublet. Histoire illustrée de saint Marse, évêque de Nantes, 1945.
Nous terminerons cette page par les miracles, inventés par l’abbé Guet et Crublet.
Le personnage de Saint Mars de Bais, semble laisser dans l’histoire une grande zone d’ombre, était il l’évêque de Nantes comme prétendu ou un simple prêtre ou ermite. Pour rester impartial dans les recherches, nous publions intégralement les textes du chanoine, Jean-Baptiste RUSSON.
Saint Mars ayant fait couler beaucoup d’encre depuis le 19ème siècle, voir des siècles avant. Les trois vitae Melanii des Bollandistes. Bibliotheca Hagiographica Latina antiquae et mediae aetatis (1900-1901) (abrégé BHL). L’abbé Duine dans son « Mémento ». Puis Duine François Marie, 4243. 1870. Bréviaires et missels des églises et abbayes bretonnes de France.
Saint Mars, patron de Bais, archidiocèse de Rennes, sa vie, son épiscopat, histoire de ses reliques, par l’abbé Jean Marie Guet. Publication de 1884. De nombreuses erreurs subsistent dans ce livre notamment le plaçant comme saint patron des communes comme Saint Mars la Jaille etc.
Il faut remonter au IVème siècle pour trouver le cinquième évêque de Nantes portant le nom de Martius.
(1)On a pu supposer que, quasiment homonyme de Marcius, le saint Marsus ou Marcius de Bais exerça en fait son ministère de 527 à 531 et que, ayant renoncé à sa charge pour aller terminer sa vie en ermite, son nom n’a pas été retenu dans les registres épiscopaux. Mais cette hypothèse ne lève pas toutes les incertitudes. Deux personnages distincts – l’évêque et l’ermite – n’auraient-ils pas fusionné dans la mémoire collective ?
Toutes les parcelles du cadastre napoléonien sont nommées sous le nom de Saint Marc ou Marcé et aucune sous le nom de Saint Mars, voir à l’origine le nom de Marcius ? ou réellement appelé Mars, en référence au culte de Mars présent à Bais avec la découverte lors des fouilles du bourg Saint Pair, d’un temple dédié à Mars Mullo.
Ce Mars ou appelé Marc vers le 12ème siècle, était il réellement né à Bais, adepte du culte païen de Mars, devenu chrétien, dans une région admistrée par Saint Melaine dont Mars fut bâptisé par lui même. Le saint patron de la paroisse de Bais au VIème siècle était Saint Pair ou Saint Paterne, qui fut évêque d’Avranches par la suite. Saint Mars est il une mauvaise évolution phonétique du latin vers le Français, comme pour Saint Médard, voir plus bas.
Restons sur le personnage de Saint Mars pour le nom, fut il le premier prêtre de la nouvelle paroisse de Bais au VIème siècle ? Ou un simple un ermite, puis durant les siècles suivant sa mort, survint des erreurs, un amalgame de croyances, de souvenirs mélangés, la légende de plusieurs personnages modifiant la véritable histoire de Bais…
L’ermite de Bais ayant vécu à la même période, dans les mêmes années de la vie du Saint Paterne. Cela nous rappele l’histoire lié à Saint Paterne, il planta son bâton en terre, et, ayant fini sa prière il sortit une belle fontaine du lieu d’où il l’arracha. A Bais les habitants devaient invoquer Saint Mars pour faire tomber la pluie en période de sécheresse. Cela nous rappelle aussi Saint-Médard.
Les quelques lignes qui suivent proviennent d’un registre de la paroisse de Bais : Registre de la Paroisse de Baye où sont reportés ses traditions, ses usages, ses privilèges et les faits qui l’intéressent particulièrement.
La paroisse de Baye dans l’évêché de Rennes, 4000 ames. D’abord succursale fut érigée en cure de seconde classe, par sa majesté Charles X, Ordonnance du 24 jour de mars 1825. La paroisse de Baye a d’abord eu pour Saint patron, Saint Paterne dans la dite paroisse, au commencement du sixième siècle. Et ensuite Saint Marse, né au village de Marsé. Les uns en font un ermite, les autres un prêtre, d’autres et en plus grand nombre, le font évêque de Nantes. Dans le commencement, on en faisait l’office comme d’un confesseur non pontife dans la Collégiale de Vitré, où reposait son corps ; on suivit ensuite l’exemple de Baye et des autres églises en honorant comme pontife.
C’est donc beaucoup plus tard après le transfert dans le cours de l’année 1427. Que le baron de Vitré demanda ce que c’était ; on lui dit que là reposait le corps de saint Mars, ermite de Bais du VIème siècle. En 1427 Mars était bien un saint ermite et non pas evêque. Il faut attendre très certainement l’agrandissement de l’église au 19ème siècle pour le nommer evêque de Nantes. Au XIIème siècle, ce prieuré cure était administré par les soeurs de Saint Sulpice, il avait pour nom ; paroisse de Baeisco, quand à l’ancien prieuré du bourg antique de Saint Pair, la chapelle Saint Pierre était admistrée par l’abbaye de Saint Melaine.
Au XIIème siècle, Robert III de Vitré dans les premiers textes connus qui mentionne l’église dans le bourg primitif de Bais en employant le terme de « platea« , mais ne parlant pas du saint patron de cette nouvelle église. Détail et interrogation importante de noté dans le dossier de l’INRAP. Sans doute normal à cette époque, ce nouveau prieuré cure tenu par les soeurs de St Sulpice est venu s’intaller dans une paroisse déjà existante, elle conservait donc son saint patron fondateur Saint Pair.Bais était une commune au sens propre de son existance, la chapelle saint Pierre subsiste jusqu’au XVIIème siècle. Au XVIIème siècle dans le Cartulaire de l’abbaye de Saint Sulpice. 1164, approbation de Robert de Vitré pour un don touchant la dîme de Bais. Idem pour XVIIème siècle. Dans le Cartulaire de l’abbaye de Saint Sulpice, il est toujours noté pour la paroisse de Baysco(6)).
Que savons nous de ce saint Marc, si nous nous référons à ce nom de Marc. Nous avons Marc l’Évangéliste (Ier siècle). Nous lui devons au moins 9 communes portant ce nom. En Ille & Vilaine, nous avons la commune de Saint-Marc-sur-Couesnon et Saint-Marc-le-Blanc, pour cette dernière son nom d’origine devait être, Saint Médard d’Aubigné en faisant référence à l’église Saint-Médard.
Si nous devons regarder du coté du Saint Marcilius, nous le trouvons porté par plusieurs communes, la plus proche de nous étant Marcillé Robert. Marcillé-la-Ville. Ce saint serait issu d’un anthroponyme roman Marcilius.
Quoi il en soit, nous savons bien que le personnage de Saint Marc, Marcius ou Mars a bel et bien existé à Bais. Nous en trouvons trace dans le cadastre napoléonien, pas moins de 39 parcelles en portent le nom de Marcé.
Plan dans le bourg Bourg-H1
Plan du village de Marcé avec les deux sections, la chapelle se trouve aujourd’hui placée entre les parcelles n° 654 et 655
Qu’il est été évêque de Nantes cela est une autre histoire, une thèse qui se trouve réfutée par plusieurs historiens(5). Un simple prêtre devenu un ermite par la suite, mort au village qui est devenu par la suite celui de Marcé, sans aucun doute, né en ce lieu, peut être ? ou pas, la tradition orale le dit.
Devons nous nous attarder sur l’orthographe réelle du saint, à l’époque Romaine ou Gallo-romaine, Marcius, Martius, était dérivé de la même origine, ainsi qu mars. Dans la mythologie romaine, Mars est le dieu de la guerre.
Les adjectifs latins dérivés du nom du dieu Mars et signifiant « de Mars, relatif à Mars » sont martius, sur lequel fut formé le nom du mois de Mars, Martius ; et martialis, dont provient par emprunt savant le français martial. Les anthroponymes tels que Martin et Marc représentent également d’anciens dérivés latins du nom de Mars, Mart-inus et Marcus < Mart-(i)cus « dédié / consacré à Mars(8).
Le cas de Saint-Mars.(6), page 441 J. Baudry(2) a montré que le patron de Saint-Mars-la-Jaille était bien Saint-Médard, mais que le territoire de la commune s’appelait dès l’origine « terre de Mars » avant l’édification de la paroisse. L’auteur évoque l’éventuel héritage d’un marz celtique (frontière), ou encore une forme ancienne de « marais », mais privilégie de loin l’hypothèse d’une rémanence d’un ancien lieu de culte païen au dieu Mars. A l’appui de cette idée, J. Baudry montre que la déformation phonétique de « saint Médard » en « saint Mars » dans le langage populaire s’est opérée au plus tard au VIIIème siècle. Les deux noms s’équivalaient donc dès la fondation des dédicaces, si bien que bien des églises dédiées à Saint-Médard étaient dès leur origine nommée Saint-Mars par le peuple. Dès lors, la christianisation d’un culte païen au dieu Mars trouvait une excellente occasion dans l’homophonie de ce dernier avec la prononciation populaire associée à Saint Médard. Dans le cas de Saint-Mars-la-Jaille, la chronologie toponymique illustre parfaitement ce mouvement d’un territoire associé primitivement à Mars puis reconverti en invocation au saint chrétien qui lui était homophone dans le parler populaire. Au crédit de cette hypothèse, nous ajouterons que la très grande majorité des communes dont le nom est un composé de « saint Mars » prend place au sein d’une vaste région s’étendant entre Rennes, Le Mans et Nantes, c’est-à-dire une zone où le culte du dieu Mars Mullo est aujourd’hui bien attesté et dans laquelle Bais figure. Dans ce dernier cas, le culte païen aurait par la suite été christianisé non pas en son homophone saint Médard, mais aurait mis à profit les sonorités de la légende locale, en utilisant le patronyme de Martius.
Si nous lisons le passage du chanoine JB Rosson sur le nom de Marsus, nous vous laissons lire le texte, cela traduit très bien la véritable histoire du saint mars. Son nom de Marsus, au surplus, nom essentiellement païen, nous prouve que sa famille n’était pas chrétienne.
Les saints sont des hommes ou des femmes, distingués par différentes religions pour leur élévation spirituelle et proposés aux croyants comme modèles de vie en raison d’un trait de personnalité ou d’un comportement réputé exemplaire.
Et, en effet, nos livres liturgiques affirment tous qu’il fut baptisé par saint Melaine, si vous lisez la vie de saint Melaine tiré de ce vieux livre, quelques mots de la langue françoise, subsitent encore dans le texte. La vie du saint Paterne est aussi raconté dans ce document.
Nous sommes au VIème siècle, avec Clovis, le premier roi chrétien du royaume des Francs. « Le Roi Hoël, connaissant l’esprit et la capacité de Saint Melaine, et l’estime que tout le monde faisait de sa vertu, le fit son chancelier.
Le Pape Symmachus fit, à la requête de Clovis, premier Roi Chrétien des Français, assembler un Concile de trente et trois Evesques à Orléans, pour donner ordre aux affaires de l’Église Gallicane et arrêter le cours de plusieurs erreurs et pernicieux dogmes, qui commençaient à pulluler parmi cette nouvelle conversion des Français. En ce Concile se trouvèrent, entre autres, cinq Prélats, que l’Église reconnais pour Saints, à savoir S. Gildart Archevêque de Rouen, S. Loup Evesque de Soissons, S. Theodose Evesque d’Auxerre, S. Quintian et notre S. Melaine ».
Clotaire étant décédé l’an suivant 564, saint Melaine s’en retourna en son Évêché. Il alla une fois à Angers visiter saint Aubin, son compatriote et bon ami, et après avoir emmené en sa compagnie un saint Religieux, nommé Mars, originaire de la Paroisse de Bays, en son Diocèse ; étant arrivé vers saint Aubin, il y trouva saint Victor, Evesque du Mans, et saint Lauton, Evesque de Coutances, qui étaient aussi venus visiter ; le lendemain, ces cinq Saints allèrent visiter la Chapelle de Nostre-Dame du Ronceray.
Devons nous jeter la pierre à un des prêtres ou chanoines, ses hommes de l’église qui creurent trouver dans le saint ermite mars de Bais un evêque de Nantes. La faute remonte à bien des siècles en arrière avec la traduction des trois vitae Melanii des Bollandistes et des erreurs qui en suivirent.
Le 19ème siècle a été le siècle où l’église a subit une modernisation. Toute la partie orientale de l’église de Bais a été reconstruite au cours du XIXème siècle. Le vénérable M. Chumier, qui a régi la paroisse pendant quarante-cinq années, fut un grand bâtisseur. Les vitraux, avec Prédication de Saint-Marse à Bais. Nous y voyons son image en bon evêque, une pure imagination de l’époque, car le bon saint mars ne possède aucune incone à son effigie.
Nous doutons fort que lors des funérailles de Saint Melaine il y eu un bon dessinateur qui reproduisit l’arrivée de la barque à Rennes, menée par les quatre saints, Aubin Évêque d’Angers, Victor Évêque du Mans (Victeur II 511-530 ?), Lauton Évêque de Coutances (plus connu sous le nom de Lô ou Laud, Lauto ou Laudus ici Lauton), et Mars. Vitraux église de Bais. Funérailles de Saint-Melaine. Il y a un magnifique tableau. L’ermite Saint-Marse. Tableau du transept nord de l’église de Bais.
N’ayant jamais été classé parmi un saint évangliseur de la bretagne, nous trouvons des saints abbés, evêques, hermite, martyres, roi, moines, chanoine, mais notre mars ne trouve pas son entrée dans le calendrier des saints(9) .
Par contre nous le trouvons au 15ème siècle dans Bréviaires et missels des églises et abbayes bretonnes. Dans le calendrier en question, la liste des saints bretons n’offre pas de difficultés. Je signalerai seulement, au 21 juin, saint Marsus, « prêtre, » doté de douze leçons à l’office des matines. Dans le bréviaire de Rennes de 1514, sous la même date, Marsus était appelé « confesseur non pontife. » Dans le calendrier du bréviaire de Saint-Yves (ancien official de Rennes, on lit au 21 juin : « Marsi presbyteri. « (le personnage vénéré a son foyer d’hommages au pays de Bais, dans le canton de La Guerche. On croyait honorer, en le cultivant, un ami et un fervent de saint Melaine. Nous constatons toute la force de son culte à Rennes et à Vitré, dans la première moitié du XVème siècle.
Une dernière remarque sur Saint Marc ou Martius ou Marcius, Mars, evêque de Nantes pour conclure ce chapitre, le récit est signé de La Borderie. Saint melaine, il mourut dans sa retraite chérie de Plaz ou Placet où il allait se cacher avec bonheur toutes les fois que son ministère épiscopale n’exigeait pas sa présence à Rennes. Le bruit de sa mort promptement répandu amena aussitôt à Plaz les évêques des diocèses voisins liés de respect et d’affection avec le défunt, tels qu’Albinus (S. Aubin) d’Angers, Lauto (S. Lô) de Coutances, Victurius du Mans, et une foule de prêtres du diocèse de Rennes, entre autres Marsus, disciple cher à saint Melaine, son compagnon habituel dans ses voyages.
La Vita Ia de S. Melanii, par la suite d’une rédaction vicieuse (§ 31), semble faire de Marsus un évêque ; mais, selon la Vita IIIa qui exprime au sujet de ce saint la vraie tradition de l’église de Rennes attestée par son ancienne liturgie, Marsus était « un membre du collège de S. Melaine, unus ex collegio sanctissimi Melanii, » c’est à dire un prêtre du clergé de Rennes ou un religieux de l’abbaye de Platz, et il avait reçu le baptême de la main du saint, « quem isdem vir (Melanius tinxerat in lavacro sacræ purificationis » (Vita IIIa S. Melan. §13, Catal. codic. haliographe. etc. Ibid. II, p.536).
(5) Durant tout le Moyen Age, moines et clercs ont rédigé à des fins édifiantes ou liturgiques, des vitae à la gloire des saints qu’ils honoraient. Ces hagiographes se proposent de situer l’existence du saint dans la perspective globale du Salut : les caractéristiques individuelles de leur héros ne les intéressent que dans la mesure où elles permettent de déchiffrer l’œuvre de Dieu dans l’Eglise. Au besoin, certains n’hésitent pas, en toute bonne foi, pour édifier un mémorial à un saint dont ils ignorent tout, à accumuler les stéréotypes de la sainteté (vertus, miracles…)
Dans ces conditions, on conçoit que l’on ait pu s’interroger sur la valeur de l’hagiographie comme source historique, et qu’après une vague d’intérêt au début du siècle, elle ait été longtemps quelque peu négligée.
Dictionnaire historique et géographique de la province de Bretagne. Par Jean Ogée, A. Marteville. 1843.
Autrefois l’église paroissiale était à Bourg Saint Pair, Saint Pern, Saint Paterne, selon quelques-uns. Il y avait à Bais un prieuré conventuel qui possédait une partie du presbytère ; les religieux étaient de l’ordre du bienheureux Robert d’Arbrisel, et le curé s’intitulait recteur et prieur de Bais.
Bais est la patrie de saint Mars, qui vivait au commencement du VIème siècle. Ce saint homme, après avoir passé une grande partie de sa vie dans un ermitage auprès de Vitré, revint finir ses jours à Bais, où il reçut les honneurs de la sépulture. Le tombeau qui refermait son corps devint célèbre par une infinité de miracles, et les habitants de cette paroisse regardaient sa possession comme un trésor du plus grand prix.
Les reliques de saint Marse, sont actuellement en la possession de cette paroisse ; on les porte en procession solennelle le 14 janvier et le 21 juin. Ce saint était dit on, né à Bais, au village de Marsé, (non Marcé) où l’on montre encore les ruines de sa maison. Mais nul part nous n’avons vu que saint Marse fut né en Bretagne. Les vies de saints de Bretagne ne donnent point son histoire.
Concernant le nom de ce personnage, la réponse est sans doute là dans la suite de la campagne des fouilles archéologiques sur Bais, notamment celle du Bourg Saint Pair, pour le projet de construction d’un lotissement communal. Une première fouille préventive a eu lieu, puis l’opération des fouilles furent menées par l’Inrap de juin 2009 à janvier 2010.
Ce chantier a permis d’étudier sur 2 hectares un grand domaine rural antique qui s’est développé de la fin du 1er siècle avant J.C. au IVème siècle ap. J.C.
Ce grand chantier nous a donc révélé la présence sur ce lieu de plusieurs temples, dont un fanum situé à l’extérieur de la partie urba, sans doute un temple de mars, dédié au culte du dieu Mars Mullo.(6), page 441. Toutefois, l’interprétation inédite associant ce lieu de culte au saint peu conventionnel qu’est Marsius pourrait s’expliquer par la rencontre d’un second phénomène beaucoup plus courant, celle de la christianisation d’un ancien culte païen dévolu à Mars durant l’antiquité. On trouve en en effet dans le sud de l’llle-et-Vilaine un exemple proche de celui de Bais à la chapelle saint Vénier (Sancti Veneris) de Langon : la chapelle reprend l’élévation d’une cella memoriae, présentant sous les peintures du haut Moyen-Age une fresque mettant en scène Vénus, qui a ensuite laissé son empreinte dans la dédicace même de la chapelle. Il est généralement admis que le patronyme de « Vénier », fort peu usité, est en réalité un « maquillage » de l’origine antique du culte auquel était dévoué ce bâtiment. L’exemple de Langon est exceptionnel dans le sens où la conservation des structures antiques et des preuves matérielles de fa dédicace au saint romain viennent attester de manière indéniable la christianisât!on de l’hagionyme de la chapelle : néanmoins, on peut concevoir que l’opportunité de cette découverte est relativement rare, et que celle-ci met donc en lumière un phénomène sans doute beaucoup plus courant mais logiquement non attesté par de telles preuves archéologiques.
Dans le dossier des fouilles de l’Inrap de juin 2009 à janvier 2010, Philippe Guigon(7) , propose de faire de l’église Saint-Mars le lieu de culte paroissial originel de Bais, et du cimetière du bourg Saint-Pair une nécropole suburbaine, à la manière antique. On pourrait également imaginer à partir de cette idée l’existence de deux nécropoles, l’une située à Saint-Mars, l’autre à Saint-Pierre, selon un schéma déjà observé pour cette époque.Toutefois, dans les deux cas, la distance séparant les deux sites, de près de 500 m, paraît excessive. Songeons qu’à Jublains, la nécropole de l’église paroissiale et la nécropole périphérique étonnamment situé dans un quartier « Saint-Pierre », ne sont distantes que de 100 m environ ; ou encore, qu’à Saulges, la distance entre les deux églises et leurs cimetières n’est que de 25 m 20. On pourrait expliquer cette distance par la présence des vestiges antiques en Saint-Pair, la nécropole suburbaine du pôle Saint-Mars ayant été attirée plus loin en raison de la présence de vestiges antiques à Saint-Pair. Toutefois, la distance reste importante et l’on peut se demander pourquoi dans ce cas les vestiges de Saint-Pair n’ont pas entièrement attiré le bourg au lieu que celui-ci se développe à Saint-Mars. Y aurait-il eu sur l’emplacement du bourg actuel un autre facteur d’attraction qui ait pu justifier la permanence de ces deux pôles malgré leur distance ? Cet attrait ne peut être dû à la personne de Saint-Mars, que son origine et ses « exploits » situent non pas en cet endroit, mais en Marcé. Une hypothèse vraisemblable conduirait dès lors à voir dans le culte de Mars Mullo l’origine de l’attraction concurrente du bourg de Bais au bourg Saint-Pair : la présence du culte de Mars non loin de l’emplacement de l’église Saint-Mars signalerait la présence d’une implantation antique en ce lieu, qui aurait, comme les vestiges antiques de Saint-Pair, structuré l’organisation de l’occupation de Bais, l’une en fixant le bourg sans doute primitif devenu le bourg actuel, l’autre accueillant toujours une occupation en lien avec la nécropole suburbaine, qui y aurait été attirée au haut Moyen Age. On pourrait toutefois encore supposer l’existence en Bais de deux paroisses, comme c’est peut-être le cas à Thourie, où la nécropole du bourg est éloignée d’environ 450 m de celle de la chapelle Saint-Liphard, mais dans le cas de cette nouvelle hypothèse, la question du facteur d’attraction des deux pôles reste la même, et rencontre la même conclusion d’une probable présence de vestiges antiques dans les deux bourgs ayant influencé l’organisation du territoire. A partir des problèmes soulevés par l’étude du paysage de Bais à l’époque altomédiévale, une analyse approfondie des vestiges antiques de la zone s’impose afin de comprendre dans quelle mesure cette organisation est redevable d’un héritage plus ancien, sans doute antique. »Une hypothèse vraisemblable conduirait dès lors à voir dans le culte de Mars Mullo l’origine de l’attraction concurrente du bourg de Bais au bourg Saint-Pair : la présence du culte de Mars non loin de l’emplacement de l’église Saint-Mars signalerait la présence d’une implantation antique en ce lieu« .Voici une piste pourrait s’avérer tout a fait plausible. Toujours dans le dossier Inrap, page 450, si l’apport du cadastre napoléonien se révèle ici limité, celui de ces états de section est peut être plus intéressant. On y trouve en effet cinq parcelles nommées « la Perrière » entourant à distance le bourg de Bais. Section du bourg-H2. Parcelles n° 715, 776, 777, 778, 875. Ce microtoponyme désignant une terre servent de pourvoyeuse de pierres antiques qui au cours des siècles ont appliqué à des parcelles contenant des ruines antiques qui au cours des siècles ont été assidûment épierrées. Selon Ph. Guigon, il dit : la concentration de ces cinq parcelles est signifiante puisque ce microtoponyme ne se trouve qu’une seule fois autre fois à Bais (875).Je vais peut être contredire Ph. Guigon quand il dit que microtoponyme « Perrière » est représenté quatre fois dans un même lieu, et la parcelle (875) qu’une seule fois autre fois à Bais. Ayant dépouillé entièrement le cadastre napoléonien je peux confirmer que ce microtoponyme est représenté dans la majorité des sections. « Perrière », « Perriers et une « Perray ». 46 fois exactement pour « La Perrière », dont 13 fois en Goué B-2. « Les Perriers », cinq fois.Cela est très pertinent comme élément dans un centre lié au culte de Mars, mais les parcelles citées se trouvent situées bien loin au sud de l’église. Nous sommes près de la route, la voie principale venant de la Guerche, de Visseiche à Bais. Selon ce site sur la TOPONYMIE DES VOIES : On trouve souvent ces noms sur les anciens cadastres. Ils correspondent à des localités et de lieux encore existants de nos jours. Le dallage, le pavage, ou en tous cas un fort empierrement, sont parmi les caractères les plus frappants des voies romaines. Nous avons des Chemin Pavé, le Champ du Pavé, le Pavé du…, la Paveillais, la commune de Saint-Aubin-du-Pavail, puis des noms comme le Chemin Perré, le Pierray, le Pierreux, la Perrière, Peroux, Perré, le Peroux, Perray…Pourqoi ne pas se consentrer sur le secteur des parcelles situées en face de l’église actuelle, les parcelles saint Marc ! Les dites parcelles comme les 901, 907, étaient la propriété de la cure, du presbytère. La 809, Jardin du presbytère et au pourtour se trouve actuellement la zone commerciale. Lors de la construction du centre, il n’y a pas eu fouille entreprises en ces lieux. Selon Gilbert Chesnel, de très nombreuses pièces de monnaies trainaient dans la terre. |
SAINT-MARS ET LA CHAPELLE DE MARSÉ
La paroisse de Bais, dans le canton de La Guerche, peut se flatter de remonter très haut dans l’Histoire : elle a, en effet, le privilège unique de se trouver sous la protection de l’un de ses habitants qui vivait au VIème siècle de l’ère chrétienne. Ce protecteur est connu sous le nom de saint Mars ; la tradition en fait le disciple, puis le compagnon de saint Melaine, évêque de Rennes ; or, celui-ci mourut vers l’an 535. Saint Mars est donc bien de la première moitié du VIème siècle.
Le nom de Marsus
Son nom, Marsus, indique une origine gallo-romaine ; il pouvait appartenir à l’une de ces nombreuses familles que les Romains, après la conquête de la Gaule par Jules César, avaient introduites chez nous : (c’était des fonctionnaires ou des militaires.) Son nom évoque le dieu de la guerre chez les Romains, le dieu Mars ; peut-être que son père était un officier de cette année occupante qui tint notre pays pendant près de six siècles.
Quoi qu’il en soit de son origine, il est de tradition constante que Marsus naquit et vécut au petit village qui porte son nom depuis de longs siècles, le village de Marsé, (Marcé) où une chapelle rappelle son souvenir depuis d’innombrables générations, chapelle qu’il a fallu plusieurs fois renouveler.
Son nom de Marsus, au surplus, nom essentiellement païen, nous prouve que sa famille n’était pas chrétienne. Et, en effet, nos livres liturgiques affirment tous qu’il fut baptisé par saint Melaine, lequel résidait, non à Rennes, mais dans le monastère qu’il avait fondé à Platz, sur les bords de la Vilaine, en amont de Redon ; Brain-sur-Vilaine et La chapelle-Saint-Melaine en marquent l’emplacement. En ces temps primitifs, le clergé vivait en des centres épars, de ci, de là, où il menait vie commune à la manière des moines.
Le nouveau baptisé, Marsus, poussant au maximum son désir de vie chrétienne, se fit religieux de Platz, sous la direction de saint Melaine, Ses progrès en science et en vertu furent tels qu’il fut jugé digne du sacerdoce. Mieux que cela, l’évêque de Rennes fit de lui son archidiacre, son aide dans l’administration de son diocèse.
L’évêque de Nantes
Or, dans ces temps, vint à mourir l’évêque de Nantes, saint Epiphane. Selon la coutume d’alors, les évêques du voisinage, sur avis de saint Melaine, élurent, pour le remplacer, l’archidiacre Marsus ; celui-ci, par obéissance accepta la charge de l’épiscopat ; il aurait, pour le conseiller, son maître spirituel, l’évêque de Rennes.
A quelle époque saint Mars devint-il évêque de Nantes ? Il est difficile de le préciser ; l’historien de l’évêché nantais, Nicolas Travers, donne l’an 518 comme date probable de la mort de saint Epiphane. Saint Mars, consacré par saint Melaine, dut venir à Nantes peu de temps après cette date.
Existe-t-il à Nantes des traces de son épiscopat ? Il faut avouer que non. Les catalogues les plus anciens, des XIème et XIIème siècles, ne portent point son nom dans la liste des évêques de Nantes. Ceci, d’ailleurs, n’est pas étonnant, car saint Mars, après la mort de son guide, saint Melaine, se démit de sa charge épiscopale et se retira au lieu de sa naissance où il mourut. Or, les catalogues anciens sont spécifiquement des nécrologes, qui notent le décès et la sépulture des évêques successifs ; ils ne pouvaient donner le nom de Marsus, puisque celui-ci ne mourut pas à Nantes(1).
Le compagnon de Saint-Melaine
Mais l’épiscopat de saint Mars se trouve affirmé dans la « Vie de saint Melaine », que l’on trouve intégralement reproduite dans les Grands-Bollandistes, au 6 janvier. L’évêque de Nantes y est mentionné en deux circonstances.
La première fois, c’est à l’occasion d’une réunion d’évêques qui se tint à Angers. Dans ce temps, nous dit le texte en substance, « s’assemblèrent, dans la cité d’Angers, l’homme de Dieu Melaine, l’élu de Dieu Aubin, et saint Victor, et Lô et saint Mars. » L’assemblée se tenait « dans la basilique de la sainte Mère de Dieu » qui devait devenir plus tard le Ronceray. Saint Melaine célébra la messe et distribua, à la fin de l’office, un pain bénit, en gage de fraternité. Or, on était au début du carême. Le bienheureux Mars, continue le texte, ne voulant point rompre le jeûne prescrit, laissa choir furtivement dans son sein le pain qu’il avait reçu. Sur quoi l’on se sépara.
Au retour, saint Melaine et saint Mars cheminaient ensemble, leurs résidences respectives se trouvant, l’une et l’autre, vers l’ouest. Quand ils se trouvèrent à plus de dix milles de la ville d’Angers, Mars se sentit soudain entouré par les anneaux d’un serpent : c’était son pain bénit qui, tout à coup, s’était mué en reptile. Il se jette aux pieds de saint Melaine, implorant du secours ; Melaine l’envoie à saint Aubin, qui l’envoie à saint Victor, qui le renvoie à saint Melaine. Le pauvre Mars court donc vers Angers, puis d’Angers au Mans, du Mans à Rennes, ou plus exactement au monastère de Platz qu’avait regagné saint Melaine. Après une nuit passée en prière, l’évêque de Rennes absout le coupable ; le serpent disparait et le pain bénit reparait ; Mars peut alors le manger, et tout est fini de son étrange punition(2).
La seconde fois où saint Mars est cité dans la vie de saint Melaine, c’est à propos des funérailles de celui-ci. Le texte nous dit que s’y trouvèrent réunis les « saints pontifes » vus déjà à Angers : saint Aubin et saint Lô, saint Victor et saint Mars. Le corps fut transporté par eau, sur la Vilaine, du monastère de Platz à Rennes. Là, une tour où se trouvaient enfermés douze voleurs se rompit soudainement depuis le haut jusqu’en bas. Les prisonniers, voyant au surplus leurs chaînes rompues, sortirent de leur geôle et suivirent avec joie le cortège. Enfin, continue le narrateur, « les bienheureux pontifes » prirent de leurs propres mains le corps du saint homme, et le portèrent au lieu prévu pour lui : là, pleins de vénération, ils le déposèrent.
Privé désormais de son conseiller, saint Mars ne tarda pas à renoncer à sa charge d’évêque de Nantes. Son attrait personnel, d’ailleurs, l’entraînait vers la vie de prière et de travail manuel dans quelque solitude. Il partit donc et se retira dans sa terre natale, à Marsé.
Les souvenirs nantais
Reste-t-il à Nantes quelques monuments qu’il aît vus ? On peut en citer plusieurs. Joignant son évêché, tout près de sa cathédrale, on avait élevé, vers le IVème siècle, une muraille qui se continuait tout autour de la ville ; ce mur gallo-romain s’y voit encore, enrobé de pierres cubiques avec chaînons de briques rouges. Une porte, créée dans cette muraille, est encadrée d’énormes pierres de granit et garnie de pierres tombales païennes. Saint Mars a vu cela.
Il a dû passer par cette porte pour se rendre au tombeau des deux jeunes martyrs, Patrons de son diocèse, les saints Donatien et Rogatien. Près de ce saint tombeau, il voyait une chapelle élevée par son prédécesseur, l’évêque Epiphane. Celui-ci l’avait fait construire pour abriter une relique importante de saint Etienne, premier martyr, relique qu’il avait lui-même rapportée de Terre-Sainte. Dans cette chapelle, qui existe encore, reposait le corps de saint Epiphane lui-même : raison de plus peur saint Mars de la visiter.
Touchant sa cathédrale, un baptistère, dédiée à saint Jean-Baptiste, avait sa cuve octogonale creusée dans le parvis ; deux emmarchements permettaient d’y descendre d’un côté et d’en remonter de l’autre. Tout ceci est conservé, a été constaté en 1910 ; malheureusement, la vénérable cuve, où saint Mars a dû administrer le baptême, n’est pas visible actuellement.Les mentions de son épiscopat
Le diocèse de Nantes, cependant, semble n’avoir jamais célébré la fête de son évêque saint Mars. Toutefois, comme le font encore les diocèses de Rennes, d’Angers et de Coutances, le diocèse de Nantes, jusqu’en 1858, fit mention de saint Mars dans l’office de saint Melaine, le 12 novembre ; on y lisait : « Fut présent aux obsèques (de saint Melaine), avec de nombreux autres prélats, Mars évêque de Nantes. » On lui attribuait donc l’épiscopat nantais, mais on ne le qualifiait pas de « saint » — Depuis le retour du diocèse de Nantes à la liturgie romaine, on n’y fait plus mémoire de saint Mars.
De timides mentions de ce saint évêque se sont pourtant fait jour plus récemment : en 1888, dans le Bulletin de la Société Archéologique de Nantes, M. Legendre admettait saint Mars comme seizième évêque de Nantes dans la liste épiscopale qu’il fournissait. — M. de la Nicollière – Teijeiro, en 1899, dans la Revue Historique de l’Ouest, dans une étude sur « Saint Mars, évêque de Nantes, 527-531 », écrivait ceci : « (Cet) évêque doit avoir une place justement méritée dans la série » (des prélats nantais). — Enfin, l’évêque actuel de Nantes, Mgr Villepelet, en remerciant M. le chanoine Crublet de lui avoir envoyé sa plaquette sur « Saint Mars, évêque de Nantes, » commençait sa lettre par ces mots : « Permettez au successeur de saint Mars de vous féliciter… ». Successeur de saint Mars, c’est le titre que le même évêque actuel avait pris, dans l’église métropolitaine de Rennes, en prononçant le panégyrique de saint Melaine. Saint Mars n’est donc pas tout à fait ignoré à Nantes.
Le saint ermite à Bais
Le lieu où il vécut désormais, où il mourut, a pris son nom : c’est Marsé, (erreur Marcé) lieu de pèlerinage fréquenté. La vie solitaire des anachorètes était fréquente, chez nous, au VIème siècle, comme elle florissait en Egypte, dans la Thébaïde. La vie communautaire, inaugurée par saint Martin de Tours dans nos régions occidentales, au IVème siècle, ne semble pas s’être propagée en Bretagne : de tout côté, en effet, on y signale de saints solitaires qui vivent alors en reclus, cultivant un lopin de terre, s’unissant à Dieu, d’esprit et de cœur, autant qu’ils le pouvaient. C’était l’apostolat par l’exemple.
De même que saint Melaine avait établi son monastère dans son domaine familial, à Platz, saint Mars fixa son ermitage en la terre de ses ancêtres, à quelque 1 500 mètres du bourg de Bais. Le lieu où il vécut désormais, où il mourut, a pris son nom : c’est Marsé, (Marcé) lieu de pèlerinage fréquenté.
La vie solitaire des anachorètes était fréquente, chez nous, au VIème siècle, comme elle florissait en Egypte, dans la Thébaïde. La vie communautaire, inaugurée par saint Martin de Tours dans nos régions occidentales, au IVème siècle, ne semble pas s’être propagée en Bretagne : de tout côté, en effet, on y signale de saints solitaires qui vivent alors en reclus, cultivant un lopin de terre, s’unissant à Dieu, d’esprit et de cœur, autant qu’ils le pouvaient. C’était l’apostolat par l’exemple.
Qu’une vie de ce genre, dans l’isolement et le silence, se passe sans éclat, sans faits notables, on le conçoit facilement. Telle fut la vie de saint Mars, évêque devenu ermite. Quelques souvenirs, cependant, ont survécu.
M. Guet, ancien vicaire de Bais, raconte, dans sa brochure parue en 1884, la guérison de Pierre Chopin, de la Forge : cet enfant, de dix ans, était atteint « du haut-mal » et tombait fréquemment ; cet état dura de la Toussaint 1867 au 8 janvier 1870. Ses parents supplièrent saint Mars d’intervenir ; des messes furent dites en la chapelle de Marsé à cette intention. Le 8 janvier, l’enfant se sentit guéri : « Je n’ai pas été malade depuis ce jour », écrivait-il quelque dix ans plus tard.
Les fougères
M. Crublet, de son côté, dans sa plaquette de 1943, donne la double version du miracle des fougères. Voici le second récit, plus vraisemblable que le premier : saint Mars, alors ermite, vit une femme qui travaillait, un dimanche, à enlever les fougères qui pullulaient dans son champ. Il la pria doucement de cesser ce travail prohibé et d’aller à la messe. Il sera toujours temps de sarcler le champ. La femme obéit. Quand elle revint, toutes les fougères avaient disparues, et elles ne repoussèrent plus dans son enclos. — Ce champ, appelé « La Higuette », (non Chemin de la hillette, parcelle n° 91, Section de Teillais-C1) situé dans la ferme de la Boisselière, demeure préservé des fougères jusqu’à maintenant, alors que cette plante parasite infecte les environs. Voir page sur les fougères.
La source
Mais le haut-fait le plus connu de Saint-Mars est l’apparition de la source d’eau que l’on voit toujours dans le bourg de Bais (voir l’histoire de Saint Paterne). Une année de grande sécheresse, les habitants souffraient du manque d’eau ; la rivière voisine elle-même, la Quincampoix, était à sec. A la prière de la population, le saint solitaire voulut bien venir au bourg, où il se mit en prière, implorant la pitié divine, avec toute l’assistance. Puis, à la manière de Moïse frappant le rocher dans le désert, il se mit à creuser la terre avec son bâton, et à l’instant même jaillit en cet endroit une source abondante, comme en devait jaillir une autre, plus tard, à Lourdes, sous les doigts de Bernadette.
Cette source n’a jamais tari, même pendant les étés les plus secs : c’est le puits de saint Mars, (Section du bourg-H2, parcelle n° 899, « La mare Saint Marc »), qui alimente un lavoir voisin. De tout temps une muraille protégea la source miraculeuse ; une statuette du saint y avait sa niche. Vers l’an 1895, l’édicule s’écroula ; le curé d’alors, M. Percel, prit soin d’élever, sur le puits même, un petit oratoire où se dresse une statue d’évêque. Une statuette représentant l’ermite saint Mars serait plus évocatrice de la grâce obtenue.
La verrière du transept
Aussi bien, mieux inspiré s’est trouvé le peintre verrier Charles Champigneulle (de Paris,) dans le superbe vitrail qu’il plaça, en 1889, dans la fenêtre du pignon sud de l’église paroissiale. C’était sous le pastorat de M. Gefflot. On y voit saint Mars, grand et digne vieillard, vêtu d’une coule monastique, son long bâton à la main, les yeux levés vers le ciel. Il prie et il creuse le sol : l’eau jaillit à flot. La foule qui l’entoure multiplie les gestes d’admiration et de remerciement. Il y a là une scène placide, d’une grande unité, d’une rare noblesse d’élévation, avec des couleurs reposantes qui mettent en valeur les riches costumes bretons. On ne pouvait mieux remplir les vastes baies qui s’ouvrent dans le remplage compliqué de la haute fenêtre.
La statuette en bois
Cette statue qui fut attribuée à tort pour Saint-Mars, a été identifiée et inscrite à l’inventaire de la DRAC, comme étant Saint-Benoit
La présence de cette statue de Saint-Benoit à Bais s’explique par la présence de Religieux de saint Benoît comme prieurs de Bais jusqu’au XVIème siècle au moins. Saint-Sulpice près l’Abbaye fut confiée, dès 1160, aux Bénédictins de Marmoutier.
Et pourtant, à cette verrière de grand style, quelques-uns préfèrent la statuette en bois de chêne qui représente le pieux ermite, et qui semble avoir traversé déjà plusieurs siècles.
Saint-Mars est vêtu en moine ; sa coule de Bénédictin, abondamment étoffée, le recouvre entièrement ; le capuce, qui forme collier, retombe sur le dos ; les larges manches tombent des bras en plis laineux ; la tête demeure nue sous la couronne de cheveux et se relève un peu vers le ciel ; la main droite s’appuie sur la poitrine, tandis que la gauche esquisse un geste d’explication : le saint prêche et prie à la fois.
Curieuse fut l’histoire de cette belle statue : on la voyait jadis sur le maître-autel de l’église. Quand M. Chumier, en 1841, plaça l’autel à grand rétable qui existe encore, la statuette en bois ne se trouva pas de taille à y figurer ; elle fut donc transportée, avec l’ancien autel lui-même, dans la chapelle de l’école chrétienne des filles, où enseignaient alors les Sœurs de la Providence de Ruillé. Celles-ci furent bientôt remplacées par les Sœurs de la Sagesse qui ne connaissaient guère saint Mars. Au surplus, la Congrégation des Enfants de Marie eut ses réunions dans la chapelle de l’école. Pour favoriser leur piété, on posa sur l’autel une grande statue de la Très-Sainte-Vierge, et celle de saint Mars fut simplement reléguée en quelque coin de la maison.
Au début du XIXème siècle, lors de la persécution qui sévit contre les Congrégations Religieuses, les Sœurs de la Sagesse durent quitter l’école, où elles furent, d’ailleurs, remplacées par celles de Notre-Dame-des-Chênes de Paramé. Elles remirent alors la statue de saint Mars à leurs Sœurs qui tenaient déjà l’hôpital, et qui la reléguèrent, sans plus de souci, au jardin.
C’est là que la découvrit M. l’abbé Jules Pouchard, qui demanda à remporter chez lui. Cet abbé, aumônier des fusiliers marins en 1914, membre actif de la Résistance en 1940, devait être arrêté par la Gestapo le 27 janvier 1944 et fusillé le 7 février suivant à Paris. Avant de mourir, il avait soigneusement légué la statuette de saint Mars à M. l’abbé Crublet qui la fit intelligemment restaurer, et la plaça, dans la chapelle de Marsé, sur un socle neuf où figurent la mitre et la crosse : ainsi se trouve rappelé l’épiscopat de ce saint moine qui se fit ermite et mourut dans sa solitude.
La statue enfin, décapée en 1960, fut solennellement transférée à Marsé, le 17 juillet de cette même année, lors de la bénédiction de la chapelle restaurée.
La chapelle de Marsé
Une chapelle s’imposait sur le lieu de l’ermitage de saint Mars ; les siècles passés n’ont pas manqué d’en élever une, marquant ainsi l’endroit où l’homme de Dieu s’est sanctifié, où il est mort. On en a retrouvé les vestiges en 1842.
En cette année, en effet, M. Chumier, recteur, fit reconstruire le sanctuaire de Marsé. Un terrain, — près de trois ares, — avait été donné dans ce but, en 1837, par Julien Georgeault ; on se mit donc à l’œuvre : la première pierre fut posée le 25 avril 1842, en la fête de l’évangéliste saint Marc ; la procession traditionnelle s’était dirigée, sans doute, vers Marsé en ce jour. Un an plus tard, le 18 avril, la chapelle était bénite et on y disait la messe sur un autel provisoire.
C’était bien la construction du temps de Louis-Philippe : abside en cul-de-four, murs latéraux percés chacun d’une fenêtre en plein-cintre, toiture modeste en ardoise, façade glabre avec large porte en arc brisé et modeste niche pour une statuette. Mais un campanile était juché sur le pignon, haute lanterne où se balançait la cloche, coiffée d’une calotte ardoisée, qui se prolongeait en une flèche aiguë, avec croix très aérienne et coq tournant au vent.
L’autel
A l’intérieur, un autel fut posé et béni en 1845, encore le 25 avril. C’est l’autel du temps, à retable monumental, qui occupe toute l’abside. Entre les colonnes de stuc, qui soutiennent l’entablement, le tableau coutumier représente l’évêque saint Mars revêtu de la chape liturgique. Le tombeau qui sert de table est orné de l’Agneau posé sur le livre aux sept sceaux. Tout en haut, la niche supérieure abrite un délicieux saint Jean-Baptiste, en bois peint, digne d’un musée.
Telle quelle, la modeste chapelle de Marsé a dépassé son siècle. En 1917, M. Gillot en fit cependant réparer le clocher branlant ; il y fit poser, au surplus, un chemin de croix : celui-ci vient d’être renouvelé.
Rénovation
Malgré cela, une rénovation complète s’imposait de plus en plus, à mesure que les années s’accumulaient. C’est ce que M. Dehoux vient de réaliser, au cours de l’an 1960. La façade a été complètement revêtue de pierres apparentes, du beau granit de Fougères ; les blocs rectangulaires sont artistiquement posés en lignes horizontales jusqu’au faîte. Des blocs plus importants, et de couleurs différentes, soulignent les arêtes du murs et les rampants du toit, et encadrent aussi l’arc brisé de la porte. Celle-ci sous ses arcs en retrait, ouvrent ses deux vantaux en bois de chêne où le treillis des lignes est mis très en relief. Ces vantaux sont l’œuvre de M. Lauglé ; ils sont portés par de puissantes pantures que terminent des fleurs de lys, forgées par M. Perrin.
Au milieu de la façade, un cartouche de granit contient, burinées dans la pierre, les armoiries de saint Mars, que viennent de créer deux héraldistes nantais, M. Durivault et Mme Baudry-Souriau : aux deux meubles, — la crosse et la bêche, — on a ajouté la devise « Labor et Fax » (labeur et paix), et aussi le nom du saint, et encore la date de la réfection : 1960.
Les mêmes armoiries se voient, plus lisibles, sur le pavé en mosaïque, à l’intérieur de la chapelle : elles sont « d’azur, à la crosse d’or et à la bêche de sable, posées en sautoir. » Cette mosaïque fut exécutée par la maison Martin, de Rennes.
Une belle statue de saint Mars, en pierre blanche, domine enfin l’imposant pignon façade de granit : on a ici l’évêque, amplement vêtu de sa chasuble, et tenant à la main sa haute crosse ; l’œuvre est encore de deux artistes de Nantes, MM. Priez et Lillo.
Les murs goutterots, à droite et à gauche ont reçu, eux aussi, un heureux supplément : deux contreforts en granit, aux pierres appareillées, épaulent chacun d’eux ; leur masse, leur double glacis, anoblissent singulièrement l’édifice.
Le campanile
Un nouveau clocher, posé sur le flanc gauche de la façade, change complètement la silhouette de la chapelle. La tour massive, en pierres jointoyées, a ses arêtes en granit jaune ; elle est ajourée d’une porte en arc brisé et d’une fenêtre rectangulaire. Au dessus de la tour, s’élève le campanile en ciment armé : quatre puissants étais, reliés entre eux par d’immenses croix, portent la cage carrée où se balance la cloche à quinze mètres de hauteur. Le tout est abrité d’une plate-forme qui soutient la croix ajourée avec le coq traditionnel.
A l’intérieur de la chapelle, la voûte en berceau a été refaite ; ses lames de bois restent apparentes. Quand à l’autel majestueux, placé en 1842, il est heureusement maintenu ; il a seulement été répré et rajeuni : ses ors et ses marbres brillent désormais d’un nouvel éclat. Le «petit reliquaire», qui contient le fémur droit de saint Mars, repose au centre de l’autel, derrière la croix : n’est-il pas le trésor de ce lieu de pèlerinage ?Les vitraux
Des vitraux neufs, sortis des ateliers Rault, de Rennes, ferment désormais les deux fenêtres anciennes : ils représentent saint Mars ermite, du côté de l’évangile, et saint Marcel, pape et martyr, du côté de l’épître. Au dessus de la porte d’entrée, le tympan éclairé a reçu aussi sa verrière ; on y voit un tryptique symbolique : au milieu, les clefs de saint Pierre et l’aigle de l’apocalypse évoquent l’Eglise qui nous conduit au ciel ; cette Eglise est enseignante : c’est ce que rappelle le docteur saint Augustin ; et elle apaise les passions humaines, comme l’indiquent les oiseaux dociles à la voix de saint François.
Les lattes de la voûte, posées par MM. Bouthmy, Haigron et Baslé, les peintures renouvelées par M. Joly, prennent toute leur valeur sous l’éclairage électrique discrètement distribué par M. Cachereul. — La maçonnerie de M. Chatel, les beaux granits de M. Petit, semblent devoir défier les siècles ; M. Dehoux, curé de Bais, animateur de tout l’ouvrage, peut donc, être fier d’une œuvre pour laquelle il n’a rien négligé.
Le jardin
Les abords de la chapelle ont été renouvelés, eux aussi, et surtout agrandis. Grâce à la bienveillance des familles Templon et Gallier, le petit enclos de Marsé est devenu une vaste esplanade qui peut accueillir plusieurs milliers de personnes ; ses ombrages et ses parterres en feront un charmant ermitage.
Le terrain a été aplani par des volontaires armés de pelles et de pioches, aidés puissamment par le bulldozer de M. Maignin. De véritables rochers y ont été apportés, à grands renforts de bras, de grues, de traîneaux, grâce à la maison Brougalay. Et maintenant un autel extérieur est dressé sur le terre-plein, fait d’une seule pierre que portent deux blocs demeurés bruts. Sur un côté, un premier dolmen sera la chaire du prédicateur ; de l’autre côté, un second dolmen sera le reposoir des saintes reliques. Ceci constitue un cadre idéal pour les cérémonies en l’honneur de Saint-Mars.
Pour remercier et féliciter pasteur et troupeau de tout ce travail, son Eminence, le cardinal Roques, archevêque de Rennes, daigna venir à Marsé le 17 juillet 1960. C’était la première fois que l’ermitage recevait un Prince de l’Eglise ; celui-ci, après avoir béni chapelle et podium, voulut bien dire sa pleine satisfaction de tout ce qu’il voyait, de ce qui favorisera, en ce lieu, la piété des pèlerins.
LES RELIQUES DE SAINT MARS
Dans son manuscrit, M. Guet a fort bien fait connaitre l’histoire des reliques de saint Mars, reliques conservées du VIème siècle, ce qui est rare dans la chrétienté. De son côté, M. le chanoine Crublet a reproduit, en les divisant en chapitres, les écrits de M. Guet ; il a donné tout au long, spécialement, les procès-verbaux dressés, aux XVIIIème et XIXème siècles, lors des translations des saints ossements d’un reliquaire dans un autre, ou lors des reconnaissances officielles de leur authenticité. Il suffira donc de donner ici le résumé de ces travaux.
La levée du corps
Le corps du saint ermite, pieusement déposé en terre sainte, près de l’église paroissiale, fut levé de terre sans retard, puisqu’on retrouva intacts ses ossements. Cette levée de terre, suivie de l’exposition des reliques à la vénération des fidèles, constituait alors la béatification.
Et les saintes reliques, objet désormais d’un culte public, demeurèrent en paix dans l’église de Bais, jusqu’au XVème siècle ; il n’est point question pour elles de dangers courus lors des invasions des pirates normands, ceux-ci n’opérant leurs ravages que sur les côtes et le long des fleuves.
Au château de Vitré
Mais vint la guerre de Cent-Ans… En 1426, les Anglais sont à Pontorson ; leurs bandes pillardes dévastent les églises, brûlent les châteaux, désolent les monastères… Les Français ont été défaits à Verneuil en 1424 ; le duc de Bretagne, Jean V, penche résolument vers l’alliance avec l’Angleterre ; le connétable de Richemond, qui mettait un peu d’ordre dans les armées, est relevé de ses fonctions ; Jeanne d’Arc n’apparait pas encore… Alors les habitants de Bais prennent peur : si l’on allait voler et brûler leur trésor ! leur trésor, c’est à dire le corps de saint Mars ! Et dans le cours de l’année 1427, ils mettent leurs reliques à l’abri dans le château fort de Vitré, exactement dans la tour Saint-Laurent, qui en est le donjon formidable.Découverte du reliquaire
La guerre se continue ; l’épopée de Jeanne d’Arc s’est trouvée violemment interrompue. L’ennemi ne cède le terrain que pas-à-pas… Une génération disparaît ; une autre passe à son tour, si bien qu’on oublie le dépôt sacré du château de Vitré. Ce n’est que vers l’an 1520, — près d’un siècle après son transfert, — qu’on découvre par hasard, dans la tour Saint-Laurent, le coffret qui contient les reliques de saint Mars.
Quel était ce coffret ? En bois, probablement ; cependant il avait l’apparence d’une chapelle, avec un clocher dessus, nous dit M. Crublet. Cette forme attira sur lui l’attention ; le baron de Vitré demanda ce que c’était ; on lui dit que là reposait le corps de saint Mars, ermite de Bais du VIème siècle. Le comte de Laval fut tout ému de voir le corps d’un saint gisant dans la poussière et ignoré de tous. La châsse n’avait rien de précieux, semble-t-il, puisqu’il écrira lui-même, dans sa lettre du 12 juin 1521, que « le corps de Monseigneur saint Mars ne semblait pas être assez honnêtement dans icelle. »Dans la chapelle de la Collégiale
Mais les saintes reliques étaient pour lui un trésor de grand prix ; il voulut les mettre à l’honneur. Dans son château même, il possédait une chapelle dédiée à sainte Madeleine, chapelle dont sont visibles encore d’importants vestiges, à droite de l’entrée par le pont-levis. Dans cette chapelle, il entretenait à grands frais toute une Collégiale de chanoines, qui y assuraient la splendeur de l’Office quotidien, comme en une cathédrale. Il invite ces chanoines à venir processionnellement chercher le reliquaire et son contenu : sa ville et son château compteront désormais un saint protecteur de plus.
Ainsi fut-il fait, et avec grande joie le chapitre des chanoines, en grande cérémonie, emporta le corps de saint Mars en sa somptueuse chapelle de Sainte-Madeleine.Nouveau reliquaire
Ce n’était pas assez pour Guy de Laval, ni pour sa pieuse épouse Anne de Montmorency. Un reliquaire de grand prix s’imposait pour contenir le corps de saint Mars.
Justement, en l’année 1521, le fléau de la peste ravageait une fois de plus la ville de Vitré. Qui sait si saint Mars n’interviendrait pas en faveur des habitants effrayés ? Le comte et la comtesse commencèrent par faire exécuter, par les orfèvres du temps, une châsse artistique et en matériaux précieux. Un rapport conservé, de l’an 1743, nous en donne la description. L’armature était en bois, mais revêtue partout de lames d’argent. Lui aussi avait la forme d’une chapelle, que cantonnaient six pilastres de cuivre. Quatre tableaux d’argent massif étaient appliqués sur ses côtés : on y voyait gravées les figures de saint Mars, Saint Aubin, Saint Victor et Saint Melaine. Au surplus, on y avait mis, sur email, les portraits de Monseigneur Guy, comte de Laval et baron: de Vitré, et de Mme Anne de Montmorency, son épouse ; le comte était agenouillé devant un crucifix, la comtesse devant une Sainte Anne.
Sous les quatre tableaux d’argent, on lisait, deux par deux, les huit vers suivants :
Jésus, qui mort souffris pour les humains, Merci de cœur te crie à jointes mains !
Reine des cieux, pure et nette sans cy (sans souillure) Prie pour nous, fille Montmorency !
Saints Mars, Aubin, Victor et saint Melaine, Priez tous Dieu qu’à sa gloire nous mène !
Corps de saint Mars est ici enchâssé par Guy et Anne. — Requiescat in pace !Un parchemin
Les nobles donateurs, renseignés sur l’histoire de saint Mars, ne le séparaient point de ses compagnons d’apostolat, les évêques Melaine, de Rennes, Victor, du Mans, et Aubin, d’Angers. Au surplus, ils prirent soin de déposer, dans la châsse précieuse, le parchemin, qu’ils avaient trouvé dans la vieille châsse venue de Bais en 1427, et qui portait écrits les trois vers latins que voici :
Hostia sacra datur, sinus accipit, anguificatur. Inde salus petitur ; Albinus, Victor aditur ;
Forma redit pani : prece sanas, sancte Melani.
Ces vers sont une évidente allusion à la faute, à la punition et à la délivrance de saint Mars, lors de la réunion des évêques à Angers.(3) Ils se traduisent, en effet ainsi :
« Un pain béni est donné ; le sein le reçoit ; il se change en serpent. Alors Mars demande secours ; il s’adresse à Aubin et Victor. Le pain reprend sa forme, (car) tu guéris qui te prie, ô saint Melaine. »Une donation
Tout étant prêt, le baron de Vitré se hâta de donner le nouveau reliquaire à ses chanoines. Il se trouvait alors dans son puissant château de Montjean, entre Laval et La Guerche ; il leur écrivit, le 12 juin 1521, la lettre suivante :« Chers et bien aimés,
Pour ce que, par ci devant, ai fait ouvrir la châsse où est le reliquaire du corps de Monseigneur saint Mars, lequel ne semblait être assez honnêtement en icelle, j’en ai fait faire une autre que je vous envoyé ; laquelle (je) vous donne, pour y remettre le dit reliquaire, ainsi qu’entendu qu’il se doit faire, avec que les cérémonies et solennités qui y appartiennent.
Et me semble que ce sera bon de ce faire au jour de la fête du dit Saint Mars, et le porter en procession, pour la mortalité qui règne maintenant sur les lieux, et faire prier pour nous, et devés faire processions générales.
Et ce faisant, chers et bien-aimés, en me recommandant toujours à vos bonnes prières, je prie Dieu que vous ayt en sa garde.
. –A Mont Jehan, ce XIIème jour de juin (ainsi signé) vôtre Guy(4)
Translation
Si puissant qu’il fût, Guy de Laval n’avait pas autorité pour permettre le changement de reliquaire pour les ossements de saint Mars. Il fallut s’adresser, pour cela, à l’évêque du diocèse. Celui-ci, dès le 15 juin 1521, écrivit à son tour aux chanoines :« Mes honorés Sieurs,
Je me recommande bien affectueusement à vos bonnes grâces et prières.
Messieurs, pour faire la translation des reliques de Monseigneur saint Mars, d’un reliquaire en un autre plus honorable, nous commettons notre faculté et autorité (autant qu’il est besoin) à Monsieur le trésorier de votre honorable collège, ou, si ne peut y entendre, à autre que vous nommerez ou élirez pour ce faire, priant le Seigneur qu’il vous ait en sa direction et garde.
Ecrit à Bruz, ce XVème de juin de l’an 1521, de la main de votre frère et amy, Fr. Yves, évêque de Rennes.
Le nom complet de cet évêque était Yves Mayeux. En sa qualité de dominicain, il signait simplement de son nom de Religieux(5).
On pouvait désormais procéder à la translation des saintes reliques. Selon le souhait du baron Guy, ce fut le 21 juin 1521, un vendredi, en la fête du saint, que fut opéré le changement de reliquaire, par les mains de Jehan Boullaye, trésorier de l’église Sainte-Madeleine.
Procession
II n’est pas douteux qu’on obéit encore au baron en faisant le transfert « avec cérémonies et solennités » qui conviennent en pareil cas. On fit aussi la « procession générale » demandée, et l’on pria pour la cessation du fléau de la peste. Fut-on exaucé ? Les documents ne le disent pas. Toutefois, la procession annuelle du 21 juin passait pour une dette de reconnaissance des Vitréens envers saint Mars ; il en était de même de l’octroi de l’office du saint, pour ce même jour, en la chapelle du château : Mgr Brillet, évêque de Rennes, autorisa, au XVIème siècle, la récitation de l’office du saint ermite de Bais et la célébration de la messe du même saint, le 21 juin, par les chanoines de Sainte Madeleine.
Troisième reliquaire
En 1743, on dut changer de nouveau le reliquaire. Celui de Guy de Laval comptait deux-cent-vingt-deux ans : il était devenu « caduque », nous dit le rapport de 1743 ; « l’ayant examiné, nous avons remarqué que les pilastres sont presque tous cassés, que les cadres sont hors d’usage de servir…», nous dit le sénéchal chargé de la translation.
Le doyen du Chapitre de la Collégiale Sainte-Madeleine fit donc confectionner un autre reliquaire, selon le goût du XVIIIème siècle. Avec soin, un ébéniste sculpta une châsse volumineuse, de forme octogonale, avec double ouverture sur les deux grandes faces, avec une seule aux extrémités. Le couvercle fut une sorte de dôme enjolivé de feuilles d’acanthe, et surmonté d’un gland solide. Sur les baies des grands côtés, on appliqua les quatre panneaux d’argent de l’ancienne châsse. Les baies des petits côtés furent fermées de glaces fines qui permettaient de voir les saints ossements. — Ce beau reliquaire, en bois doré, a traversé la tourmente révolutionnaire : on le voit toujours exposé en l’église de Bais.
Deuxième translation
Cette nouvelle translation fut faite le 8 juin de l’an 1743, — on était au mardi dans l’octave de la fête du Saint-Sacrement, — « dans l’église collégiale de la Madeleine de Vitré. » Le sénéchal Jean Joseph François du Bourg, représentant le baron de Vitré, présidait, entouré de l’alloué Mathurin Charil, du lieutenant de la Morandière et du greffier Jacques Bislange.
Les douze chanoines de la Collégiale étaient présents, ayant à leur tête leur doyen, le « trésorier » Jean-Baptiste Nouail. Un chirurgien, Jacques Tardivel, se tenait près d’eux, chargé de reconnaître les ossements.
II va de soi qu’on avait obtenu toute autorisation pour ce faire : l’évêque de Rennes, Mgr Louis Guérapin de Vauréal étant absent, c’était les Vicaires-Généraux, MM. Guersans et de La Borderie Le Moyne qui avaient délégué le doyen Nouail au transfert des reliques.
La plus grande partie des ossements de saint Mars fut montrée et reconnue. On les déposa dans la « châsse neuve de bois, ornée de sculpture, dont le dit trésorier faisait présent au Chapitre. »
La châsse fut fermée et bénite ; on la mit à la place de l’ancien reliquaire, en attendant qu’elle fût portée en procession grandiose, autour de la ville de Vitré, le 21 juin suivant, « selon l’usage pratiqué de temps immémorial ».
Les quatre portraits d’argent massif, donnés en 1521 par le comte et la comtesse de Laval, et réappliqués sur la nouvelle châsse en 1743, deviendront la proie des vampires de 1793 : ils sont donc disparus.
Demande refusée
Les solennités de l’an 1521, à Vitré, avaient suscité, à Bais, le regret de n’avoir plus le corps de saint Mars. Les habitants adressèrent au seigneur une requête à ce sujet. Le baron répondit qu’ayant donné les reliques au Chapitre de Sainte-Madeleine, il n’en disposait plus. Les paroissiens de Bais demandèrent alors aux chanoines de Vitré de leur rendre les reliques de leur Patron : ceux-ci répondirent qu’ayant reçu le saint corps « comme un pur don », ils le gardaient. On adressa alors une supplique à l’évêque de Rennes ; celui-ci, après enquête, dut reconnaître que les reliques étaient désormais propriété du Chapitre de Vitré. C’était, d’ailleurs, l’époque où le même évêque, Mgr Guillaume Brillet, accordait à ce Chapitre l’autorisation de célébrer la fête de saint Mars, ermite de Bais, le 21 juin, avec messe et office du saint.
Frustrés dans leur espoir, les habitants de Bais résolurent, selon la coutume du temps, de s’emparer de force de la châsse et de son contenu, au cours de la procession du 21 juin 1530. Ils échouèrent dans leur projet. Et deux siècles passèrent sans que rien de nouveau fût tenté.
Demande exaucée
Le transfert solennel de 1743 raviva les désirs des paroissiens de Bais. Or, depuis 1739 était recteur de Bais un prêtre originaire d’Irlande, Michel O’Connery. Celui-ci, fuyant la persécution exercée par les Anglais contre les catholiques, était venu faire ses études au séminaire irlandais de Nantes(6). Devenu curé de Bais en 1739, il le demeura, sauf une interruption de trois ans, jusqu’en 1780, et y mourut le 19 mars 1785. Cet excellent recteur s’employa très habilement à faire revenir chez lui les restes de saint Mars. Modéré dans sa demande, il déclara ne désirer qu’une partie des saintes reliques. D’autre part, on n’était plus aux siècles d’antan où l’on se battait pour prendre ou pour garder les reliques des saints. L’évêque de Rennes acquiesça volontiers à la demande du recteur de Bais. Le Chapitre de la Collégiale, sollicité à son tour, tint séance le 30 novembre 1749, et, à la pluralité des voix, voulut bien accorder quelques ossements à M. O’Connery.
Le petit reliquaire
En conséquence, le vicaire-général Alexis de Bon-Amour se rendit à Vitré le 13 janvier 1750, et procéda, avec les précautions d’usage, à l’enlèvement de trois ossements de la châsse fermée en 1743 : il y prit le fémur droit et deux côtes, et les déposa dans le petit reliquaire qu’on avait apporté de Bais. Procès-verbal de l’opération, en cinq exemplaires, fut dressé sur le champ, pour être remis dans la nouvelle châsse dans celle de 1743, et aux archives de la Collégiale, de l’évêché et du « général » de Bais(7).Transfert à Bais
Dès le lendemain, 14 janvier 1750, on se mit en route pour Bais ; les chanoines de Vitré transportèrent eux-mêmes, d’abord, le précieux dépôt qu’ils remirent bientôt à M. O’Connery, qu’accompagnait le recteur de Domalain. En procession, avec croix et bannière et grand concours de paroissiens, on suivit la longue route qui passe par Toréé et Vergéal ; recteurs et fidèles de ces paroisses se joignirent au cortège, avec bannières et croix eux aussi.
Deux chanoines de Vitré, cependant, MM. Martin et Barge, avaient tenu à porter eux-mêmes le reliquaire, qu’ils déposèrent en l’église de Bais. Un autre chanoine, M. Hourdier de Crasne, chanta la messe de la translation et le recteur de Moulins prononça l’homélie. Beaucoup d’autres prêtres étaient présents, qui signèrent, avec les précédents, le procès-verbal de la cérémonie, lequel est conservé aux archives de la mairie de Bais.
Sauvées du danger
Les reliques de saint Mars, si laborieusement obtenues en 1750, faillirent périr en 1798. Cette année là, c’était l’an VI de la République, des soldats, conduits par le général de brigade Vérine, étaient entrés dans l’église de Bais dont ils avaient fait un casernement. On était au 6 floréal, donc au 25 avril, jour de la Saint-Marc. Briser, saccager, souiller toutes choses du culte, était leur amusement habituel.
Des enfants entrèrent avec eux dans l’église, et l’un deux, Joseph Crublet, reçut de leur part des rubans de vives couleurs. Quand il rapporta ce trophée à la maison, sa mère, Marie Georgeault reconnut dans ses mains les rubans d’honneur attachés au reliquaire de saint Mars, que les notables tenaient en mains lors des processions solennelles. Elle devina que le reliquaire avait été atteint par la rage stupide des Bleus, qu’il avait été détruit peut-être. N’écoutant que son zèle et sa foi, se recommandant à Dieu par l’intercession de saint Mars, elle vient en pleine nuit, entre dans l’église devenue caserne, évite de son mieux les militaires endormis, et s’approche de l’autel : le reliquaire y était demeuré ; elle s’en empare et l’emporte furtivement chez elle, où elle le cache dans une armoire.
Sans révéler sa cachette à personne, elle garda son « trésor » pendant six ans. C’est en 1804 seulement qu’elle remit le reliquaire intact au recteur M. Hattais, qui avait été installé dans sa charge le 26 février de cette année-là.
Un vitrail de l’église, exécuté en 1903 par les ateliers Rault de Rennes, raconte le courageux sauvetage du reliquaire en 1798 ; on sait que ce « petit reliquaire est actuellement exposé dans la chapelle de Marsé. M. Guet, dans son manuscrit, nous assure que les ossements du Petit-Reliquaire « furent authentiquement reconnus le 24 février 1846 ; le procès-verbal (de cette reconnaissance) est signé : Frain, vie. gén., Chumier curé de Bais, etc. » M. Crublet a reproduit ce texte. Cette reconnaissance, d’ailleurs, s’imposait depuis les déprédations commises en 1798.
A Notre-Dame de Vitré
Le grand reliquaire, de 1743, faillit aussi périr au temps de la Révolution.
II était demeuré au château de Vitré, dans la Sainte-Madeleine, quand le Chapitre fut supprimé, en prit la précaution de transporter la châsse de saint l’église Notre-Dame. Le curé de cette paroisse, Joseph ayant prêté le serment constitutionnel, garda pendant années les objets du culte.
Toutefois, en 1794, les soldats du général Beaufort cantonnèrent dans l’église Notre-Dame ; il arriva ce qui devait arriver à Bais quatre ans plus tard : tout y fut mis au pillage, ou fut au moins saccagé par manière d’amusement. La châsse de saint Mars eut ses vitres brisées ; par les menues ouvertures, les soldats en sortirent quelques fragments d’os, que les fidèles se hâtèrent de ramasser ; le curé, averti, fit alors enfermer le reliquaire dans sa sacristie(8).
Reconnaissance
Quelques années plus tard, voulant exposer les reliques à la vénération des fidèles, M. Bernard osa demander à l’évêque constitutionnel, Mgr Claude Le Coz, d’en reconnaître l’authenticité. L’évêque fît une enquête sérieuse près des témoins, constata spécialement que le crâne du saint n’avait pu ni être sorti, ni être rentré dans la « bouëte » par les petites ouvertures… Sur quoi il autorisa l’exposition des saintes reliques, « le 15 avril 1799 de l’ère chrétienne, 26 germinal, au VII de la R. F. » Et il signa l’acte : « C. Le Coz, évêque d’Ille-et-Vilaine ».Sceaux brisés
En 1816, il arriva malheur au reliquaire : un vicaire de Notre-Dame, M. Guilloys, ouvrit la châsse qu’avait scellée Mgr Le Coz ; on ne sait pourquoi il agit ainsi, mais il en avait obtenu la permission du vicaire-général M. de la Guerretrie. Toutefois il ne prit pas soin d’y faire remettre les scellés. Et, de ce fait, les reliques ne pouvaient plus être exposées à la vénération publique. Les choses restèrent ainsi pendant vingt-sept années.
Nouveaux scellés
En 1843, M. Guilloys était curé de Notre-Dame, et ne se souciait guère du corps de saint Mars. M. Chumier, curé de Bais, crut le moment favorable pour demander le reliquaire de 1743, — donc âgé de cent ans. — On le lui promit sans difficulté, sauf recours à l’évêque de Rennes, qui aurait à en reconnaître l’authenticité de nouveau.
Tout s’arrangea, puisque le procès-verbal d’authenticité fut signé le 14 juin 1843. Deux vicaires-généraux, M. Frain et M. Chatel vinrent à Vitré, examinèrent le reliquaire, se firent expliquer par M. Guilloys l’ouverture de la châsse et le bris des scellés en 1816 ; puis, ils placèrent eux-mêmes le crâne et le fémur sur un coussin de velours rouge et posèrent les sceaux nécessaires.
Retour à Bais
Trois semaines plus tard, le 5 juillet 1843, les précieuses reliques firent leur entrée dans l’église de Bais. Cette translation des principaux restes du corps de saint Mars en sa paroisse ne le céda point, en magnificence, à celle de 1750. Voici comment la décrit un rapport ancien :
« La route de Vitré à Bais était changée en une longue avenue de verdure et de fleurs. De magnifiques arcs de triomphe se dressaient aux approches de Torcé et de Vergéal. Le clergé de ces deux paroisses s’étaient joint au clergé de Bais, et à d’autres prêtres venus en grand nombre des paroisses voisines pour chanter les hymnes sacrées en l’honneur du glorieux Patron, dont, après 416 ans, sa paroisse natale recouvrait enfin les ossements vénérés.
Des jeunes gens pris dans les meilleures familles, recommandables par leur piété et leur conduite…, avaient été choisis pour porter les saintes reliques… »
En l’église de Bais, la châsse de 1743 fut placée dans la chapelle du Sacré-Cœur, On a vu, plus haut, comment, en 1947, un autel spécial lui a été élevé près du monument aux morts de 1914. C’est là le trésor de la paroisse.
En souvenir de cette solennelle translation, l’archevêque de Rennes, Mgr Brossais-Saint-Marc fixa la fête du saint au 5 juillet, au lieu du 21 juin. La seconde fête ayant lieu le 14 janvier, jour où fut rapporté le Petit-Reliquaire, en 1750, on rappelle ainsi à Bais, chaque année, les deux grands retours des reliques de saint Mars au lieu où il naquit, vécut et mourût
Reliques éparses
Y a-t-il, ailleurs qu’à Bais, des ossements du saint ? Il y en a. Le 14 juin 1843, lors de la dernière reconnaissance des reliques, M. Guilloys, curé de Notre-Dame de Vitré, donna deux petits ossements aux Ursulines de sa paroisse et à la chapelle où se réunissait sa congrégation des hommes.
En 1895, M. Trublet, alors vicaire à Notre-Dame de Vitré, fit donner à cette paroisse une petite partie du fémur conservé dans le petit-reliquaire de Marsé depuis 1750. M. Gefflot, curé de Bais à cette époque, voulut bien remettre cette parcelle à M. Durocher, curé de Notre-Dame, en souvenir du séjour qu’avait fait le grand reliquaire, en son église, de l’an 1790 à l’an 1843. Devant témoins, le petit reliquaire fut ouvert ; on scia le fémur qui y repose, et, après ce prélèvement, on referma soigneusement la châsse, en y apposant le sceau du cardinal Brossais-Saint-Marc.
La sciure elle-même, tombée de l’os, fut pieusement recueillie par M. l’abbé Crublet, enfermée dans un petit cadre et remise à M. Augustin Crublet, de Liffré, qui possède l’armoire où Mme Crublet avait tenu caché le petit reliquaire, de 1798 à 1804. Cette armoire ne pourrait-elle prendre place en la chapelle de Marsé ? C’est le souhait qu’exprima M. le chanoine Crublet avant de mourir.
Enfin une belle relique, un bout du péroné de sept à huit centimètres de longueur, fut remis par le même abbé Crublet à l’école chrétienne des filles de Bais, pour remplacer la statuette en bois de saint Mars qui avait longtemps couronné l’autel de leur chapelle, ancien autel de l’église paroissiale.
Un mystère plane sur les deux côtes que le vicaire-général Alexis de Talhouët de Bon-Amour avait déposées dans le petit reliquaire en 1750. Que sont-elles devenues ? Il se peut qu’elles aient été enlevées de leur châsse lors du cantonnement des soldats dans l’église de Bais en 1798. Il n’en est question ni lors de la reconnaissance effectuée en 1846, ni lors du prélèvement de 1895.
(1) Sur cette question de l’épiscopat nantais de saint Mars, voir la discussion serrée qui parut, en 1946, dans le Bulletin de la Société Archéologique et Historique de Nantes et de Loire-Atlantique.
(2) Le pain bénit, l’eulogie disait les anciens, ne saurait être l’Eucharistie, car, dans ce cas, saint Mars n’aurait pas vu, dans sa manducation, une rupture de son jeûne.
(3) Voir pins liant, chapitre premier.
(4) Cette lettre du baron Guy, déposée dans le reliquaire de 1521, fut soigneusement remise en celui de 1743, que l’on conserve en l’église de Bais. Il en fut de même de celle de Frère Yves, évêque de Rennes.
(5) Quand l’évêque parle du trésorier de la Collégiale, il désigne celui qui veille, non sur les finances, mais sur le « trésor », c’est-à-dire sur les Reliques. — Bruz est actuellement une paroisse, située au sud de Rennes, très proche de la ville.
(6) Persécutés par la reine Elisabeth et ses successeurs, les catholiques d’Irlande étaient venus en grand nombre à Nantes ; ils y fondèrent un séminaire, vers 1678, lequel reçut des lettres patentes de Louis XV en 1765. Les prêtres sortis de cette pépinière prirent souvent du service à Nantes et au delà. Leur chapelle Saint-Patrice n’a été détruite qu’assez récemment ; il en reste le portail d’entrée. Le séminaire même avait été détruit par la Révolution.
(7) Le « général » de Bais n’était pas autre chose que le conseil de fabrique, ou le conseil paroissial. Il avait alors la responsabilité de la gérance des biens de la paroisse.
(8) Que sont devenus les fragments ramassés ? Nul ne le sait. Pour l’un d’eux, pourtant, on sait qu’il fut recueilli à Cossé-le-Vivien. Le sacristain de Vitré, ayant ramassé l’un des ossements épars sur le sol, l’emporta à Cosse ; il s’appelait Brau ; il donna cette relique au vicaire de Cosse, nommé Huaud, qui l’enveloppa de son mieux et l’enferma dans une boîte, avec une note de sa main écrite le 1er mars 1795. « J’ai préparé ce petit reliquaire, dit-il, pour le conserver (l’ossement) avec le plus de vénération qu’il m’a été possible. »
La paroisse de Bais. diocèse de Rennes, Chanoine, Jean-Baptiste RUSSON
Bulletin de la Société Archéologique et Historique de Nantes
Daniel Dahiot – Septembre 2016/2024 – LES AMIS DU PATRIMOINE DE BAIS