Le personnage de Saint-Mars de Bais, semble laisser dans l’histoire une grande zone d’ombre, était il l’évêque de Nantes comme prétendu ou un simple prêtre ou un moine-ermite.
Ce Saint Mars ayant fait couler beaucoup d’encre depuis le IXème siècle, voir des siècles avant. Nous retrouvons le nom de Saint-Mars associé dans trois ouvrages, les vitae Melanii, que les Bollandistes ont recensées dans leur Bibliotheca Hagiographica Latina(1).


Ensuite entre le XVIIIème et IXème siècle, des écrits contradictoires vont se multiplier, de nombreux, curés, abbés, prêtres, moines, chanoines, enfin tout ce clergé qui allait graviter autour de l’histoire de Saint-Mars.


Des historiens comme Bertrand d’Argentré, Arthur de La Borderie. Bernard Merdrignac, etc… Que dire de plus, qu’il y a eu un coupable, celui qui était situé tout en haut de l’échelle, celui par qui l’embrouille est venue.


Une frange de ses hommes qui avait compris les erreurs, comme de La Borderie, mais la personne qui sut décortiquer tout cela était un professeur émérite d’histoire médiévale à l’université Rennes 2, décédé en 2013. Il est l’auteur du livre ; « L’Évolution d’un cliché hagiographique »(2).


Bernard Merdrignac, a je dirais remis de l’ordre chronologiquement dans les trois différentes versions des vitae Melanii, parus à plusieurs siècles d’intervalles.
Mais après avoir travaillé un certain temps avec cet étude de Bernard Merdrignac, je suis tombé en décembre 2020 sur une thèse en Master 2, Cultures, Civilisations et Sociétés, une soutenance de Anna Rudelt avec Mémoire de recherche en Histoire Médiévale. Action et Mémoire de l’évêque & Saint-Melaine de Rennes. Il s’agit d’une recherche historique sur Saint-Melaine, mais avec une approche plus scientifique. La thèse est un document de 283 pages, il ne s’agit pas pour moi d’en reprendre les grandes lignes, Saint-Mars est bien évidement abordé dans cette thèse. Bernard Merdrignac ayant été la personne ayant défriché par son étude sur les vita, il se trouve largement mis à l’honneur pour son travail dans cette thèse.


Cela à partir d’une version ancienne qui était peut être datée d’avant l’an 853(3), nous sommes au IXème siècle, soit trois siècles après la mort de Saint-Melaine, son hagiographe(4), (un auteur qui écrit l’œuvre des saints), est inconnu, il est fort à penser que son auteur est tombé sur des anciens manuscrits aussi sincère que possible il en a été la restitution historique. Bernard Merdrignac en étudiant les différentes versions, a ainsi décortiqué les indices qui lui a permis de proposer une solution.
La première version la plus ancienne, serait la BHL 5888, la Vita S. Melanii major, elle est datée peut être d’avant l’an 853. La suivante, la 5887-5889, en donne le terme domnus, qui lui donne un certain cachet d’antiquité quand même.

Puis suivie de la vitae BHL 5887-5889, et d’une autre version, la BHL 5890), où se trouve l’expression parrochia venetensis, au sens de diocèse de Vannes. « parrochia venetensis », Cette expression tombe en désuétude au Xème siècle, ce pourrait donc aussi être un signe d’ancienneté de cette vitae. Dans la vitae suivante, la BHL 5891, y substitué le mot provincia. De même, alors que les deux autres textes parlent de Sanctus Melanius, il est relevé dans cette vita BHL.

Enfin, alors que la vita BHL 5891, (vers le VIIème ou début du VIIIème siècle), il est fait mention de l’intervention d’un pedagogus dans l’éducation de Melaine, ce qui sent sa Renaissance Carolingienne, alors qu’ il n’en serait pas du tout question dans la version BHL 5887-5889(6 et 7). Quand à cette troisième version, la BHL 5890, elle serait une version interpolée de la fin du XIème siècle, ou du début du XIIème siècle. Dont l’auteur serait selon B. Merdrignac, attribué à l’évêque Marbode. Dom François Plaine, le moine Bénédictin(8), y voit dans cette version, un panégyrique, c’est à dire un discours, un éloge fait devant un public ou un écrit, pour quelqu’un, une version adressée une dédicace faite à Saint-Melaine, devant les frères de l’assemblée du monastère.

De cette version BHL 5890, son auteur dit qu’il a écrit à la demande de l’auteur de texte en prose, qui dépeint comme étant un écrivain célèbre. Cette version est dite par Bernard Merdrignac ; est dite « interpolée », c’est à dire, un extrait de texte introduit dans une œuvre à laquelle il n’appartient pas. De La Borderie, avait dit qu’une édition était viciée. Et qui était le mieux placé à cette époque pour en parler. Eh bien l’évêque Marbode de Rennes, un éloge réalisé en la mémoire de son prédécesseur. Marbode était un écrivain et un auteur de poèmes. Saint-Melaine fut le huitième évêque de Rennes, entre 505 et 530.

Quand à Marbode, ou appelé autrefois Marbœuf, il exerça son ministère à partir de 1096 jusqu’à sa mort en 1123. Les erreurs sont perpétuées d’auteurs en auteurs, selon la version étudiée. A qui la faute Marbode, ou à ses prédécesseurs. La version dite Gallia Christiana de Messieurs de Sainte-Marthe(9). Cette version elle aussi dite interpolée, prise d’après les précédentes ! Il existe différentes versions de la vita de Saint-Melaine. La première dite vita prima, la vita interpolata (BHL 5889-5890) écrite entre le IXème siècle et le XIème siècle, la vita secunda (BHL 5891), elle écrite entre le IXème et le XIème siècle, et une vita métrique qui se base sur la vita interpolata écrite au XIème siècle, et une vita tardive de la fin du XIème et du début du XIIème siècle. Ces versions sont le fruit des remaniements du texte de la vita prima qui constitue la base commune de toutes ces versions selon les informations de l’étude d’Anna Rudelt. Nous allons poursuivre notre étude sur Saint-Mars.

A partir des ses trois versions que vous connaissez maintenant, différents auteurs vont parler de ce Mars. Jean Marie Guet(10) a réalisé sa brochure à partir d’un curieux mémoire, comme il le dit, laissé par un prêtre et curé, Pierre Chedmail, nous devons cette source dans les cahiers des archives de la paroisse de Bais, Il est ainsi noté : Pierre Chedmail, né à Bais, fut nommé curé d’office de cette paroisse le 27 novembre 1738. Il devient recteur de Saint Aubin du Pavail le 9 août 1755. C’est en piété pour Saint-Mars avec un curieux mémoire qui contient tout ce que la tradition a conservé sur la vie du glorieux patron de cette paroisse, que quelques prêtres de Bais détenaient dans leurs archives.

Mais qui était donc ce Saint-Mars, après avoir travaillé de longs mois à dépouiller des tas d’anciens livres, des documents, Saint-Mars fut il l’évêque cité par certains, un moine, un ermite, une guéguerre ouverte entre des ecclésiastiques et des historiens, qui se révèle au fur et à mesure de l’étude des anciens documents. En septembre 2018 coup de théâtre, on me prête deux anciens livres et un carnet, le premier est un carnet livre, un ancien manuscrit en velin, (je tiens à remercier Marcel Gallier pour la sauvegarde des anciens documents, sauvés de la destruction, lors du déménagement du presbytère), je découvre tout de suite de quoi il s’agit, du fameux mémoire du curé Pierre Chedmail, quelle découverte importante, un manuscrit du XVIIIème siècle, de format 14X17 cm, d’une belle écriture à l’encre sépia, un manuscrit de 60 pages(11).

Le document est difficile à déchiffrer néanmoins, le temps ayant passé par là. Il est signé Pierre Chedmail prêtre curé de Bais, mais sans date. A la suite du manuscrit se trouve 8 pages signées Jean Chumier prêtre curé de Baye. Il s’agit de la translation des reliques du chef et fémur de Saint-Mars. Le second manuscrit est la copie du mémoire de Pierre Chedmail, une retranscription sans doute plus facile pour les lecteurs, d’une écriture plus moderne, plus lisible, à l’encre noire, je pense reconnaître l’écriture du curé Chumier. Quel trésor ce manuscrit du curé Chedmail, ce prêtre a tout simplement mené une enquête qui débute avec une source datant de 1705, puis l’histoire de la première translation des reliques du Saint-Mars. Pierre Chedmail n’a pas cherché à écrire une histoire sur Saint-Mars, mais il a bien mené une enquête et son manuscrit est un condensé des différentes sources, de différents auteurs de l’époque qui parle de Saint-Mars.

Quand nous lisons le livret du curé Guet, nous y trouvons une histoire fabuleuse de Saint-Mars, l’histoire de la source miraculeuse, le miracle de la disparition des fougères. Son eulogie transformée en serpent. Etc… S’il fallait comparer entre ce manuscrit et le livret, je dirais qu’il s’agit d’une littérature fiction d’un homme d’église, dommage, nous connaissons le roman à l’eau de rose, ici nous avons un roman à l’eau bénite. Le curé Jean Marie Guet avait eu la possibilité en ayant le manuscrit et de sa copie, d’approfondir, de se poser les bonnes questions, Pierre Chedmail ayant développé par ses écrits les différents désaccords entre les historiens de l’époque. Après cette première publication publique de Jean Marie Guet en 1884, plusieurs autres auteurs vont écrire sur Saint-Mars en prenant référence sur cette édition, notamment Stéphane de La Nicollière-Teijeiro(12). L’Abbé Crublet(13). Le Chanoine Jean-Baptiste Russon(14).

Nous allons maintenant étudier, retranscrire les informations de ce précieux manuscrit du curé Pierre Chedmail. Il commence par écrire en grand : Remarques Curieuses sur Saint-Mars dont les reliques reposent dans l’église Collégiale de la Magdelaine de Vitré, avec ses procès verbaux des translations des mêmes reliques faites dans les années 1521 et 1743 et l’an 1750. Puis une autre translation d’une portion des dites reliques, consistant dans le fémur de la cuisse droite et deux côtes, accordés par le chapitre de la dite Collégiale à Noble et discret messire Michel Coury. (Nous aurons l’occasion de reparler de ce recteur honoraire de Bais).

Pierre Chedmail, à la page suivante, va écrire encore en grand avertissement St. Mars, dont on donne ici quelques mémoires à pris naissance dans la paroisse de Bays près de la ville de Guerche, diocèse de Rennes Province de Bretagne au village nommé Marcé qu’on reconnaît encore dans la même paroisse pour le patrimoine de ce saint, et peut être de ce village que Saint-Mars a tiré son nom, ou bien c’est pour perpétuer sa mémoire qu’on a donné à ce village le nom de Marcé. D’autres le disent confesseur non pontife, d’autres enfin distinguent deux saints du même nom. Marsus dont l’un fut évêque de Nantes ou un autre prêtre, quoi qu’il en soit, dorénavant dans toutes les églises ou l’on fait la fête de Saint-Mars, on la célèbre du second commun d’un confesseur pontife avec deux leçons propres au second nocturne, qui sont un abrégé de sa vie bien dans les églises qui n’ont pas cette légende on fait tout du commun. Mais on a longtemps fait l’office de Saint-Mars comme d’une confesseur non pontife dans la Collégiale de Vitré ou reposait son corps, mais comme le sentiment de ceux qui le disent Évêque de Nantes à paru le plus sur, on a suivi depuis quelques temps l’usage des autres églises qui le reconnaissent pour leur patron. Remarques sur Saint-Mars.

De toutes les mémoires qu’on a recherché au sujet de Saint-Mars, on n’a rien trouvé de plus satisfaisant que ce qu’en ont écrit le révérend père Rémi Jean religieux augustin Saint prieur du monastère de Vitré en 1705. Et du révérend père Albert, Le Grand religieux Dominicain(13) et Dom Alexis Lobineau, prêtre religieux moine bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, dans les vies des saints de Bretagne(15). C’est donc avec le révérend père Rémi Jean que nous devons malheureusement le changement de statut de Saint-Mars, de l’ermite de Bais, en évêque de Nantes à partir des recherches de ce prieur du monastère de Vitré en 1705.

Devons le blâmer de cette erreur, ce saint homme d’église a eu le malheur de tomber sur les mauvais documents de l’époque, nous allons vous expliquer dans la poursuite de l’écriture de ce livre, les raisons des erreurs commises quelques siècles, antérieurs à 1705. Nous allons reprendre le contenu du manuscrit., du curé Pierre Chedmail. Nous le retrouvons en 1727, dans la poursuite des recherches, il met en tête la lettre du Révérend père René Jean, en forme de dissertation, pour acquit ne fait aucun doute que Saint- Mars n’ait été le quatorzième évêque de Nantes, au lieu que le Révérend père Albert Le Grand le dit ermite ou religieux(16) et que le révérend père Lobineau(17) fait mention de deux Saints du même nom. Cette lettre adressée à Mrs. Les Vénérables Trésorier et Chanoines de l’église Collégiale de Vitré.

Je satisfait autant qu’il m’est possible au désir que vous avez de savoir si Saint-Mars dont vous possédez les reliques dans notre église doit être honoré sous le nom d’un simple confesseur comme nous l’avons fait jusqu’à présent, ou sous le titre d’un confesseur pontife. Comme il est représenté dans l’église paroissiale de Bays dont il est Patron. D’après l’abbé Crublet. il existait une ancienne verrière, qui fut détruite dit il, elle se trouvait dans la fenêtre du transept nord.

Le personnage représenté portait la tonsure monacale, vêtu d’une robe de moine, à genoux, près d’une crosse, d’une mitre et autres insignes épiscopaux, les mains jointes et les yeux levés vers le ciel, dans l’altitude de la prière. C’était leur saint patron. Cette verrière ne fut pas remplacée lors des travaux de 1886. La difficulté qu’on trouve a éclaircir cette matière est fondée sur cette diversité de culte qui est pourtant rendu au même saint, car il est sans doute que le Saint-Mars de Bays est le votre et celui de tout le diocèse de Rennes dont l’ancien bréviaire en marque la fête au mois de juin sous le nom d’un confesseur simplement non pontife. Et dans l’ancien missel du même diocèse il en est fait mention comme d’un prêtre Santi marsi presbiteri. D’ailleurs les églises qui le reconnaissent pour patron le font représenter avec la chape et la mitre qui sont les ornements propres à des saints prélats. Comme les historiens ne nous parlent point de deux saints qui ayant porté le nom de mars en latin marsus il faut manifestement qu’il y ait eu l’erreur de part ou d’autre.

Ceux qui ont cru que Saint-Mars n’était pas un évêque ont fondé leur créance sur la faute qu’ont fait quelques historiens d’avancer que Saint-Aubin était évêque d’Angers, Saint-Victor du Mans, Saint-Mars de Nantes et Saint-Lô de Coutances, quatre grands saints prélats, qui étaient retournés au premier concile d’Orléans avec Saint-Melaine, évêque de Rennes. Cette erreur avancée par Pascal Robin seigneur Du Faux(18), a été corrigée par René Benoist(19), Docteur en Théologie et le professeur Royal dans sa première édition aux Vies des Saints, et il est sans doute que cette erreur était trop grossière pour n’être pas reconnue. Saint-Aubin et Saint-Victor n’ont point souscrit au premier concile d’Orléans et l’évêque de Nantes qui y souscrivit s’appelait Epiphane ou Epiphanios en l’an 511.

Nous retrouvons cet évêque Epiphane ainsi nommé par Messieurs de Sainte-Marthe dans le Tome II de la France Chrétienne. Conformément à la souscription des trente trois évêques qui composèrent ce concile ou Saint-Melaine parut avec les autres. Comme le remarque Du Saussay dans son Martyrologe français, le six du mois de janvier. Cet Epiphane dont nous venons de parler eut pour successeur à l’Évêché de Nantes, notre Saint-Mars qui fut le quatorzième Évêque. Immédiatement après Epiphane en ces termes, tome 3, page 760. Epiphanius du temps de Clovis premier Roi de France assista avec Saint-Melaine au premier concile donné à Orléans. Saint-Mars, dit en latin marsus grand ami et familier de Saint-Melaine ce sont les propres notes de l’auteur.

Messieurs de Sainte-Marthe nous disent que son nom, en latin marsus et il ne faut pas être surpris d’un mémoire si succincte puisqu’ils avouent eux mêmes qu’ils ne parviennent pas à un dénombrement plus exact des évêques de Nantes, les archives de l’église n’en donnant plus. Dans le dénombrement que M. D’Argentré fait des évêques de Rennes, il dit que St Melaine fut fort familier de St Aubin évêque d’Angers, de St Mars évêque de Nantes, de Victor évêque du Mans et Saint-Lauton. On ne peut pas douter que ce marsus ou mars fut le quatorzième Évêque de Nantes il fut contemporain de Saint-Melaine, puisqu’il était en l’an 411, et que M. D’Argentré dans son histoire de Bretagne le met immédiatement après Epiphane en ces termes, tome 3, page 760.

Epiphanius du temps de Clovis premier Roi de France assista avec Saint-Melaine au premier concile donné à Orléans. St Mars, dit en latin marsus grand ami et familier de Saint-Melaine ce sont les propres notes de l’auteur. Cet auteur ne voulant pas se donner la peine d’examiner qui était ce Saint Lauton, car il n’eut pas manqué de dire qu’il était l’évêque de Coutances en la Normandie. Il faut faire cette réflexion qui est nécessaire pour entendre dans un endroit du Gallia Christiana de Messieurs de Sainte-Marthe où il est dit que quatre évêques assistèrent aux funérailles de Saint-Melaine et les quatre sont appelés sanctus Victor, Sanctus Landulphus et Sanctus Marsus. Comme il ne se trouve pas dans les historiens de Saint-Landulphe qui ait été ami de Saint-Melaine, il faut que Mrs. de Sainte-Marthe est confondu avec Saint-Lauton ou Saint-Lô, évêque de Coutances dont il est parlé dans le livre d’Argentré.

Comme d’un ami et d’un familier de Saint-Melaine. La méprise de Mrs. de Sainte-Marthe qui ont mis Landulphe au lieu de Lauton put venir de la négligence des imprimeurs d’une espèce de ressemblance qui se trouve entre ces deux mots Latin Landulphus et Laudus ce dernier étant le même que Lauton. Le témoignage même de Mrs. de Sainte-Marthe, qui prouve ne laisse aucun lieu d’en douter, disent qu’il faut corriger la liste des évêques de Coutances ou ces deux mots Lautus et Laute sont pris pour signifier deux saints différents. (Saint-Landulphe ou Lau fut évêque d’Evreux).

Cette petite dissertation sert à montrer que Saint-Mars était du nombre des quatre saints prélats qui assistèrent aux funérailles de Saint-Melaine. Pour être donc en droit de faire l’office de Saint-Mars comme d’un simple confesseur, il faudrait trouver un autre saint homme nommé marsus qui n’ait point été prélat, et au contraire l’ancien bréviaire du Diocèse de Rennes mettant Saint-Mars entre les saints qui assistèrent aux funérailles de Saint-Melaine, cela confirme que le saint dont vous célébrer la fête au mois de juin selon l’ancien usage, est le même marsus dont parlent Mrs. de Sainte-Marthe dans la vie de Saint-Melaine, où il est nommé évêque.

Il ne faut point s’en tenir à l’ancien bréviaire de Rennes dont les auteurs firent un office de neuf Leçons pour le jour de Saint-Mars. Leçon au reste remplies de circonstances improvisés telles que sont celles de l’eulogie changée en serpent et pris aussitôt sa première forme, tout cela sent la simplicité du siècle où cette histoire fut composée. Je ne veux point citer l’historien qui a écrit la vie des Saints de Bretagne pour acquit, il a trop donné dans tous les faux mémoires qui lui sont parvenus, pour avoir un peu plus ample éclaircissement, vous pourriez Messieurs attendre la belle histoire que les mauristes hommes de la Congrégation de Saint-Maur, doivent bientôt mettre à jour. Ce dernier donne quand même son nom : (Le père Lobineau)(20).

Si en attendant vous voulez demander permission a Monseigneur L’illustrissime Évêque de Rennes de faire l’office de Saint-Mars comme d’un confesseur pontife, vous pourriez appuyer notre demande sur les raisons que j’allègue ici en peu de mots. La tradition nous apprends que Saint-Mars est né au village de marsé, paroisse de Bays, diocèse de Rennes, cette paroisse le reconnaît pour Patron de son église et il y est représenté sous la figure d’un saint évêque il y a au pays d’Ancenis diocèse de Nantes, une église qui porte le nom de Saint-Mars, en latin marsus et l’on en fait l’office comme d’un évêque, il se trouve dans les historiens de Bretagne qu’un Saint-Mars, marsus et Mrs. de Sainte-Marthe(21), et M. D’Argentré et René Benoist, le disent évêque de Nantes contemporain de Saint-Melaine et Saint-Aubin.

L’ancien bréviaire de Rennes le marque ainsi quoi qu’il ni soit pas nommé évêque par un défaut de l’exactitude a examiner son histoire, pour moi je crois qu’on doit soigneusement éviter la diversité du culte à l’égard d’un saint, et que pour rendre ce culte uniforme dans toutes les églises, il faut faire l’office de Saint-Mars comme d’un saint pontife. User s’il vous plaît, Mrs, ce petit éclaircissement comme une marque du désir que j’ai de vous témoigner que je sais avec tout le respect possible. Votre très humble Serviteur. Frère René Jean Prieur des augustins de Vitré, à Vitré le 14 février 1705.

Nous avons ensuite sur 3 pages et demi, le texte du second nocturne, leçon 4ème. C’est à dire Mars ou l’abrégé de l’histoire de sa vie pour son office double. L’oraison Est Exaudi du Second Commun d’un confesseur pontife dans l’église paroissiale de Bays dont il est originaire et patron. Le texte comprends 10 lignes en latin et idem pour la leçon 5ème, du IIème nocture. La VIème leçon est du commun comme le reste de l’office. La messe est Sacerdotes et on y doit réciter le Credo. Le texte se trouve traduit du latin et en français, il est un résumé où il est désigné être le successeur après Epiphane, comme le 14ème évêque de Nantes.

En fin de compte le grand plaidoyer du frère René Jean Prieur, des augustins de Vitré, fut exaucé. Nous avons ensuite le curé Pierre Chedmail qui poursuit ses recherches sur Saint-Mars, le XIVème évêque de Nantes ou pas. Le père Albert Le Grand dans son catalogue(22), ne fait aucune mention de Saint-Mars, le 14ème évêque de Nantes et de successeur immédiat d’Epiphanios, ou Epiphane, qui est mis s’y devant au 13ème rang des évêques de ce diocèse, mais il cite pour 13ème, l’évêque Clematius, Clemens ou Clément Ier qui d’archidiacre de Nantes en fut évêque, et consacré par Volusianus ou Volusien, archevêque de Tours sur la fin de l’année 498.

Il est dit dans ce catalogue chronologique sur ce marcus ou marcus, qu’il fut le cinquième évêque de Nantes en l’an 337. Sous les Papes Saint-Marc et Saint-Jules premier, les enfants de Constantin le Grand empereur ; Constantin Second (Constantin II (Flavius Claudius Constantinus Augustus en latin), et pendant la persécution de Julien L’apostat (Flavius Claudius Julianus, nommé Julien l’Apostat par la tradition chrétienne), mais cet évêque s’appelait marcus et non marsus et vivait dans le quatrième siècle au lieu que le notre Saint-Mars a vécu dans le sixième siècle l’an 511, et qui assista aux obsèques de Saint-Melaine le six janvier 567.

D’ailleurs depuis Saint Clair, le premier évêque de Nantes et qui est mort vers environ l’an 96. Jusqu’à Gabriel de Beauvau, 95ème évêque de Nantes et qui n’était pas encore sacré lors de la fondation de ce catalogue il n’est fait aucune mention de l’évêque mars ou marsus, au contraire la vie de Saint-Melaine évêque de Rennes, il est dit que ce saint alla à Angers vers l’an 564, pour visiter Saint-Aubin son intime ami et son compatriote, étant tous deux du diocèse de Rennes, et qu’il mena avec lui un saint religieux nommé mars originaire de la paroisse de Bays, Diocèse de Rennes, étant arrivé à Angers il y trouva Saint-Victor, évêque du Mans et Saint-Lauton évêque de Coutances qui étaient aussi d’ailleurs venus visiter Saint-Aubin que le lendemain, ces cinq saints allèrent ensemble dans la Chapelle de Notre-Dame-du-Ronceray qui était alors hors la ville, et maintenant dedans, en deçà la rivière du Maine.

Où Saint-Melaine célébra la messe, soit que Saint Aubin par respect lui déféra l’honneur, ou ce qui est plus probable que l’évêché de Rennes s’entendit pour lorgner jusqu’à cette rivière aussi bien que la domination de nos princes Bretons, et selon la louable coutume de ce temps là, il bénit les eulogies, (Pierre Chedmail précise en bas de page : les eulogies étaient en ce temps là du pain ou autre chose bénite que l’on distribuait aux prêtes en guise de charité, union et communion catholique). Cette courte phrase va avoir toute son importance par la suite, nous allons la retrouver dans l’étude de Bernard Merdrignac. N’oublions pas que ce travail, ce manuscrit, du curé Chedmail date du 18ème siècle.

La collégiale Sainte-Madeleine de Vitré La collégiale Sainte-Madeleine de Vitré

Vous venez de découvrir, le courrier du Frère René Jean Prieur des Augustins de Vitré, à Vitré le 14 février 1705. Il a fallut quand même vingt deux années d’attente pour le Frère René Jean, afin de voir son vœux exaucé auprès des Trésoriers de la collégiale Sainte-Madeleine de Vitré, pour que soit reconnu le saint de Bais comme étant un évêque de Nantes.

Pourquoi un délai si long de la part des Trésoriers de la collégiale, nous ne serons jamais la vérité. Le premier élément que Frère René Jean écrit, il dit : en parlant de mars, il est représenté avec sa mitre auprès de son pied gauche, et la crosse non pas en main, mais derrière lui. Ce qui signifie qu’il a renoncé à sa charge épiscopale. Il semblerait que cette information ai été inventée par ceux que Frère René Jean, nomme Mrs. de Sainte-Marthe, de la congrégation de Saint-Maur(23). Frère René Jean relève que ses derniers ont commis des grossières erreurs avec les quatre évêques du premier concile d’Orléans. Dans l’ouvrage du Martyrologe français d’André Du Saussay, indique que Saint-Mars fut le quatorzième Évêque de Nantes après Epiphanius. Mais ses Messieurs de Sainte-Marthe nous disent que son nom qu’ils ne parviennent pas à un dénombrement plus exact des évêques de Nantes, les archives de l’église n’en donnant plus. Mais comme le dit Frère René Jean, puisque M. D’Argentré, le met dans son livre.

Mais une de ses premières erreurs, de cette chaîne en revient donc à cet auteur André Du Saussay, puisque nommé plus haut(24). Il existe et cela de façon irréfutable un catalogue officiel des évêques de Nantes. Il s’agit du manuscrit 465 et 450 de la Bibliothèque Vaticane, lequel se trouve être le plus ancien catalogue avec la liste des évêques de Nantes(25). Le premier est du XIème et le second du XIIème ou XIIIème siècle. Deux catalogues dits inédits en 1787. Et ce Marcius, évêque de Nantes est bien donné vers 383, et rien pour un autre homonyme, qui aurait été intercalé après cet évêque Epiphane et Eumalius, donné vers 515.

Laissant alors un trou vacant de quelques années. Des auteurs qui n’ont travaillé que sur la version interpolée, se trouvent face à dilemme, d’accord nous avons un certain Marsus que l’on dit évêque de Nantes, et un autre que l’on dit être un proche de Saint-Melaine ayant assisté à ses funérailles à Rennes. Reprenons le texte du curé Pierre Chedmail. le Révérend père Albert Le Grand le dit ermite ou religieux et nous avons la confirmation du révérend père Lobineau qui fait mention de deux Saints du même nom. Selon les dires de Frère René Jean dans sa lettre. Frère René Jean à eu le malheur que de se fier qu’à ses auteurs que nous avons énuméré. Frère René Jean, dit : Pour être donc en droit de faire l’office de Saint-Mars comme d’un simple confesseur, il faudrait trouver un autre saint homme nommé marsus, qui n’ait point été prélat.

L’ancien bréviaire du Diocèse de Rennes mettant Saint-Mars entre les saints qui assistèrent aux funérailles de Saint-Melaine. J’avoue que dans ce passage, Frère René Jean, s’embrouille sérieusement. Il poursuit de ce qui nomme sa petite dissertation sert à montrer……..

« Il ne faut point s’en tenir à l’ancien bréviaire de Rennes(26) dont les auteurs firent un office de neuf Leçons pour le jour de Saint-Mars. Leçon au reste remplies de circonstances improvisés telles que sont celles de l’eulogie changée en serpent et pris aussitôt sa première forme, tout cela sent la simplicité du siècle où cette histoire fut composée ». J’ai fini par comprendre le rejet de Frère René Jean, concernant l’ancien bréviaire, ayant moi même, épluché, décortiqué depuis des mois toute cette histoire de quiproquos liés à Saint-Mars, qui dure, dure depuis des siècles.

Il dénonce le père Lobineau en le nommant. Cela devait remonter à une histoire passée entre l’abbé de Vertot, qui visait particulièrement le bénédictin dom Lobineau qui avait publié en 1707 une Histoire de Bretagne rapidement érigée en enjeu idéologique(27). En prenant une expression de notre siècle, dom Lobineau, devait dans son esprit traîner des casseroles. Mais il y a un autre fait, que le Révérend père Albert Le Grand, mettait en doute envers son collègue dom Lobineau. Un dilemme quoique purement religieux. Mettant en jeu deux opinions différentes. « Le premier miracle de Saint-Mars, reconnu ou assimilé pour un miracle est décrit par le révérend Père Lobineau, à propos de son eulogie transformé en serpent, puis ensuite il reprends sa forme d’eulogie.

Dans le XVIème siècle, on regardait ce miracle comme vrai, et non pas comme un remord de conscience. Les termes sont clairs, forts expressifs, et ne peuvent s’entendre autrement qu’à la lettre. Ils ne peuvent voir été pris que sur des mémoires plus anciens, et cette tradition a passé de siècle en siècle surtout dans les lieux où on a honoré Saint- Mars d’un culte particulier.

Du reste qu’on en juge ce qu’on voudra ».

Par contre le Père Albert Legrand en parle comme étant un remord de conscience vis à vis de sa méprise dans le jeûne. Nous y voyons donc dans ce dernier texte, deux opinions bien différentes sur la façon d’aborder la définition du miracle. Ce qui à priori a marqué l’esprit du Frère René Jean, dans cette opposition, de cette autre vision du saint miracle. Ce qui d’ailleurs encore une fois de plus, va embrouiller les esprits à d’autres auteurs en lui attribuant une série de prétendus miracles, liés à notre Saint-Mars. Voici le dernier passage de la lettre de Frère René Jean, où encore cette dernière insertion se trouve complètement fausse.

« La tradition nous apprends que Saint-Mars est né au village de marsé, paroisse de Bays, diocèse de Rennes, cette paroisse le reconnaît pour Patron de son église et il y est représenté sous la figure d’un saint évêque il y a au pays d’Ancenis diocèse de Nantes, une église qui porte le nom de Saint-Mars, en latin marsus et l’on en fait l’office comme d’un évêque ». Cette affirmation est complément fausse, il existe bien une Chapelle Catholique Saint-Marc à Nantes. Et actuellement une église Saint-Marc, de la paroisse de Sainte-Marie-de-Doulon. Et celle de Saint-Marc (Malakoff). Et Saint-Médard (Vieux Doulon). Toutes ses églises sont liées au même vocable, de Saint-Médard de Noyon ou Mars. Saint-Mars est une déformation de Saint-Médard.

Ce que ne manqueras nullement l’abbé Guet de faire croire à ses paroissiens que Mars fut le saint évangéliseur, de nombreuses paroisses des diocèses de Nantes et de Rennes, entre autres Bais, Saint-Mars-d’Olivier, Saint-Mars-la-Jaille, et Saint-Mars-de-Coutais, etc… Qui l’avaient pris pour patron et célébraient sa fête sous le rite double d’un confesseur pontife. Puis au fil des siècles, le souvenir de Saint-Mars alla s’affaiblissant dans le diocèse. Puis quelques paroisses qui s’étaient mises sous son patronage et qui en n’avait pris son nom, choisirent par la suite Saint-Marc et puis d’autres Saint-Médard(28).

Comme quoi il se trouve aisé de modifier l’histoire, de mystifier un personnage. Voici une étude J. Baudry. Le cas de Saint-Mars. Ce dernier a montré que le patron de Saint-Mars-la-Jaille était bien Saint-Médard, mais que le territoire de la commune s’appelait dès l’origine « terre de Mars » avant l’édification de la paroisse. L’auteur évoque l’éventuel héritage d’un marz celtique (frontière), ou encore une forme ancienne de « marais », mais privilégie de loin l’hypothèse d’une rémanence d’un ancien lieu de culte païen au dieu Mars. A l’appui de cette idée de J. Baudry, il montre que la déformation phonétique de « Saint-Médard » en « Saint-Mars » est survenu dans le langage populaire et s’est opérée au plus tard au VIIIème siècle.

Les deux noms s’équivalaient donc dès la fondation des dédicaces, si bien que bien des églises dédiées à Saint-Médard, étaient dès leur origine nommée Saint-Mars par le peuple. Dès lors, la christianisation d’un culte païen au dieu Mars trouvait une excellente occasion dans l’homophonie de ce dernier avec la prononciation populaire associée à Saint Médard. Dans le cas de Saint-Mars-la-Jaille, la chronologie toponymique illustre parfaitement ce mouvement d’un territoire associé primitivement à Mars puis reconverti en invocation au saint chrétien qui lui était homophone dans le parler populaire. Au crédit de cette hypothèse, nous ajouterons que la très grande majorité des communes dont le nom est un composé de « Saint-Mars » prend place au sein d’une vaste région s’étendant entre Rennes, Le Mans et Nantes, c’est-à-dire une zone où le culte du dieu Mars Mullo est aujourd’hui bien attesté et dans laquelle Bais y figure. Dans ce dernier cas, le culte païen aurait par la suite été christianisé non pas en son homophone Saint-Médard, mais aurait mis à profit les sonorités de la légende locale, en utilisant le patronyme de Martius.

Si nous lisons le passage du chanoine JB Russon, il dit que d’après le nom de Marsus, Son nom de Marsus, au surplus, nom essentiellement païen, nous prouve que sa famille n’était pas chrétienne(30). Et, en effet, nos livres liturgiques affirment tous qu’il fut baptisé par Saint-Melaine, si vous lisez la vie de Saint-Melaine tiré de ce vieux livre, quelques mots de la langue françoise, subsistent encore dans le texte(31).

Nous sommes au VIème siècle, avec Clovis, le premier roi chrétien du royaume des Francs. « Le Roi Hoël », connaissant l’esprit et la capacité de Saint-Melaine, et l’estime que tout le monde faisait de sa vertu, le fit son chancelier(32). Le Pape Symmachus fit, à la requête de Clovis, premier Roi Chrétien des Français, assembler un Concile de trente et trois Evesques à Orléans, pour donner ordre aux affaires de l’Église Gallicane et arrêter le cours de plusieurs erreurs et pernicieux dogmes, qui commençaient à pulluler parmi cette nouvelle conversion des Français. En ce Concile se trouvèrent, entre autres, « cinq Prélats, que l’Église reconnais pour Saints, à savoir Saint Gildart Archevêque de Rouen, Saint-Loup Evesque de Soissons, Saint-Theodose Evesque d’Auxerre, Saint-Quintian et notre Saint-Melaine ». Clotaire qui était décédé l’an suivant 564, Saint-Melaine s’en retourna en son Évêché(33).

Il alla une fois à Angers visiter son ami Saint-Aubin, son compatriote et bon ami, avec qui il s’était retrouvé dans le même diocèse de Vannes. Et après avoir emmené en sa compagnie un saint religieux, nommé Mars, originaire de la Paroisse de Bays, en son Diocèse ; étant arrivé vers Saint-Aubin, il y trouva Saint-Victor, Evesque du Mans, et Saint- Lauton, Evesque de Coutances, qui étaient aussi venus visiter ; le lendemain, ces cinq Saints allèrent visiter la Chapelle-de-Nostre-Dame-du-Ronceray. Nous reviendrons avec Chapelle de Nostre-Dame-du-Ronceray, avec Bernard Merdrignac.

Devons nous jeter la pierre à un des prêtres ou chanoines, ses hommes de l’église qui crurent trouver dans le saint ermite mars de Bais un évêque de Nantes. La faute remonte à bien des siècles en arrière avec la traduction des trois vitae Melanii des Bollandistes et des erreurs qui en suivirent. Nous trouvons notre Saint-Mars de Bais, au XVème siècle, dans les Bréviaires et missels des églises et abbayes bretonnes. Dans le calendrier en question, la liste des saints bretons n’offre pas de difficultés. Il se trouve signalé au 21 juin, saint Marsus, « prêtre, » doté de douze leçons à l’office des matines. Dans le bréviaire de Rennes de 1514, sous la même date, Marsus était appelé « confesseur non pontife ».

« Dans le calendrier du bréviaire de Saint-Yves, l’ancien official de Rennes, on lit au 21 juin » : « Marsi presbyteri. personnage vénéré a son foyer d’hommages au pays de Bais, dans le canton de La Guerche ». On croyait honorer, en le cultivant, un ami et un fervent de Saint-Melaine(34). Nous constatons toute la force de son culte à Rennes et à Vitré, dans la première moitié de ce XVème siècle. Il faut bien retenir ce passage « On croyait honorer, en le cultivant, un ami et un fervent de Saint-Melaine ». C’est bien ce qui fut retenu du personnage et par certains auteurs, un ami de Saint-Melaine, son diacre, celui par qui il avait reçu le baptême. Un moine, un prêtre sans aucun miracle, peut être fut il le premier prêtre de Bais en ce VIème. Il perdit à la mort de Saint-Melaine, son confesseur et maître. A propos de l’évêque Mars de Nantes, le texte est signé de La Borderie.

Quand Saint-Melaine, mourut dans sa retraite chérie de Plaz ou Placet, situé près de Redon. Où il allait se cacher avec bonheur toutes les fois que son ministère épiscopale n’exigeait pas sa présence à Rennes. Le bruit de sa mort promptement répandu amena aussitôt à Plaz les évêques des diocèses voisins liés de respect et d’affection avec le défunt, tels qu’Albinus (Saint-Aubin) d’Angers, Lauto (Saint-Lô) de Coutances, Victurius du Mans, et une foule de prêtres du diocèse de Rennes, entre autres Marsus, disciple cher à Saint Melaine, son compagnon habituel dans ses voyages.

La Vita Ia de S. Melanii, par la suite d’une rédaction vicieuse (35), semble faire de Marsus un évêque ; mais, selon la Vita IIIa qui exprime au sujet de ce saint la vraie tradition de l’église de Rennes attestée par son ancienne liturgie, Marsus était « un membre du collège de Saint-Melaine, unus ex collegio sanctissimi Melanii, » c’est à dire un prêtre du clergé de Rennes ou un religieux de l’abbaye de Platz, dont il avait reçu le baptême de la main du saint, « quem isdem vir (Melanius tinxerat in lavacro sacræ purificationis » (Vita IIIa S. Melan. §13, Catal. codic. haliographe. etc. Ibid. II, p.536).

Durant tout le Moyen Age, les moines et clercs ont rédigé à des fins édifiantes ou liturgiques, des vitae à la gloire des saints qu’ils honoraient. Ces hagiographes se proposent de situer l’existence du saint dans la perspective globale du Salut : les caractéristiques individuelles de leur héros ne les intéressent que dans la mesure où elles permettent de déchiffrer l’œuvre de Dieu dans l’église. Au besoin, certains n’hésitent pas, en toute bonne foi, pour édifier un mémorial à un saint dont ils ignorent tout, à accumuler les stéréotypes de la sainteté (vertus, miracles…) Dans ces conditions, on conçoit que l’on ait pu s’interroger sur la valeur de l’hagiographie comme source historique, et qu’après une vague d’intérêt au début du siècle, elle ait été longtemps quelque peu négligée.

Nous revenons à nos trois Vita S. Melanii et comment Bernard Merdrignac a réussi à les différencier dans le temps. Nous savons de même qu’Albert Le Grand a travaillé d’après la version de la vitae, la plus ancienne, où il est question du rendez vous dans la Chapelle de Notre-Dame-de-la-Charité. Selon la charte de fondation de l’abbatia Beata Maria Caritatis (« abbaye Notre-Dame-de-la-Charité »), elle date de 1028. Dans les versions plus récentes comme la BHL 5890(36), le rendez vous est donné à l’abbaye Notre-Dame-de-la-Charité, celui qui confère de dire que cette version est la plus récente dans le temps. Cette abbaye Notre-Dame-de-la-Charité, ou avec son nom commun de « Ronceray », fut reconstruite sur les ruines d’un ancien monastère (dans différentes pages du mémoire il est question d’une chapelle) qui fut nommé La Charité, elle fut édifiée au VIème siècle(37).

Saint-Melaine allait à Angers y voir son ami, accompagné de son diacre, mars. Il fut rejoint par les autres amis de Saint-Aubin, Saint-Victor et Saint-Lô. C’était un rendez vous situé en dehors de la ville d’Angers, le jour de la bénédiction de la chapelle de La Charité. Récemment construite par son ami Saint-Aubin. Le vocable de « charité » vient de la légende de l’eulogie de Melaine de Rennes. Le nom commun de « Ronceray », utilisé par commodité, vient de ronces enlaçant le pied d’une statue de la Vierge retrouvée dans la crypte en 1527.

Selon le travail réalisé par Bernard Merdrignac, sur le sens donné aux eulogies et par la suite de ce mystère, le refus de Saint-Mars de consommer son eulogie. La lecture de la première version permet d’éclairer les suivantes. « Le temps ayant tourné, l’homme de Dieu Melaine, l’élu de Dieu Aubin, saint Victor et saint Lô, en compagnie de Saint-Mars, se réunirent à la basilique Sainte-Marie-Mère-de-Dieu à Angers. Et là, le bienheureux Melaine célébra la messe du début du jeûne de Carême. Or, avant qu’ils ne s’en aillent, dom Melaine leur donna des « eulogies » en « charité »(38).

Le bienheureux Mars repoussa l’eulogie, et la « charité » qu’il devait partager, il la laissa choir dans son sein. » Le sens d’eulogiae devient plus clair. Ce terme désigne à la fois les eulogies privées, aliments divers que s’échangeaient clercs, abbés ou évêques, et les eulogies liturgiques (pain bénit), que le célébrant distribuait, soit à la fin du canon dans l’antique liturgie romaine, soit à la fin de la messe, en territoire franc, dès avant le IXème siècle. Ce passage est tiré de la première version de la vita Melanii, elle peut donc se comprendre ainsi : par respect pour le jeûne du Carême qui, à ses yeux, commence le Mercredi des « Cendres », Saint-Mars refuse, à l’issue de la messe, de participer à un repas entre évêques et de consommer les eulogies privées qui y étaient offertes. Il en est puni par la vertu de Saint-Melaine.

« En Carême, la messe était à trois heures (de l’après-midi), le dîner après, donc entre 5 et 6, heure de vêpres ». Saint-Mars pouvait donc, comme les autres rompre le jeûne, puisque la messe était terminée. Saint-Mars refuse son eulogie, sans doute obéissait il à l’ancienne règle de Saint-Benoît, où les moines se voient interdire l’acceptation des moindres présents (dont des eulogiae) sans l’autorisation de l’abbé qu’il faut chercher une explication à ce refus de Saint-Mars. Le premier est celui de l’aliment transformé en serpent. C’est un des motifs du conte-type(40).

Il se trouve mentionné dans le catalogue raisonné du conte populaire français, « lors d’une disette, pour suppléer au grain qui fait défaut, Brigitte et ses compagnes se voient commander par un évêque de faire gras durant le Carême(42). Deux d’entre elles s’y refusent et leur viande est transformée en serpents. Brigitte change alors, devant leur repentir, les serpents en pain et multiplie les provisions de l’évêque. L’opposition jeûne-obéissance sur laquelle repose ce récit n’est pas non plus sans rapport avec l’aventure de Saint-Mars. Bernard Merdrignac doit cette anecdote à M. le chanoine J. du Cleuziou de lui avoir indiqué ce passage et d’en avoir procuré photocopie.

Pour conclure ce chapitre, Bernard Merdrignac cite : A la lumière de cette interprétation, il est possible de revenir sur le thème de l’eulogie métamorphosée pour en proposer une lecture qui dépasse le plan folklorique. Les trois versions situent toutes ce récit le « Mercredi des Cendres ». Cela n’a rien de gratuit si l’on se réfère à l’Évangile qui était lu ce jour (Math. VI, 16 à 21), selon le système franc et romain de cette époque. La caritas y désigne non pas simplement la vertu de charité, mais bien un repas entre moines. Le Mercredi « des Cendres » est donc dépouillé de toute valeur de jeûne.

Nous avons désormais fait le tour de nos trois vitae Melanii, référencées par les Bollandistes. Nous avons essayé de nous retrouver dans les embrouilles du Frère René Jean. Et de l’excellent travail de Bernard Merdrignac, qui nous a permis de démêler, le vrai du faux, ou du moins l’écheveau tissé au fil des siècles avec différents intervenants. Il reste un point à éclaircir par mes soins, cela concerne, la statue de Saint-Mars, qui se retrouve dans l’église paroissiale de Bays, dont il est patron. Il est représenté avec sa mitre auprès de son pied gauche, et la crosse non pas en main, mais derrière lui, ce qui signifie qu’il a renoncé à sa charge épiscopale. C’est la version de Frère René Jean en 1705 et là je n’ai pas encore réussi à confirmer, qui en était l’auteur, qui apporte cette version. Une représentation dans une confirmation de son renoncement à sa charge d’évêque de Nantes. Mars l’évêque démissionnaire, une façon pour l’auteur de légaliser la position de ce Saint évêque Mars, puisque que son nom n’apparaît nul part dans la liste officielle des évêques de Nantes.

A priori dans cette liste, il y aurait eu un hypothétique espace temps, de quoi le placer entre deux évêques, un évêque par intérim. Mais le hic, c’est que plusieurs auteurs, le reconnaissent, bien né et mort dans son village de Marcé. Il y a bien plus que la légende, Mars l’ermite, mort dans son village natal où il se trouve honoré depuis le VIème siècle. Je n’ai donc pas trouvé qui était cette personne qui a fait sculpté Saint-Mars en évêque démissionnaire.

A moins que….

Les archives de la paroisse nous apportant rien, en ce temps la fabrique de Bais, elle était au main du prieur Antoine Duclos (1687-1719), malgré que ce dernier possède un long parcours à son actif à la cure de Bais, il ne fait aucune mention d’un intérêt particulier de sa part, pour le saint patron de la paroisse de Bais par ses soins. Il va falloir attendre la venue du prieur-recteur Michel O’Connery (1739-1772 et 1780). En 1750 , Michel O’Connery, a fait rapatrier à la paroisse de Bais une partie des reliques de son auguste saint patron(43).

Nous allons continuer avec le manuscrit de notre curé Pierre Chedmail. Il s’agit d’un ensemble de 15 feuilles volantes, dont les pages, de la une à la cinquante manquent. Le texte étant écris en ancien français. Son auteur serait du curé Chedmail, l’écriture étant similaire à à son principal manuscrit. Il s’agit pour commencer d’une réflexion sur les paroisses dans le Maine ou ailleurs où le nom de Saint-Mars est donné. Il est ainsi écrit, dans le Maine, et ailleurs du nom de Saint-Mars, le peuple confond quelquefois, dans la prononciation, Saint-Mars en Saint-Médard. C’est ainsi qu’on dit quelquefois Saint-Mars-sur-Île en parlant d’une paroisse du diocèse de Rennes, mais ceux qui parlent en écrivent correctement, disent en écrivant, Saint-Médard-sur-Île.

Nous allons découvrir un autre auteur, l’abbé Crublet, un ancien curé doyen de Bais, qui va éditer son histoire illustrée de 105 pages, il s’agit d’une abondante littérature à la gloire de Saint-Mars, bien évidement. Histoire en grande partie réalisée à partir du travail de l’abbé Guet, donc les mêmes informations. Et nous verrons les mêmes principes que celles de l’abbé Guet, l’attribution de faux miracles à Saint-Mars. Revenons à notre curé Chedmail et Saint-Médard. L’abbé Crublet dans son livret, agite la même litanie à propos des paroisses qui portent Saint-Marse en pays Nantais. Il est du copié/collé du livret de Guet. Sauf ce Saint-Marse.

L’abbé Crublet d’en rajouter même dans l’orthographe de Mars qui s’est trouvé transformé en Marse, alors que l’abbé Guet ne va jamais l’écrire de cette façon, ni même le chanoine Russon, qui fera un idem copié/collé du livret du curé Guet. L’abbé Crublet d’en donner une explication, ses paroisses ne s’appellent pas seulement Marse, mais Saint- Marse, comme le grand Marse et le petit Marse en pays de Saint-Mars-la-Jaille.

Nous voici donc fixé, sur la raison à laquelle l’église de Bais porte actuellement ce nom de Saint-Marse. Le curé Chedmail, en donne sa version de Saint-Médard, ce qui est d’ailleurs tout à fait juste de sa part en fin de compte, nous l’avons étudié avec J. Baudry. Mais l’abbé Crublet dit cette explication me parait un peu fantaisiste, et il poursuit ; « je crois en trouver une meilleure dans l’humilité de Saint-Marse, qui fut telle, qu’il se fit oublier de son vivant. Après avoir passé 6 ou 7 ans tout au plus sur le siège de Nantes, il vécut en ermite à Bais, sans garder de relation avec Nantes, étant les difficultés de communication à cette époque. Et plus tard quand on pensa dresser le catalogue des évêques nantais, il a été oublié, mais par quelques uns ».

Bien évidemment ! « Et de terminer en disant, l’habitude de donner un saint comme patron aux paroisses ne remonte sans doute pas jusqu’à l’origine des paroisses, et comme l’on l’avait oublié depuis il fut choisit un nom se rapprochant de celui qui le portait ». Et il fini par conclure, par ses mots ; ceci nous amène à discuter. Une belle dissertation, complètement soporifique.

Ce manuscrit a été pour nous un magnifique cadeau, car avec sa lecture, nous avons découvert, un travail impartial de ce curé, l’abbé qui parlait du curieux manuscrit de l’abbé Chedmail sur qui il c’était appuyé pour écrire son livret. Je vais ainsi découvrir dans le livret de l’abbé Guet toute une histoire liée à Saint-Mars qui ne se trouvait pas consigné dans le manuscrit, là où je pensais qu’il en avait puisé sa source. L’histoire des miracles attribués à Saint-Mars, la source miraculeuse, la disparition des fougères et l’abbé Crublet en fera de même, mais lui, il va rajouter une seconde version des fougères, comme d’ailleurs un nouveau miracle, celui des moineaux. Je me suis aperçu que toute cette littérature fiction avait été empruntée, le mot qui convient le mieux est le plagiat, des histoires glanées dans un environnement proche et transposé à Bais.

Nous allons faire un petit résumé de ce long texte, dont l’auteur se trouve inconnu, (peut être le curé Crublet, à cause du e dans Marse !) récit pris dans un petit carnet de 77 pages. Ce narrateur nous apprends beaucoup de choses nouvelles sur la récupération des reliques de Saint-Marse et placées dans la tour de Baye, la tentative avortée de la récupération des reliques par la force etc…

Il y a une différence quand même dans la rédaction du texte du carnet avec celles des archives de la paroisse, le Saint-Mars se trouve auréolé de gloire, de réussite, comme dans ce texte : « Dans les calamités publiques, on avait recours à Saint-Marse et souvent ils ont été récompensés par d’éclatants miracles ». Dans les archives de la paroisse : On fit aussi la « procession générale » demandée, et l’on pria pour la cessation du fléau de la peste. Ce vœu fut il exaucé ? Les documents ne le disent pas.

Il faut remonter au 21 juin 1521, le baron de Vitré Guy de Laval, va écrire aux chanoines pour leur demander de porter en procession solennelle le corps du glorieux saint pour faire cesser une effrayante mortalité qui désolait tous le pays, la peste.

L’auteur du petit carnet dresse un portrait de Saint-Mars après l’enterrement de Saint-Melaine à Rennes avec les trois autres saints prélats. Ensuite après avoir passé sur le siège épiscopale de Nantes un temps dont nous ignorons la durée, le bienheureux Marse poussé, sans doute par son attrait pour la solitude et peut être par le souvenir de la faute qu’il avait faite à Angers, se démit de sa dignité épiscopale vint se retirer dans son pays natal, où il mena la vie solitaire au milieu des pratiques de la pénitence la plus austère. La tradition orale, qui s’est transmise de père en fils nous apprend à son sujet une foule de traits qui ne sont pas assez authentiques pour que nous osions les rapporter.

On dit que dans une année de sécheresse, où toute la paroisse souffrait horriblement du manque d’eau Saint-Marse eut pitié de ses compatriotes, et fit jaillir en creusant avec son bâton une source d’eau excellente qui ne tarit jamais. Cette source miraculeuse située auprès du bourg, sur la route qui va à Louvigné de Bais, s’est toujours appelée depuis, et s’appelle encore le puits et le doué de Saint-Mars. Saint-Marse solitaire à Bais dut faire une foule de miracles, et mener une vie si céleste qu’immédiatement après sa mort, arrivée dans sa solitude, le 6 octobre suivant quelques historiens, le 21 juin suivant d’autres, il fut mis au nombre des Saints par le suffrage et le consentement unanime du clergé et du peuple.

La renommée de ses vertus et de ses miracles se répandirent si rapidement que la dévotion à Saint-Marse fut établie dans tout le pays. Il fut choisi pour patron de bien des églises dans la Bretagne, l’Anjou et le Maine, où il y a encore plusieurs paroisses qui portent son nom entre autres Saint-Marse l’Ollivier, Saint-Marse des Coutais etc… la paroisse de l’Évêché de Nantes, où on célébrait autrefois sa fête, comme à Bais sous le rit d’un confesseur pontife. Quelques recherches qu’on ait pu faire sur ce qui regarde Saint-Mars, on n’a rien trouvé davantage à son sujet dans les historiens anciens et moderne qui ont parlé des saints de Bretagne. L’auteur de ce carnet ou bien tiré du manuscrit plus ancien, nous allons pouvoir y répondre maintenant.

Ce dernier texte expliquant les derniers instants de sa vie de saint, est un résumé très décevant à lire, voulant lui donner un siège épiscopale à Nantes à tout prix même, avec un temps dont nous ignorons la durée comme l’auteur écrit. Il se démit de sa dignité épiscopale vint se retirer dans son pays natal, où il mena la vie solitaire au milieu des pratiques de la pénitence la plus austère. Selon un autre auteur, il se retire dans un ermitage à Vitré, avant de rentrer mourir dans sa paroisse natale à Bais. Au village de Marcé. Et l’auteur de poursuivre : La tradition orale, qui s’est transmise de père en fils nous apprend à son sujet une foule de traits qui ne sont pas assez authentiques pour que nous osions les rapporter.

Est il raisonnable d’écrire, de penser qu’une tradition orale, qui se trouve transmise de père en fils, d’ailleurs pourquoi de père en fils ? Tout cela à partir du sixième siècle ? Une petite explication pour mieux cerner la transmission orale de siècles en siècles, d’après Seydou Camara, qui étudie la transmission orale des traditions africaines, le texte véhiculé oralement se transforme selon les intérêts de chacun, faisant apparaître à chaque fois de nouvelles variantes. Même lorsque le texte est écrit sous forme de manuscrit, des erreurs s’ajoutent à chaque copie, à tel point qu’on recense « une infinité de variantes » dont seul le « noyau » reste inchangé. Ainsi, même si les récits de fondation font référence à des phénomènes historiques, ils ont toujours une teneur fictive et mythique.

Dans les archives de la paroisse, il est bien écrit, de la mort de Saint-Mars survenue au VIème siècle et le déplacement de ses reliques dans le château de Vitré en 1427, nous trouvons aucun document écrit qui parle de lui. Seul perdure la tradition orale que l’abbé Chedmail a bien voulut nous en restituer. La fameuse source miraculeuse, comme nous l’avons vu dans le tome précédent, lors de la donation des terrains par Mademoiselle Françoise, Perrine, Agathe Louvel De la Jouinière, « Pour y bâtir une maison d’instruction pour les filles et un hospice pour les malades pauvres de la commune ».

Les parcelles nommées initialement dans l’acte notarial, ne fait aucune mention du « Jardin de Saint-Marc », la seconde « Jardin de Saint-Marc » et sa douve au midi « La mare Saint-Marc ». Selon le relevé du cadastre, relevés achevés en 1828, et l’acte du 27 octobre 1827. Il est fort étonnant de découvrir par la suite ce changement, dans les noms des parcelles, tout de suite après que cette donation, soit tombée dans le gestion du bureau de charité. Sa douve au midi a finie par devenir en ce lieu une source miraculeuse.

C’est étonnant cette histoire du « planté » de bâton en terre, cela me rappelle une histoire, celle racontée dans la vie de Saint-Paterne. Nous retrouvons cette l’histoire de source avec Saint Paterne et de son ami Seubilion ou saint Scubilion, le compagnon de route de Saint-Paterne. « Paterne n’en ayant un jour que la moitié d’un pain pour lui et son compagnon, la donna de bon cœur à un pauvre qui la lui demanda: cela fut si agréable à Dieu qu’à l’heure du repas il les pourvut miraculeusement de vivres ; et comme la boisson leur manquait, Paterne ayant frappé la terre de son bâton en fît sourdre aussitôt une belle fontaine d’eau vive qui a toujours continué de couler ».

Cette histoire se passe peut être en Normandie. Mais nous savons combien, les moines et prêtres de l’époque, du temps du Moyen-Age, aimaient glorifier un saint dont il en connaissait en rien de sa personnalité en l’affublant de pseudos miracles. Nous entrons là dans cette littérature de l’hagiographie dans le christianisme, il était facile pour ses hommes d’église de puiser dans cette littérature et nous allons nous le découvrir.

Nous en avons discuté de Saint-Pair, à propos du bourg Saint-Pair et que ce dernier aurait été le saint patron de la paroisse Bais, avant de choisir Saint-Mars, selon les archives locales. Il y a eu un article dans une des parutions du bulletin paroissiale. Dans le temps passé, nous avons dit en ce Bulletin que Saint-Paterne était étranger à Bais et nous avons, pour intéresser les lecteurs, donné sa vie. Il était dit, d’une part, que Saint-Paterne ou Saint-Pair, celui qui aurait pu évangéliser Bais, était évêque d’Avranches. Nous vous donnons le récit de la vie de Saint-Pair, telle que nous la lisons dans les Petits Bollandistes. C’est Saint-Paterne d’Avranches qui est le patron de Louvigné-de-Bais. Et c’est bien dans le texte de ce bulletin, que j’ai découvert l’histoire de Saint-Paterne qui plante son bâton en terre pour y faire jaillir une source.

Une grande partie de la biographie de Saint Paterne est retranscrite dans le texte. Et de terminer par une REMARQUE : Nous vous avons donné le récit de la, vie de Saint-Paterne ou Saint-Pair, tel que nous le lisons dans les Petits Bollandistes ; nous n’y voyons pas de preuve que ce saint soit venu à Bais. Pourquoi d’autre part, s’appellerait-il Saint-Paterne à Louvigné-de-Bais et Saint-Pair à Bais ? Alors que dès 1500, en nos plus vieux registres, nous trouvons un bon nombre de petits baptisés portant le nom de Marse, (en réalité cette insertion est totalement fausse, les registres ne commençant qu’en 1507 et il s’agit du registre des sépultures, un seul Marse après 1515.

Les baptêmes entre 1579-1584, rien avec des Marse); celui de notre glorieux patron, nous ne trouvons jamais celui de Paterne. C’était un nom, semble-t-il, inconnu à Bais. Nous doutons fort de la venue de ce saint en notre paroisse. Voici en raisonnement étonnant, les registres paroissiaux ne relevant aucun Paterne pour Pair à l’instar des baptisés Marse et cela dès 1500, cela est à mon sens tout à fait normal, maintenant que nous connaissons l’histoire de Saint-Mars de Bais, qui a bénéficié d’une redécouverte glorieuse après 1521.

Saint-Paterne, Pair, le saint évangéliseur du Vème siècle, tombé en désuétude sans doute à une certaine époque, mais dont le nom fut retenu à Bais jusqu’au début des XIème et XIIème siècle, puisque notre cadastre nous le donne largement. Pourquoi avons nous la fontaine Saint-Patern, à Louvigné-de-Bais et son église Saint-Patern ou Paterne. Il ne faut pas confondre avec le Saint Patern de Vannes, le premier évêque du diocèse de Vannes au Vème siècle. Il existe une fontaine Saint-Patern se trouve à Séné (Morbihan).

Il faut être prudent, Saint-Paterne de Vannes aurait été donné décédé en pays franc et confondu avec notre Saint-Paterne d’Avranches. Il était donc tout à fait judicieux dans ce IXème siècle de récupérer dans l’hagiographie soit locale ou du moins connue des prêtres, une source miraculeuse, soit d’après une histoire liée à notre commune voisine de Louvigné-de-Bais. et transposée ici à Bais, au moment le plus opportun.

Nous continuons dans les miracles, nous en avons déjà parlé, le curé Guet en fait état dans son livret ainsi que le curé Crublet dans sa plaquette de 1943. Idem pour le Chanoine, Jean-Baptiste Russon qui en parle dans son livret. Le curé Crublet en donne une double version du miracle des fougères.

Voici le premier récit, Saint-Mars, alors ermite, vit une femme qui travaillait, un dimanche, à enlever les fougères qui pullulaient dans son champ. Il la pria doucement de cesser ce travail prohibé et d’aller à la messe. Il sera toujours temps de sarcler le champ. La femme obéit. Quand elle revint, toutes les fougères avaient disparues, et elles ne repoussèrent plus dans son enclos. Ce champ était alors appelé « La Higuette », (non Chemin de la hillette, parcelle n° 91, Section de Teillais-C1) situé dans la ferme de la Boisselière, demeure préservé des fougères jusqu’à maintenant, alors que cette plante parasite infecte les environs.

Nous avons aussi la seconde version. Saint-Marse au lieu de récolter de la fougère fraîche pour le troupeau, comme lui avait demandé sa mère, il aurait aidé une pauvre vielle à ramasser du bois. Cette désobéissance lui aurait valu une sévère correction. Mais Marse aurait miraculeusement fait apparaître une litière de fougère fraîche dans l’étable et depuis ce jour, jamais plus cette plante envahissante n’aurait poussé dans le champ. J’ai donc entrepris des recherches dans l’hagiographie populaire en Bretagne, car à priori, je devinais ici dans les miracles des fougères, la même usurpation ou le même emprunt que pour la source miraculeuse.

Il existe une étude de l’abbé Raison, qui raconte que dans l’hagiographie populaire en Bretagne, la malédiction des plantes est un thème souvent utilisé. L’abbé Raison, fut l’un des recteurs de la paroisse d’Arbrissel, il a consigné dans un cahier manuscrit en 1861, des renseignements aussi complet que possible sur l’histoire de sa paroisse. Cela venait d’une demande formulée par Monseigneur Saint-Marc dans une lettre circulaire, demandant de récolter des renseignements aussi complet que possible sur l’histoire des paroisses du diocèse.

L’abbé Raison a donc consigné le miracle des fougères, événements arrivés en la paroisse de celui qui fut appelé le Bienheureux Robert d’Arbrissel, il était alors un jeune enfant, le jeune Robert ne pouvait pas voir quelqu’un travailler le dimanche, croisant une femme qui ramassait de la fougère, en allant à la messe, il a gronda, puis il pria et toute la fougère disparut. Un auteur l’abbé François Duine en rapporte une autre version. Dans la paroisse d’Arbrissel, il est un champ qui ne porte pas de fougères, chose rare dans le pays. Cependant au temps du Bienheureux Robert d’Arbrissel, il y en avait à cet endroit, disent les bonnes gens, et même beaucoup plus qu’ailleurs, si bien que la fermière ne se gênait pas pour la couper le dimanche. Eh ! quoi s’écria le saint, vous violer le jour du Seigneur ! hélas Monsieur Robert, j’en ai regret, mais les six jours de la semaine ne suffisent pas pour détruire cette plante. Voyons si vous me promettez d’observer les commandements, la fougère ne vous embarrasse plus. La paysanne jura d’être fidèle à la loi du Seigneur et depuis son champ fut délivré de la mauvaise herbe.

Toujours d’après l’abbé Raison, la malédiction de cette fougère, nous la retrouvons dans une autre histoire, une tradition très vivace survenue à Saint-Didier, à propos de Saint- Golven qui lui aussi maudissant la fougère, dont sa tige était coupante et qui l’avait blessé un jour au pied. Depuis ce jour là dans le champ de Saint-Golven, la fougère ne pousse plus. Pour conclure ce chapitre sur le miracle des fougères, avec différentes histoires qui semble être bien connues dans l’hagiographie populaire de la région, l’abbé Guet semble avoir puisé chez ses confrères et en avoir fait une mouture pour le saint local Mars, un saint voué à de multiples miracles, comme pour la source miraculeuse.

Dans sa brochure le curé Crublet parle aussi du miracle des oiseaux. Et l’abbé Grasset d’écrire, après l’histoire la légende et il écrit le miracle des moineaux.

Une pauvre femme du village de Marsé (où habitait le saint) était dans la désolation. Les moineaux mangeaient tout son blé, et à longue journée elle se voyait obligée de rester à les pourchasser pour préserver sa récolte. Le dimanche arrive, et cette malheureuse, au lieu de s’habiller et prendre ses dispositions pour aller à la messe, restait dans son aire, comme les jours précédents, afin de faire la chasse aux oiseaux ravisseurs et préserver son blé qui avait été déposé là. Le bon Saint-Marse se rendit compte de ce qui se passait, et il vit que cette pauvre femme allait manquer au devoir de l’assistance à la sainte messe. Il l’interrogea, et il reçut pour réponse « qu’elle ne pouvait quitter, car les oiseaux auraient mangé tout son blé ». « ayez confiance », dit le saint. » tous à sa voix arrivent.

Quand ils furent tous entrés, Saint-Marse ferma la porte; et cette pauvre femme, sa voisine, put s’habiller et aller à la grand’messe. Quand elle revint, les moineaux étaient encore tous enfermés. Il est probable que le blé était battu le dimanche suivant, et qu’il se trouvait à l’abri. Il est dit que dans la suite elle put aller régulièrement à l’église sans y trouver d’inconvénient. D’autres disent que le blé était encore dans le champ, et que c’est de là qu’il fallait chasser les moineaux. Quoiqu’il en soit, cette gracieuse légende nous montrerait la paroisse de Bais organisée comme maintenant, et avec les mêmes offices que de nos jours. Ne méritait-elle pas d’être rapportée.

Dans le livre de l’abbé Raison, nous retrouvons le miracle des oiseaux ! « Dès sa plus tendre enfance, Robert se distingua par sa piété, sa modestie et sa candeur. Il allait assister tous les jours à la messe. Un matin, sa mère le chargea de chasser les oiseaux qui dévoraient le grain de l’un de leurs champs. Robert se rendit au lieu indiqué et dit aux oiseaux « Il faut que j’aille à la messe au nom de Jésus, que je vais adorer, entrez dans la grange. » Ceux-ci obéirent. Ayant fermé la porte, il se rendit à l’église. Au retour, sa mère parla de le corriger, mais lui, ouvrant lu porte de la grange s’écria « Regarda, les oiseaux sont tous là. » Puis, leur rendant la liberté « Allez maintenant, petits obéissants. », et les oisillons captifs s’envolèrent.

Quand nous lisons tous ses textes, où Saint-Mars apparaît illustré de grands miracles, nous voyons comment ses prêtres de Bais ont procédés pour abuser de crédulité de leurs paroissiens. Cela est quand même assez édifiant, avec tous ses mensonges. Il n’y a eu que des vérités et des contre-vérités dans le livret de l’abbé Guet et de l’abbé Crublet, l’un après l’autre voulant faire de Saint-Mars un évêque, malgré les mises en gardes de certains auteurs comme l’abbé Travers, le père Legrand ou encore Bondonnet, De la Borderie. Les erreurs de Marbode, et de Foulques Nerra, erreurs reprisent dans les Bollandistes.

L’abbé Guet le savait, il le raconte dans son livret, pareil pour l’abbé Crublet. Il y a un passage intéressant dans la livre de Crublet, concernant l’opinion de M. de la Borderie sur l’épiscopat de Saint-Marse. Il était le dernier historien ayant agité ! la question. M. de la Borderie, il est cité dans son histoire de Bretagne, trois vies de Saint-Melaine, la première est une rédaction vicieuse, semblant y faire de Saint-Marse un évêque, alors qu’il était un prêtre du clergé de Rennes ou un religieux de l’abbaye de Platz et attesté dans le bréviaire de Rennes, comme étant reconnu en sa paroisse comme d’un souverain non pontife. L’abbé Crublet de répondre, ce qui est affirmé sans preuve peut être nié de la même façon. Selon lui, la première erreur aurait été l’omission du nom de Saint-Marse dans le catalogue des évêques de Nantes, mais elle aurait été réparée depuis, puisque nous y trouvons son nom, cela sans doute appuyé par Bertrand d’Argentré.

Son nom est mentionné, grossière erreur, nous le savons il s’agit du Marsus ou Marcus, non mentionné comme étant un saint mais évêque au cinquième rang et nous sommes là au Vème siècle. Se sont les chanoines de la Madeleine qui demandèrent une étude à l’instigation du révérend père René Jean comme nous le savons. En fin de compte l’abbé Crublet part d’un raisonnement erroné dans son livre, en voulant faire admettre à de la Borderie que mars était déjà honoré comme un évêque.

Mais ce dernier part du courrier du révérend père René Jean, que les dits chanoines adoptèrent en 1705 la tradition de Bais qui l’avait toujours honoré de cette manière et ensuite avec le décret de la Sacrée Congrégation des Rites, le 10 avril 1848, qui vint valider sa fonction de confesseur pontife. De raconter alors que l’abbé Guet est allez trouver l’illustre historien dans sa villa de Ker Malo à Paramé. L’abbé Guet allant avec toute son humilité, de sa petite science en la question, connaissant la réputation de M. de la Borderie, de n’être pas tendre pour ses contradicteurs.

Le remerciant au passage de n’avoir pas oublié de parler du glorieux patron de Bais. Et de lui dire qu’il voulait que l’on lui rendre la place à laquelle Mars avait le droit, c’est à dire en le comptant au rang de nos saints évêques bretons. Impossible lui répondit M. de la Borderie, la légende de l’ancien bréviaire de Rennes en fait un simple prêtre. L’abbé Guet de lui répondre, cette légende est peut être contestable, il existe des documents très authentiques de son épiscopat, M. de la Borderie, « il lui réponds dans la même formule que la précédente, je ne veux connaître que l’ancien bréviaire de Rennes, les exemplaires en sont trop rares et j’en possède le seul exemplaire connu ».

L’abbé Guet d’insister, mais monsieur en 1705, les chanoines de la Madeleine en adoptèrent le nouvel office, je l’ai vu, il est manuscrit, les chanoines étant pauvres, n’ayant pas les moyens de le faire imprimer. Il date de l’année 1743. M. de la Borderie, lui pose la question, où l’avez vous eu, mais chez M. Le Gonidec de Traissant, il a bien voulut me le confier. M. Le Gonidec de Traissant, était alors le député de d’Ille & Vilaine. L’abbé Guet, lui ayant indiqué une source comme il est bien noté par l’abbé Crublet, une source difficile d’accès pour M. de la Borderie, les deux hommes étant des adversaires en politique. M. de la Borderie, en se levant, lui répondit, non vous vous trompez.

Comme dira l’abbé Guet, le maître des lieux lui prononça le « quos ego », il est difficile de définir ce terme latin, employé dans une phrase terminée ou non, exprimant une menace. Ou au plus simple taisez vous ! L’abbé Guet se retirant alors de chez son visiteur, répétant qu’une telle négation n’était point une raison, l’abbé Guet, de répéter, que personne en fin de compte pouvait lui enlever le fait qu’il avait vu et avait lu, ce qui avait été fait par la Sacrée Congrégation des Rites, le 10 avril 1848. De dire que M. de la Borderie aurait put le faire paraître dans son Histoire de Bretagne, paru en 1896. Que d’entêtements de la part de l’abbé Guet, et par la suite de l’abbé Crublet, l’abbé Grasset n’ira pas dans ses monographies sur Bais, à remettre en question les écrits de ses deux prêtres, il en donnera des informations, mais sans jamais allez plus loin, corrigeant au passage, des incohérences de l’abbé Guet, nous le verrons encore.

Il y aura beaucoup de contradictions dans les écrits de l’abbé Guet. Saint-Mars, en latin Marsus, naquit vers la fin du Vème siècle (environ 470), au village de Marsé. Il va même dire, à propos de la chapelle dédiée à Saint-Mars, au village de Marsé, il y a encore quelques années, nous pouvions y voir encore les ruines de la demeure familiale. Il fait fort l’abbé, les restes d’une demeure du Vème siècle !

Quel rang cette famille occupa-t-elle dans le monde ? Il va écrire nous, « nous sommes sur tous ces points réduits à de simples conjectures ». Saint-Mars serait né de parents d’infime condition. Mais quand même, l’abbé Guet va se ranger dans ce que d’Argentré, va écrire dans son catalogue des Evêques de Nantes, à savoir : « Saint-Mars, en latin « Marsus », il était de « noble famille » il fut premièrement juge et « depuis Evêque, ce qui est, attesté dans les vers de Fortunat. Mais l’abbé Guet de dire, malheureusement la citation de d’Argentré n’est pas acceptable, les vers de Fortunat s’adressent évidemment à Eumérius. Mais quand même l’abbé Guet d’affirmer qu’au vu du nom de Marsus, il lui parait d’établir une origine relativement illustre de Saint-Mars. Il était très certainement issu d’une famille Gallo-Romaine « dont les membres étaient pour la plupart juges ou gouverneurs d’un des cent Vici dont se composait chacun des quatre cantons de la cité Gauloise. »

Il est ainsi facile pour l’abbé de lui confirmer une ascendance des plus nobles en son temps, selon les documents les plus authentiques, la légende du bréviaire, l’ami de Saint- Melaine, le conseiller de Clovis, Saint-Aubin, l’évêque d’Angers, Saint-Lô, évêque de Coutances et Saint-Victor, l’évêque du Mans, ses derniers qui s’honorent de le compter au nombre de leurs amis. Nous nous trouvons en face d’un rapide raccourci dans le curriculum vitæ de Saint-Mars établit par l’abbé Guet. Le fait de côtoyer Melaine, le conseiller politique de Clovis, bien que diacre, il alors affubler d’être né d’une famille de juges ou gouverneurs.

D’après le livret de l’abbé Guet, Saint-Melaine, serait mort le 8 de novembre 530. Albert Le Grand, va nous donner un récit des funérailles de Saint-Melaine, mort en son monastère situé près de Redon. Saint-Aubin, Saint-Victor, Saint-Lauton et Saint-Mars se trouvèrent à Platz, par une spéciale disposition de la providence de Dieu, pour assister à ses obsèques, et, ayants disposé tout ce qui était nécessaire pour leur conduite, chargèrent le corps Saint-Melaine sur un bateau et, sitôt qu’ils y furent entrés et y entrèrent avec le Clergé, par la rivière de Vilaine, le bateau les porta, contre le courant et fil de l’eau, sans voiles, rames ni autre aide humaine, jusque à la ville de Rennes, soit à douze bonnes lieues pour le moins.

Les funérailles de Saint-Melaine sont représentées sur deux vitraux, celui de l’église de Bais et celui fait exécuté par M. le curé de Notre-Dame à Rennes, qui avait alors fait placer dans le transept sud de son église en 1941. Les funérailles de Saint-Melaine, le patron de la grande abbaye rennaise. Il existe un article du journal ouest éclair du 5 novembre 1941. Le peintre verrier de la maison des frères Paul et André Rault, il s’est attaché à reconstituer la scène qui se passa entre 520 et 540, en un décor gallo-romain.

Il semble bien que le récit est tiré d’un biographe du XIème siècle. De nombreuses questions se posent alors au moment de la restitution de la dite scène des funérailles. Premièrement personne ne semble en mesure de dire quand exactement Saint-Melaine est mort. Il est raconté dans le manuscrit du XIème, que convoi partit, de Plaz, ou Brain au Vème siècle, puis par les marais de Redon, après un long détour par Marsac-sur-l’Aff, naviguant entre Comblessac et Carentoir. Le voyage fut long et de dire, les auteurs de l’époque de se poser la question, il a fallut avertir les trois amis évêques, le temps que ses derniers soient prévenus, et de faire le voyage vers Rennes !

Ce vitrail rennais est différent de celui de Bais. Le peintre verrier, s’est attaché à reconstituer la scène qui se passa entre 530 et 540, Saint-Melaine serait mort le 6 novembre 535, en un décor gallo romain, mais il regrette que l’artiste n’ait pas reproduit l’effondrement de la tour du débarcadère, qui servait de prison, dont la chute libéra douze prisonniers au passage de la barque avec le corps de Saint-Melaine.

Vitrail da la Translation du corps de saint Melaine de Brain-sur-Vilaine à Rennes. Église Notre-Dame-en-Saint-Melaine à Rennes



Selon une légende rattachée au saint. Selon l’abbé Crublet, il était possible que la châsse représentée sur la barque du vitrail de Rennes, n’était pas fermée, dit il, il est vraisemblable que les gallo romains, fidèles aux règles de la civilisation d’alors, portaient les morts à visage découvert. Nous n’allons pas polémiquer sur les rites funéraires, entre 530 et 540 nous sommes plus dans la période gallo romaine de toute façon.

Il s’agit de toute façon d’une représentation imagée, celle d’un artiste, travaillant sans aucun support réel historique. D’après l’abbé Crublet, pour le vitrail de Bais, le dessinateur aurait, ou n’aurait pas su où placer son quatrième évêque, puisque que trois paraissent avec leur nimbe lumineux. Notre bon abbé a eu la bonne réponse ! Sans doute que dans notre vitrail, le quatrième évêque a disparu avec l’avant du bateau qui glisse sur le fleuve.

C’est quand même un comble, que sur le vitrail de Bais, que notre bon évêque Saint-Mars ! ne soit pas représenté. Même en ayant une bonne vue, nous n’imaginons pas voir que ce quatrième évêque ai disparu avec l’avant du bateau qui glisse sur le fleuve. A priori l’artiste pour le vitrail de Bais, a choisit la version la plus ancienne de l’Acta sanctorum.

La dépouille de Saint-Melaine ramenée à Rennes par Saint-Aubin, Saint-Laud et Saint-Victor et Saint-Mars dans une barque sur la Vilaine. Ce vitrail est daté de 1886

Selon l’abbé Guet, Saint-Mars mourut à Bais quelques années plus tard, le 6 octobre d’après quelques historiens, le 31 janvier d’après certains hagiographes. Il s’agit d’allégations fantaisistes encore une fois de plus, comme nous le savons et d’ailleurs certains prêtres de la paroisse, le raconte, nous savons rien de Saint-Mars, juste que nous le trouvons de lui dans la vie de Saint-Melaine, un certain mars, voir marsus ou marcus, le plus cohérent, un saint religieux, originaire de la paroisse de Bays, en son Diocèse. Un païen qui fut baptisé par Melaine.

Comme nous le savons Saint-Melaine ayant voyagé dans la région, évangélisé la région, tout au moins Domalain, ayant laissé son nom à cette paroisse. Au décès son diacre, est il devenu moine, et ermite. Ou fut il un prêtre de Bais. Plus d’écrits, de lui après l’enterrement de Saint-Melaine à Rennes, juste une transmission orale qui reste à Bais.

Nous avons juste eu un aperçu des reliques, au cours de l’année 1427, date à laquelle les reliques de saint sont mises à l’abri dans le château fort de Vitré, exactement dans la tour Saint-Laurent. En l’an 1427, le Duc de Beaufort surintendant du Roy d’Angleterre se disant aussi de France, mécontent du Duc de Bretagne parce qu’il avait fait alliance avec le Roy Charles VII et l’avait aidé, vint avec toute son armée par la basse Normandie dans l’intention de fondre en Bretagne, ce qui intimida de telle façon le pays que de toutes part on se réfugia dans les villes et château, y emportant ce qu’on avait de plus beau et de meilleur pour éviter les pillages.

Les habitants de la paroisse de Bays en ce diocèse craignant que les anglais, autant religieux adorateurs de reliques des Saints en ce temps là, que depuis ils en ont été sacrilèges profanateurs. Enlèvent le corps de Saint-Mars qui reposait en leur église paroissiale. La question se pose à savoir depuis quand les reliques de Saint-Mars étaient vénérées dans l’église paroissiale. Cela nous conditionne à penser que son corps fut dès le début de sa mort présent près du centre religieux. Sinon il aurait été inhumé dans le cimetière de la nécropole mérovingienne au bourg Saint-Pair.

Entre le Vème et le VIIIème siècle, la nécropole était implantée à l’écart de l’habitat. A l’époque les tombes ne bénéficiaient pas de monuments funéraires. Nous avons vu dans le tome II, un sarcophage et à l’intérieur il faut retrouvé une inscription sur un couvercle en ardoise. Il était indiqué sur ce couvercle en ardoise le nom suivant : BELADORE (signifiant « Belado repose »). Le nom de Belado est un épithète de Mars, voulant dire « Mars repose ». Pouvons nous extrapoler et penser qu’il s’agissait de la sépulture de Saint-Mars. L’évangélisation ou la christianisation des campagnes, commence très certainement dès le IVème siècle. Mais c’est bien avec des sources écrites que naît réellement avec le Vème et VIème siècle, le grand mouvement de christianisation des campagnes.

BELADORE, signifiant « Belado repose »

C’est Saint-Martin de Tours, qui va créer et organiser les premières paroisses en France. Les paroisses sont ainsi constituées avec des prieurés, chapelles, églises, et accompagné par les moines, clers, recteurs et prêtres. Selon les historiens dans les premiers temps de la christianisation de nos campagnes, le culte païen côtoie le culte chrétien. Ce qui pourrait avoir été possible ici à Bais avec ce Marsus ou comme énoncé dans l’Acta sanctorum, connu sous le nom de Marsi, souvenez-vous, Mars, le païen, qui fut baptisé par Saint-Melaine. Notre Saint- Pair ou Paterne, Saint-Melaine et Mars sont tous trois contemporains.

Dans le dossier des fouilles de l’Inrap de juin 2009 à janvier 2010, Philippe Guigon, propose de faire de l’église Saint-Mars le lieu de culte paroissial originel de Bais. Et le cimetière du bourg Saint-Pair une nécropole suburbaine, à la manière antique.

Philippe Guigon dit : On pourrait également imaginer à partir de cette idée l’existence de deux nécropoles, l’une située à Saint-Mars, en voulant parler de l’église paroissiale et de l’autre à Saint-Pierre, (chapelle) selon un schéma déjà observé pour cette époque. Mais la distance séparant les deux sites, de près de 500 m, lui paraissant excessive. Jublains est cité en exemple, la nécropole de l’église paroissiale et la nécropole périphérique étonnamment situé dans un quartier « Saint-Pierre », comme à Bais, mais elles ne sont distantes que de 100 m environ.

Second exemple avec Saulges en Mayenne, la distance séparant les deux églises et leurs cimetières n’est que de 20 à 25 mt. De nombreuses questions restent en suspens, comment expliquer l’importante distance, soit par la présence des vestiges antiques au bourg Saint-Pair, ou bien cette nécropole suburbaine du pôle Saint-Mars ayant été attirée plus loin en raison de la présence de vestiges antiques à Saint-Pair. Résultat pourquoi, ses vestiges du bourg Saint-Pair n’ont ils pas permis de développer un vrai bourg, au lieu que celui-ci se soit développé à l’emplacement actuel.

Et si jamais en ce lieu, il y avait eu d’après Philippe Guigo, un facteur d’attraction qui aurait pu justifier, la permanence de ces deux pôles malgré leur distance importante. Cet attrait pouvant être dû à la personne de Saint-Mars. Selon l’hypothèse vraisemblable de Philippe Guigon, cela nous conduirait dès lors à voir dans ce culte de Mars Mullo, l’origine de l’attraction concurrente, à celle de notre bourg de Bais, avec celui du bourg Saint-Pair. Il pourrait y avoir eu dans l’antiquité la présence d’un lieu de culte dédié à Mars, qui aurait pu se situer, non loin de l’emplacement de l’église actuelle, dont son vocable est placé sous le nom d’un Saint-Mars ou Marcus. Mais malheureusement l’archéologie a été défaillante dans tout ce secteur qui a été urbanisé de bonne heure, ne laissant pas la place à des fouilles.

Ce qui se trouve assez frustrant, cela aurait se faire lors de l’implantation du centre commercial à l’emplacement de l’emprise de l’ancienne propriété de la paroisse, de son presbytère. Nous savons l’importance du culte païen lié à Mars à Bais, découvert lors du chantier de fouille de la villa gallo-romaine et des ses temples. Mais qui était ce culte dédié à Mars Mullo.

Nous avons abordé rapidement le faite que toutes les parcelles furent nommées Saint-Marc et non Saint-Mars. Comme nous l’avons déjà expliqué, il s’agit d’une déformation phonétique dans le langage populaire, qui s’est opérée au plus tard au VIIIème siècle. De « Saint-Mars» en « Saint-Marc ». Les deux noms s’équivalaient, comme dans la fondation des dédicaces, si bien que bien comme les églises dédiées à Saint-Médard étaient dès leur origine nommée Saint-Mars par le peuple.

L’historien J. Baudry, a montré que le patron de Saint-Mars-la-Jaille était bien Saint-Médard, mais que le territoire de la commune s’appelait dès l’origine « terre de Mars », cela avant l’édification de la paroisse. L’auteur évoque l’éventuel héritage d’un marz celtique, c’est à dire une frontière, ou bien encore une forme ancienne de « marais », mais il privilégie de loin l’hypothèse d’une rémanence d’un ancien lieu de culte païen au dieu Mars. Dans le cas de la commune de Saint-Mars-la-Jaille, sa chronologie toponymique illustre parfaitement ce mouvement d’un territoire associé primitivement à Mars puis ensuite reconverti en une invocation dédié au saint chrétien qui lui était homophone dans le parler populaire de la région.

J. Baudry, au crédit de cette hypothèse, nous ajouterons que la très grande majorité des communes dont le nom est un composé de « Saint-Mars » prend place au sein d’une vaste région s’étendant entre Rennes, Le Mans et Nantes, c’est-à-dire une zone où le culte du dieu Mars Mullo est aujourd’hui bien attesté et dans laquelle Bais y figure, selon Philippe Guigon. Dans ce dernier cas, le culte païen aurait par la suite été christianisé non pas en son homophone Saint-Médard, mais aurait mis à profit les sonorités de la légende locale, en utilisant le patronyme de Martius. Ce dieu Mars Mullo dont son culte était pratiqué chez les peuples de l’ouest de la Gaulle, chez les Andécaves (Anjou), Aulerques, Riédons. Mullo aurait pour signification « Au tas de butin », ou avec une association phonétique d’un « Mars des Muletiers ». Mais il semble que les historiens ont du mal à s’accorder sur le sens réel de ce théonyme.

Mullo étant à l’origine une divinité gauloise ayant perduré pendant la période gallo-romaine. Le culte de Mars était aussi représenté sous diverses appellations comme Mars Beladon, Mars Mogetius, Mars Caturix. Plus récemment, il a été publié dans Revue archéologique de l’Ouest. Une mention du dieu Mars Mullo : un graffiti qui a été retrouvé gravé sur vase à Notre-Dame-du-Marillais. Maine-et-Loire. Dans le sanctuaire des Provenchères à Athée-Craon (Mayenne), un graffiti sur peinture murale. Nous savons que ce culte de Mars Mullo était la divinité protectrice des Riédons. Ici à Bais rien ne prouve qu’une relation avec ce Mars Mullo, aurait pu exister avec la présence d’un sanctuaire proche du centre cultuel actuel. Une réappropriation d’un lieu de culte païen. Nous l’avons déjà étudié, le temple de Mars, le petit sanctuaire indépendant, dans le domaine rural de la villa, dont l’origine remonte probablement à la création du domaine. L’occupation perdure jusqu’au IVème siècle.

Une fréquentation des lieux à l’époque tardive et au haut Moyen-âge est également attestée mais elle est difficile à cerner compte tenu du mauvais état de conservation du site. Cette phase a peut être un sens important pour moi. L’occupation perdure jusqu’au IVème siècle. Une fréquentation des lieux à l’époque tardive et au haut Moyen-âge est également attestée mais elle est difficile à cerner compte tenu du mauvais état de conservation du site. Une occupation du site, sur les lieux du temple, jusqu’à l’époque du haut Moyen Âge, mais c’est quoi le haut Moyen-Âge, selon les historiens, il est une période historique qui commence en 476 avec la déposition du dernier empereur romain d’Occident, Romulus Augustule, par Odoacre à Ravenne. Donc entre le Vème et XIème siècle. Je vais faire tout simple dans mon exposé, et si tout simplement le nom de Saint-Mars lui avait été donné en mémoire de ses ancêtres, père ou arrières grands pères, des descendants de prêtres, et lui même un adorateur du saint païen Mars Mullo.

Nous devons ce récit, retrouvé dans un carnet, avec les documents liés au manuscrit en vélin. Ce n’est que vers l’an 1520, soit près d’un siècle après son transfert, qu’on découvre par hasard, dans la tour Saint-Laurent, le coffret qui contient les reliques de Saint-Mars. Les reliques furent donc transportés en la ville de Vitré et placèrent le reliquaire dans une grosse tour qui fut appelée la tour de Baye, devenue la tour Saint-Laurent.

Cette tour qui était située dans l’angle du château entre le midi et le sud-est. Les habitants de Baye avaient construit cette tour et l’entretenaient à leur frais, c’est pour cela qu’elle s’appelait la tour de Baye. Quand on les porta à Vitré, les saintes reliques étaient enfermées dans un coffre fait en forme de chapelle, avec un clocher au-dessus ce qui ressemblait assez au clocher et à l’église de Baye. Après la guerre terminée, les habitants de Baye négligèrent de venir redemander leurs reliques et sans doute à cause de guerres qui à cette époque désolaient presque continuellement le pays, elles furent si longtemps renfermées dans cette tour, que le Seigneur baron de Vitré, faisant plusieurs années après la visite dans son château, aperçut dans un coin de la tour, tout couvert de poussière, un coffre auquel il ne fit pas d’abord beaucoup d’attention, mais le voyant fait en forme de chapelle avec un clocher au-dessus, il s’informa de que c’était.

Le baron Guy XVI, aussitôt qu’il eut appris que le corps de Saint-Marse reposait dans ce reliquaire, il en donna avis aux vénérables trésoriers et chanoines du chapitre de la Magdeleine avec ordre de venir processionnellement jusque sous la voûte du château où il l’avait fait placer, sur une table ornée comme espèce d’autel, afin de l’ôter dudit lieu si indécent pour le placer dans l’église. Ses Messieurs du chapitre ne manquèrent pas de rendre au lieu désigné, et après avoir rendu de très humbles actions de grâces, au Seigneur baron, du précieux don qu’il leur faisait, ils emportèrent, en cérémonie, ce saint corps dans leur église, le portèrent auprès de l’autel, du coté de l’évangile, sur une table richement ornée, qu’ils avaient fit préparer à cet effet. Ils en firent le même jour et le lendemain l’office solennel et le placèrent sur le haut de l’autel du coté de l’évangile, comme étant le lieu le plus honorable.

Le bruit de cette cérémonie se répandait bientôt aux environs de Vitré, et réveilla enfin les habitants de Baye. Après avoir longtemps délibéré sur ce qu’ils avaient à faire en cette occasion, ils crurent que le plus sûr moyen de réussir dans le dessin qu’ils avaient de recouvrer leur reliques était de se représenter au Seigneur baron de Vitré, l’injustice qu’il leur faisait en les privant du corps de leur saint patron.

Les paroissiens de Baye, outrez de ce refus, s’adressèrent à Monseigneur Guillaume Brillet, évêque de Rennes et lui firent connaître, avec les termes les plus forts et les sollicitations les plus puissantes, la justice de leur cause. L’évêque fut d’abord surpris d’un procédé qui lui parut si extraordinaire mais, s’étant fait informer de la vérité du fait par le seigneur et les chanoines, il les renvoya sans leur donner aucune satisfaction. Au contraire, il ordonna l’office de Saint-Marse dans l’église de la Magdeleine de Vitré, et une procession générale pour être faite tous les ans, autour de la ville avec la relique du Saint le jour de sa fête. Cette procession fut faite pour la première fois, le 21 juin de l’année suivante en 1521. Tout le clergé séculaire et régulier y assista aussi bien que Messieurs les juges avec toute la juridiction de Vitré et Messieurs de l’Hôtel de Ville.

Ce fut alors que les habitants de Baye, voyant que toutes les tentatives qu’ils avaient faites tant sur la fin de l’année précédente qu’au commencement de celle ci avaient été inutiles, résolurent de faire un dernier effort. En effet comme cette procession se faisait autour de la ville, en dehors, sortant par la porte d’Enhaut pour aller le long de la rue neuve et de la rue des Fontaines, pour rentrer en ville par la porte d’Enbas, ils descendirent à Vitré, armés de toute sorte d’instruments offensifs pour enlever de vive force leur Saint-Marse, malheureusement pour eux la relique était déjà rentrée dans l’église ce qui leur fit manquer leur coup. Cette irruption fut cause qu’on résolut l’année suivante de faire fermer les portes de la ville pendant la procession, et de ne la faire plus dans la suite au-dehors mais seulement autour de l’intérieur de la ville. Ce qui s’est toujours continué depuis. Et par ce moyen les habitants de Baye furent contrains de cesser leurs violences.

Le second reliquaire ou le nouveau reliquaire pour la Collégiale de Vitré. Le 21 juin 1521, le baron de Vitré Guy XVI de Laval, va écrire aux chanoines de porter en procession solennelle le corps du glorieux saint pour faire cesser une effrayante mortalité qui désolait tous le pays. Cette même année 1521, pour attirer la protection du bienheureux et marquer la vénération qu’ils avaient pour lui, le baron de Vitré Guy XVI du nom et son épouse Anne de Montmorency, sœur du grand connétable, firent présent aux reliques de Saint-Marse d’un coffre d’argent blanc façonnée, ayant quatre tableaux d’émail, et sous chacun de ce quatre tableaux, dont l’un représentait le portrait du baron, l’autre celui de son épouse ; le comte était agenouillé devant un crucifix, la comtesse devant une Sainte-Anne.

Tout ce que nous savons du contenu des reliques qui furent transférés dans ce nouveau reliquaire en 1521, nous en avons le détail. Tous les os de la tête dans leur entier, la moitié de la mâchoire supérieure gauche avec quatre dents molaires. Les deux os de la jambe appelée tibias. Les deux os du bras et trois os de l’avant bras. Une omoplate, une partie des iles autrement dit des hanches. Une vertèbre du dos, une clavicule, la partie supérieure de l’os sacrum, et de la première phalange du gros doigt de pied. Ensuite mon dit, le sieur trésorier ayant fait ouverture d’un pochon particulier trouvé dans la dite châsse y a remarqué une rotule, une fausse coste, une portion de vertèbre, une portion de vertèbre, une portion de l’os sacrum et plusieurs autre portion séparées de leur tout. Lesquelles parties ont été renfermées dans un pochon de satin bleu après avoir été marqué de la lettre a. Dans un autre pochon, le même chirurgien remarqué des os pulvérisés qui ont été mis dans un autre pochon de même étoffe que les précédentes, après avoir et marqué de la lettre, b.

Lesquelles portions du dit corps de Saint-Mars et reliques ont été transférées par le dit sieur Nouail, trésorier et déposées dans une autre châsse neuve de bois ornée de sculptures et dorée en plein, en forme de dôme, dont mon dit sieur trésorier a fait présent au chapitre, au deux cotés de laquelle sont quatre tableaux d’argent fin où sont gravées les figures de Saint-Mars, Saint-Aubin, Saint-Victor et de Saint-Melaine et les portraits de Monseigneur Guy, comte de Laval, sixième du nom, baron de Vitré et de Madame Anne de Montmorency, son épouse.

Lesquels tableaux ont été ôtés de l’ancienne châsse donnée par mon dit seigneur le 21 juin 1521 et placés a la nouvelle pour perpétuer la mémoire de ce pieux don, et aux deux bouts de la dite châsse neuve sont deux glaces fines au travers desquelles on peut voir facilement la tête de Saint-Mars placée au dessus des autres ossements de son corps qui sont couchés et attachés proprement sur un coussin de satin bleu, aussi bien que les autres reliques mentionnées ci dessus et renfermées dans les deux pochons chiffré a et b.

En cet endroit, les dits sieurs trésoriers et chanoines nous ayant requis d’examiner l’ancienne châsse, nous avons remarqué qu’elle est de bois faite en forme de chapelle, avec six pilastres de cuivre presque tous cassés, quatre cadres de même métal hors d’état de servir, lesquels faisaient la bordure des quatre tableaux d’argent ci dessus et quelques petits restes de feuilles d’argent très minces en façon d’ardoises qui nous ont fait conjecturer quelle en était couverte anciennement qu’au surplus elle est dépéri pour vétusté et nullement convenable pour conserver un si précieux dépôt. De plus avons trouvé au fond de la dite châsse, un titre en vélin dont la teneur suit qui après avoir été copié a été remis dans la châsse nouvelle.

Le procès verbal de la translation des reliques avec les noms de tous les intervenants. Fait et arrêté dans la salle Capitulaire sous nos seings, ceux du trésorier et chanoines, du dit Tardivel, chirurgien royal, des autres témoins soussignants, et de Bislange greffier qui a délivré une grosse avec le présent pour trois registres, dont l’une à été renfermée dans la châsse et l’autre déposée aux archives de l’église de la collégiale de la Magdeleine de Vitré.

Pour y avoir recours au besoin a Vitré, les dits jours et an. Sous les quatre tableaux d’argent, on lisait, deux par deux, les huit vers suivants : Jésus, qui mort souffris pour les humains, Merci de cœur te crie à jointes mains ! Reine des cieux, pure et nette sans cy (sans souillure) Prie pour nous, fille Montmorency ! Saints-Mars, Aubin, Victor et Saint-Melaine, Priez tous Dieu qu’à sa gloire nous mène ! Corps de Saint-Mars est ici enchâssé par Guy et Anne. — Requiescat in pace !

Ces quatre tableaux sont d’argent et ont été reblanchis pour être placés à la châsse neuve. Il ne reste plus que deux verres qui n’ont point été remis ; les autres ayant été perdus ou volés. Cette nouvelle châsse dans laquelle on plaça par permission écrite de Mgr. Yves Mayeux, en 1521 les reliques de Saint-Marse remplaça celle qu’on avait apportée de Baye en 1427. Elle conserva les saintes reliques jusqu’en 1743, époque à laquelle on fit une seconde translation dans une autre châsse.

Celui de Guy de Laval comptait deux-cent-vingt-deux ans : il était devenu « caduque », nous dit le rapport de 1743 ; « l’ayant examiné, nous avons remarqué que les pilastres sont presque tous cassés, que les cadres sont hors d’usage de servir…», nous dit le sénéchal chargé de la translation. Le doyen du Chapitre de la Collégiale Sainte-Madeleine fit donc confectionner un autre reliquaire, selon le goût du XVIIIème siècle. Avec soin, un ébéniste sculpta une châsse volumineuse, de forme octogonale, avec double ouverture sur les deux grandes faces, avec une seule aux extrémités. Le couvercle fut une sorte de dôme enjolivé de feuilles d’acanthe, et surmonté d’un gland solide. Sur les baies des grands côtés, on appliqua les quatre panneaux d’argent de l’ancienne châsse. Les baies des petits côtés furent fermées de glaces fines qui permettaient de voir les saints ossements. Ce beau reliquaire, en bois doré, a traversé la tourmente révolutionnaire : on le voit toujours exposé en l’église de Bais.

Le transfert solennel de 1743 raviva les désirs des paroissiens de Bais. Or, depuis 1739 était recteur de Bais un prêtre originaire d’Irlande, Michel O’Connery. Celui-ci, fuyant la persécution exercée par les Anglais contre les catholiques, était venu faire ses études au séminaire irlandais de Nantes. Devenu curé de Bais en 1739, il le demeura, sauf une interruption de trois ans, jusqu’en 1780, et y mourut le 19 mars 1785. Cet excellent recteur s’employa très habilement à faire revenir chez lui les restes de Saint-Mars. En conséquence, le vicaire-général Alexis de Bon-Amour se rendit à Vitré le 13 janvier 1750, et procéda, avec les précautions d’usage, à l’enlèvement de trois ossements de la châsse fermée en 1743 : il y prit le fémur droit et deux côtes, et les déposa dans le petit reliquaire qu’on avait apporté de Bais.

Le Procès-verbal de l’opération, en cinq exemplaires, fut dressé sur le champ, pour être remis dans la nouvelle châsse dans celle de 1743, et aux archives de la Collégiale, de l’évêché et du « général » de Bais. Le narrateur du petit carnet s’arrête là pur le dernier transfert des reliques de Saint-Mars à Bais le 14 janvier 1750. Les reliques de Saint- Mars, si laborieusement obtenues en 1750, faillirent périr en 1798. Cette année là, c’était l’an VI de la République, des soldats, conduits par le général de brigade Vérine, étaient entrés dans l’église de Bais dont ils avaient fait un casernement.

On était au 6 floréal, donc au 25 avril, jour de la Saint-Marc. Briser, saccager, souiller toutes choses du culte, était leur amusement habituel. Des enfants entrèrent avec eux dans l’église, et l’un deux, Joseph Crublet, reçut de leur part des rubans de vives couleurs. Quand il rapporta ce trophée à la maison, sa mère, Marie Georgeault reconnut dans ses mains les rubans d’honneur attachés au reliquaire de Saint-Mars, que les notables tenaient en mains lors des processions solennelles. Elle devina que le reliquaire avait été atteint par la rage stupide des Bleus, qu’il avait été détruit peut-être. N’écoutant que son zèle et sa foi, se recommandant à Dieu par l’intercession de Saint-Mars, elle vient en pleine nuit, entre dans l’église devenue caserne, évite de son mieux les militaires endormis, et s’approche de l’autel : le reliquaire y était demeuré ; elle s’en empare et l’emporte furtivement chez elle, où elle le cache dans une armoire.

Sans révéler sa cachette à personne, elle garda son « trésor » pendant six ans. C’est en 1804 seulement qu’elle remit le reliquaire intact au recteur M. Hattais, qui avait été installé dans sa charge le 26 février de cette année-là. Le reliquaire fut transféré de la Collégiale Sainte-Madeleine quand le Chapitre fut supprimé en 1860. A Notre-Dame de Vitré, le grand reliquaire, de 1743, faillit aussi périr au temps de la Révolution. En 1794, les soldats du général Beaufort cantonnèrent dans l’église Notre-Dame, tout y fut mis au pillage, ou fut au moins saccagé par manière d’amusement. La châsse de Saint-Mars eut ses vitres brisées ; par les menues ouvertures, les soldats en sortirent quelques fragments d’os, que les fidèles se hâtèrent de ramasser ; le curé, averti, fit alors enfermer le reliquaire dans sa sacristie. En 1843, M. Guilloys était curé de Notre-Dame, et ne se souciait guère du corps de Saint-Mars. M. Chumier, curé de Bais, crut le moment favorable pour demander le reliquaire de 1743, il était donc âgé de cent ans. On le lui promit sans difficulté, sauf recours à l’évêque de Rennes, qui aurait à en reconnaître l’authenticité de nouveau.

Tout s’arrangea, puisque le procès-verbal d’authenticité fut signé le 14 juin 1843. Deux vicaires-généraux, M. Frain et M. Chatel vinrent à Vitré, examinèrent le reliquaire, se firent expliquer par M. Guilloys l’ouverture de la châsse et le bris des scellés en 1816 ; puis, ils placèrent eux-mêmes le crâne et le fémur sur un coussin de velours rouge et posèrent les sceaux nécessaires. Trois semaines plus tard, le 5 juillet 1843, les précieuses reliques firent leur entrée dans l’église de Bais. Cette translation des principaux restes du corps de Saint-Mars en sa paroisse ne le céda point, en magnificence, à celle de 1750.

Il y en a. Le 14 juin 1843, lors de la dernière reconnaissance des reliques, M. Guilloys, curé de Notre-Dame de Vitré, donna deux petits ossements aux Ursulines de sa paroisse et à la chapelle où se réunissait sa congrégation des hommes. En 1895, M. Trublet, alors vicaire à Notre-Dame de Vitré, fit donner à cette paroisse une petite partie du fémur conservé dans le petit-reliquaire de Marsé depuis 1750.

M. Gefflot, curé de Bais à cette époque, voulut bien remettre cette parcelle à M. Durocher, curé de Notre-Dame, en souvenir du séjour qu’avait fait le grand reliquaire, en son église, de l’an 1790 à l’an 1843. Devant témoins, le petit reliquaire fut ouvert ; on scia le fémur qui y repose, et, après ce prélèvement, on referma soigneusement la châsse, en y apposant le sceau du cardinal Brossais-Saint-Marc. Une belle relique, un bout du péroné de sept à huit centimètres de longueur, fut remis par le même abbé Crublet à l’école chrétienne des filles de Bais, pour remplacer la statuette en bois de Saint-Mars qui avait longtemps couronné l’autel de leur chapelle, ancien autel de l’église paroissiale. Un mystère plane sur les deux côtes que le vicaire-général Alexis de Talhouët de Bon-Amour avait déposées dans le petit reliquaire en 1750. Que sont-elles devenues ? Il se peut qu’elles aient été enlevées de leur châsse lors du cantonnement des soldats dans l’église de Bais en 1798.

Il n’en est question ni lors de la reconnaissance effectuée en 1846, ni lors du prélèvement de 1895. Nous allons rebondir avec cette relique, ce bout du péroné de sept à huit centimètres de longueur, fut remis par le même abbé Crublet à l’école chrétienne des filles de Bais. pour remplacer la statuette en bois de Saint-Mars, pour être placée la chapelle de Marcé. Nous en avons parlé de cette statuette en bois, comme étant une authentique statue monacale de Saint-Mars, mais en réalité, elle fut identifiée par la DRAC, comme étant une statue de Saint-Benoit, et depuis elle a été remisée dans la sacristie de l’église paroissiale, puis dans la chapelle de Marcé.

A propos du temps de ce Saint Prélat Melaine, en son diocèse avec Saint-Mars, et originaire de la paroisse de Bays, près la Guerche, qui ayant mené une vie hermétique en un ermitage de Vitré, décéda dans sa paroisse et fut illustré de grands miracles. Cet ermitage de Vitré était près du lieux où sont maintenant les révérends pères ermites de Saint Augustin, d’après le père Albert Legrand. C’est Riwallon de Vitré, dit le Vicaire, qui était le fils de Martin Baron de Vitré, son frère puiné, qui fit venir à Vitré les ermites qui étaient à Toussaint en la basse ville de Rennes et leur édifia un petit monastère près de l’église de la Trinité au pied de son château et delà les pères augustin de Vitré fondent leur première fondation.

En l’an 1203 et la même année André baron de Vitré, par le conseil de Robert de Vitré, son frère chantre de Paris, fonda alors l’église collégiale de la Magdeleine, qui était située en basse cour de son château de Vitré et y fonda des Chanoines pour faire le service, il mourut l’an 1210. Et gît dans le cœur de la dite église de la Magdeleine en un petit tombeau élevé. Cette basse cour du château de Vitré est nommé dans ce XVIIème siècle, la place du Châtelet et elle portait même ce nom lors de la fondation du chapitre elle n’était pas si grande n’y dans la même forme quelle est maintenant.

La trésorerie ou logement du trésorier de la Magdeleine en occupait la moitié, mais pour rendre cette place plus belle et plus régulière et afin d’avoir un terrain propre pour bâtir les écuries et les remises qui sont au levant et au milieu du châtelet on fit démolir la maison du trésorier et on lui donna pour son logement le corps de garde qui est une maison située au devant de la principale sort de châtelet, et qu’on a toujours appelée depuis la trésorier.

Il existe un tableau donnant la reproduction de l’ermite Saint-Marse, selon les dires de l’abbé Guet et Crublet. Tableau qui se trouve accroché sur le mur dans le transept nord de l’église de Bais. Ce tableau serait pour une fois, une reproduction digne de l’histoire, un Saint-Mars en tenue de moine. Mais il est donné à tord comme étant ce qui pouvait être Saint-Mars. Il se trouve référencé auprès du Ministère de la Culture, comme étant un tableau représentant l’Extase de Saint-François d’Assise. Il s’agit d’une copie du peintre Jean-Baptiste Corneille, (1649-1695). Une copie d’une gravure de Jean Mariette, (1660-1742), un graveur, imprimeur et marchand d’estampes. Il était aussi annoncé dans les cahiers de la paroisse, d’un vitrail semblable à ce tableau.

Jean-Baptiste Corneille, (1649-1695)

Nous allons clore l’histoire de Saint-Mars par un dernier élément. L’abbé Crublet dans son livret, va en écrire quelques lignes, à propos de la porte dite Saint-Marse, elle porte ce nom qui, de temps immémorial, a le nom de Saint-Marse et qui ne s’ouvre que deux fois l’an, pour les deux processions des reliques du saint. Et d’avoir pour une fois une sage réflexion : cette porte pose une véritable énigme par sa date : 1545 quelle porte sur son fronton.

Cette date d’après lui ne correspond à aucun événement concernant la vie ou le culte de Saint-Mars. Il vivait au VIème siècle, ses reliques furent introduites dans l’église, assez peu de temps après sa mort, et en sont sorties en 1427. Personne n’étant à même de dire qu’en ce lieu, il y a eu l’établissement d’une église primitive au VIème siècle. Elle fut même peut être construite encore plus tardivement.

Selon l’abbé Grasset de conclure à propos de cette porte Saint-Marse, ainsi nommée, peut être que peu de temps après la découverte des reliques dans la tour Saint-Laurent en 1521, et que tôt ou tard après la bataille pour récupérer lesdites reliques, en agrandissant l’église, ils résolurent de ménager une porte pour la rentrée triomphale de Saint-Marse. Et de dire voilà pourquoi on l’appelle la porte Saint-Marse. Une idée de l’abbé Grasset, un peu étrange de prétendre la création de cette porte en 1545 et 1548, pour y faire passer les reliques, et si tout simplement cette porte, sans parler de son appellation d’un temps immémorial, dont elle en aurait hérité le nom. Cette dernière fut tout simplement nommée après le retour des reliques en 1750.

Cette porte ne s’ouvrait, comme le signale l’abbé Crublet, que deux fois l’an, en passant par le cimetière, car cette dernière n’était d’aucune utilité pour l’entrée ou la sortie de l’église. Cette porte possède dans son fronton triangulaire dit sans retour, où se trouve une sculpture, une tête de lion, abîmée par les vandales en 1793. Pour l’abbé Crublet, pour déchiffrer cette énigme, on ne trouve aucun document. Il s’agit du lion de Saint-Marc. Nous allons avoir l’occasion de parler de cette porte dans les tomes suivants. La porte Saint Marc, en regard de la cure de Santi-Marci de Bais ! Le lion de Saint-Marc que nous retrouvons sur le frontispice Renaissance ou sa sa façade de l’église de Bais.

Nous arrivons au terme de l’étude sur Saint-Mars, comme vous l’avez constaté, ce Mars a fait couler beaucoup d’encre pendant quelques siècles. Et comme l’écrira l’abbé Guet, et bientôt les historiens qui se copient les uns et les autres sans contrôle et sans exactitude, parce qu’ils ne s’occupent point assez d’être complets, ont fait du même saint un double personnage. Il était facile pourtant de recourir à la tradition locale, qui n’a jamais varié ; toujours elle honora le saint patron de Bais, le familier de Saint-Melaine, successeur d’Epiphane sur le siège de Nantes, puis l’évêque démissionnaire et pour le solitaire au lieu de sa naissance comme un seul et même saint.

Eh bien non ! Il est faux de se fier à la tradition orale quand bien même que certaines personnes le prétendent, et quand d’autres hommes dans la paroisse, disent « mais nous n’avons aucun écrit pour affirmer que depuis le VIème, de la véracité de la vie de Saint-Mars ». Certains lui attribuant au passage de fabuleux miracles, qui la plus part du temps ont été inventés, copiés à partir de saints locaux. Certains historiens aurait fait du même Saint-Mars en un double personnage, oui l’ermite en vérité, et le faux évêque.

Devons penser que le raisonnement de l’abbé Guet est le bon raisonnement. Oui et non il s’agit pour certains auteurs du Saint-Mars de Bais, d’un seul et même personnage, et aussi comme nous le savons de deux personnages bien distincts, deux Saint-Mars ou marcus, mais vivants à deux époques différentes. Le Marsus ou Marcius ou Martius, le cinquième évêque de Nantes, mais nous sommes là au IVème siècle. Et ce Marcius et selon différents auteurs, il n’est pas nommé comme étant un saint, cela ne changeant à mon avis pas grand chose.

Il existait donc différentes versions de la vita de Saint-Melaine. La vita prima, la vita interpolata (BHL 5889-5890) écrite entre le IXème siècle et le XIème siècle, la vita secunda (BHL 5891), elle écrite entre le IXème et le XIème siècle, et une vita métrique qui se base sur la vita interpolata écrite au XIème siècle, et une vita tardive de la fin du XIème et du début du XIIème siècle.

Ces versions sont le fruit des remaniements du texte de la vita prima qui constitue la base commune de toutes ces versions. Et tout est partit de la version interpolée, éditée vers la fin du XIème siècle. Avec une diffusion par l’évêque Marbode. La dernière appelée, la Gallia Christiana, par Jean-Barthélemy Hauréau, le continuateur de la Gallia Christiana des frères bénédictins, Louis et Scévole de Sainte-Marthe, édition de 1656. Les volumes 14 à 16 entre 1856 et 1865 d’Hauréau. Il s’agit d’une reprise en cascade avec cette vita interpolée, reprise dans la Charte du cartulaire de la fondation de Notre-Dame du Ronceray de Foulques-Nerra, en 1028.

Une chaîne sans fin, car ensuite confirmée par les Bollandistes dans la vie de Saint-Melaine. Nous avons le père Lecointe, qui semble avoir été connu comme étant un illustre et savant annaliste, mais il va être parait être le diffuseur de l’histoire de Marsus, l’évêque de Nantes, et cela contre l’autorité des Anciens Catalogues. Il prend référence sur les Bollandistes pour fixer la date de la mort de Marsus, le 11 octobre. Et c’est encore lui qui le fait le saint patron des trois paroisses dans le diocèse de Nantes. Et pourtant il est prouvé que dans Bollandus, il n’est fait aucune mention de la date du 11 octobre. Il s’agirait d’une invention du père Lecointe.

Il me reste à apporter une dernière discussion à propos de Saint-Mars, informations ou recherches retrouvées au cours de l’écriture « Le frontispice de Bais ». Notre histoire se trouve propulsée au château de Comper, dans le pays de Brocéliande. Le château appartenaient aux seigneurs de Gaël-Montfort, il faut remonter à Guy XIII de Laval, ou Jean de Montfort. Guy XIII, le baron de Vitré. Nous y trouvons, une première chapelle de la Magdeleine, elle fut dédiée à Marie Magdeleine. Elle était rattachée à une frairie, dite chapelle « frairienne ». Cette dernière était située en dehors du château, au bord de l’étang. Puis la seconde chapelle, elle était plus un oratoire, qui était nommé « l’oratoire Saint-Marc », cet oratoire était situé, à l’intérieur de l’enceinte du château et donc réservée à ses seigneurs.

Souvenez vous, c’est sous le « règne », de Guy XIV, le baron de Vitré que fut déposé en 1427 le reliquaire de Saint-Mars dans le château de Vitré. L’histoire est faite d’étonnement, je découvre qu’il existe l’histoire d’un Saint-Marc ermite à Comper, comme le nôtre ici à Bais, et si cela était le même ! Ayant découvert que notre Guy XIV, il s’était révélé un temps soit peu mythomane, ceci avec l’histoire de la légende du Roi Arthur. Nous savons que d’après le cartulaire de l’abbaye de Saint-Sulpice, une bulle de d’Eugène III en 1161, qui promet protection et accorde les mêmes privilèges à Saint-Sulpice. Parmi les possessions de l’abbaye de Saint-Sulpice, cette dernière possédait la gestion d’au moins de trente-trois établissements constituent son réseau monastique.

Pour le diocèse de Rennes. L’ecclesiam Sancti Marci de Baysco. La cure était ainsi nommée, Sancti-Marci, la cure de Saint-Marc. Nous retrouvons cette appellation avec notre recteur Jean Levesque qui était à la cure de Sancti-Marci depuis 1502. Selon le cadastre napoléonien, nous trouvons, 12 parcelles qui sont nommées Saint-Marc, ou Marcé et aucune sous le nom de Saint-Mars. Dans la Section du bourg-H2, nous trouvons 31 parcelles portant le nom de Marcé ainsi que les 7 autres dans la Section du bourg-H1. Guy XIV, ayant récupéré dans son château les reliques du saint patron, le Saint-Marc de la paroisse de Bais, à ainsi transposé la légende de Saint-Marc, en un ermite vivant à Comper.


1 – Bibliotheca Hagiographica Latina antiquae et mediae aetatis (1900-1901) (abrégé BHL).
2 – « L’Évolution d’un cliché hagiographique : Saint-Melaine, Saint-Mars et l’eulogie métamorphosée en serpent», in Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, tome 87-4, 1980, p. 589-605
.3 – BHL 5888, la Vita S. Melanii major est datée peut être d’avant l’an 853.
4 – Hagiographie — Wikipédia.
5 – Vita prima sancti Melani episcopi Redonici (BHL 5887-5888).
– Action et Mémoire de l’évêque & saint Melaine de Rennes. Sciences de l’Homme et Société. 2018. dumas-02959679. Anna Rudelt. 7 octobre 2020.6 –
Bibliotheca Hagiographica Latina antiquae et mediae aetatis (1900-1901) (abrégé BHL).
7 – «L’Évolution d’un cliché hagiographique : Saint-Melaine, Saint-Mars et l’eulogie métamorphosée en serpent», in Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, tome 87-4, 1980, p. 589-605.
8 – Dom François Plaine, Bénédictin et historien breton (1833-1900).
9 – Gallia christiana novissima. Histoire des archevêchés, évêques et abbayes de France.

10 – Saint Mars, patron de Bais, archidiocèse de Rennes, sa vie, son épiscopat, histoire de ses reliques, par l’abbé Jean Marie Guet.
11 – Manuscrit du XVIIIème, du curé Pierre Chedmail à Bais.
12 – Stéphane de La Nicollière-Teijeiro. Saint-Mars, évêque de Nantes (527-531), Vannes, Imprimerie Lafolye, 1899.
13 – L’Abbé Crublet, Saint-Mars, évêque de Nantes, 1943.
14 – Le Chanoine Jean-Baptiste Russon. Chanoine Jean-Baptiste Russon, Saint Mars, patron de Bais, fut-il évêque de Nantes ?, Bulletin de la Société Archéologique de Nantes et de Loire-Atlantique, 1946. Puis un second livre du Chanoine Russon. La Paroisse de Bais, Nantes, Imprimerie de Bretagne, 1961.
15 – Saint Mars, patron de Bais, archidiocèse de Rennes, sa vie, son épiscopat, histoire de ses reliques, par l’abbé Jean Marie Guet.
16 – Albert Le Grand religieux Dominicain dans la légende des Saints de Bretagne en 1659.
17 – Dom Alexis Lobineau, édition de 1707, les vies des saints de Bretagne et des personnes d’une eminente piete qui ont vecu dans la meme province.
18 – Pascal Robin, sieur du Faux est un poète angevin (1539-1593). La Croix du Maine dit de lui qu’il était «docte en grec, latin et françois». Source Wikipedia.
19 – René Benoît ou René Benoist, était un religieux angevin. Source Wikipedia.
20 – Dom Alexis Lobineau, édition de 1707, les vies des saints de Bretagne et des personnes d’une eminente piete qui ont vecu dans la meme province.
21 – Gallia christiana novissima. Histoire des archevêchés, évêques et abbayes de France.
22 – Dom Alexis Lobineau, édition de 1707, les vies des saints de Bretagne et des personnes d’une eminente piete qui ont vecu dans la meme province.
23 – La Gallia Christiana (1656) des frères de Sainte-Marthe. Par Louis et Scévole de Sainte-Marthe.
24 – André Du Saussay, évêque de Toul. Martyrologe français. 1637.
25 – Manuscrit 465 de la Bibliothèque Vaticane. De Jules-Marie Gendry, Chapelain de Saint-Louis-des-Français. Revue Historique de l’Ouest : année 1787. Merci pour cette trouvaille à Dominique Taburet.
26 – L’abbé Duine dans son « Mémento ». Puis Duine François Marie, 4243. 1870. Bréviaires et missels des églises et abbayes bretonnes de France.
27 – Arthur DE LA BORDERIE à Dom Gui Alexis LOBINEAU, « Réplique à M. l’abbé de Vertot, ou Réfutation de son Histoire critique de l’établissement des bretons dans les Gaules.
28 – Saint Mars, patron de Bais, archidiocèse de Rennes, sa vie, son épiscopat, histoire de ses reliques, par l’abbé Jean Marie Guet.
29 – BAUDRY, «Saint Mard», Revue de Bretagne, août 1907.
30 – La paroisse de Bais. diocèse de Rennes, Chanoine, Jean-Baptiste RUSSON. Bulletin de la Société Archéologique et Historique de Nantes. 1961.
31 – Recueil de pièces concernant pour la plupart l’histoire de Bretagne. (XVe-XVIIIe siècle) – 1401-1800. Description « Ex libris monasterii S. Melanii Rhedonensis».
32 – La vie de saint Melaine, gestes, mort et miracles des Saints de la Bretagne Armorique. Albert Le Grand. 1659.
33 – Louis-Arthur Le Moyne de La Borderie (1827-1901). Histoire de Bretagne. 1898-1914.
34 – Bréviaires et missels des églises et abbayes bretonnes.
35 – Louis-Arthur Le Moyne de La Borderie (1827-1901). Histoire de Bretagne. 1898-1914.
36 – L’évolution d’un cliché hagiographique : Saint-Melaine, Saint-Mars et l’eulogie métamorphosée en serpent. Bernard Merdrignac.
37 – Histoire de l’Abbaye. Wikipedia.
38 – L’évolution d’un cliché hagiographique : Saint-Melaine, Saint-Mars et l’eulogie métamorphosée en serpent. Bernard Merdrignac.
39 – La Règle de saint Benoît est une règle monastique écrite par Benoît de Nursie. La LIV (54).
40 – « the mouse (cat, frog…) as bride », « la chatte Blanche »). On le relève dans la vita Sulini, ainsi que dans la vita Brigidae et il a servi de thème d’exemplum.
41 – Subsidia Hagiographica, n° 28, Bruxelles, 1965), pp. 33-34.
42 – t. II, p. 39 (III. D.) ; V. Sulini : AASS oct. I, p. 197, c. 4. V. Brigidab : in Vitae sanctorum Hiberniae ex codice olim Salmanticensi, nunc Bruxellensi, éd. W.W. Heist.
43 – Notes pour servir à l’histoire de Bais, par Jean-Marie Guet, ancien vicaire de Bais, natif de Vitré, décédé curé de Paramé, en 1907.
44 – Abbé CRUBLET, Histoire illustrée de saint Marse, évêque de Nantes, 1945.
43 – Notes pour servir à l’histoire de Bais, par Jean-Marie Guet, ancien vicaire de Bais, natif de Vitré, décédé curé de Paramé, en 1907.
44 – Abbé CRUBLET, Histoire illustrée de saint Marse, évêque de Nantes, 1945.
43 – Notes pour servir à l’histoire de Bais, par Jean-Marie Guet, ancien vicaire de Bais, natif de Vitré, décédé curé de Paramé, en 1907.
44 – Abbé CRUBLET, Histoire illustrée de saint Marse, évêque de Nantes, 1945.
43 – Notes pour servir à l’histoire de Bais, par Jean-Marie Guet, ancien vicaire de Bais, natif de Vitré, décédé curé de Paramé, en 1907.
44 – Abbé CRUBLET, Histoire illustrée de saint Marse, évêque de Nantes, 1945.

La Tradition orale en question : par Seydou Camara. Cahiers d’Études africaines Année 1996 144 pp. 763-790.

Les petits Bollandistes : vies des saints. Tome IV, page 415.

Notes pour servir à l’histoire de Bais, par Jean-Marie Guet, ancien vicaire de Bais, natif de Vitré, décédé curé de Paramé, en 1907.

Abbé CRUBLET, Histoire illustrée de saint Marse, évêque de Nantes, 1945.

Abbé RAISON – Souvenirs, culte et reliques du Bienheureux Robert d’Arbrissel – Abbé François Duine – La légende Dorée de la Haute Bretagne.

Abbé François Duine – La légende Dorée de la Haute Bretagne.

Quos ego. Wiktionnaire.

Histoire de Bretagne, Plihon, Honnay, impr. Vatar, Rennes, 1896-1914 (6 vol.).

Journal ouest éclair du 5 novembre 1941.

Les cultes voconces. Renée Carré. Dialogues d’histoire ancienne Année 1978 4 pp. 119-133.

La christianisation des campagnes (IVe-VIIIe s.). Yann Codou. Marie-Geneviève Colin. Monique. Le Nézet-Célestin. Gallia Année 2007 64 pp. 57-83.

ACTA SANCTORUM. Joannes BOLLANDUS, Theologus, Tome I.

Mars Mullo : Résurrection de la Gaule, Henri-Paul Eydoux, Librairie Plon, 1961, 427 pages, pp. 318-20.

Société Mythologique Française – 2005.

Revue archéologique de l’Ouest. Une nouvelle mention du dieu Mars Mullo : un graffite sur vase à Notre-Dame-du-Marillais (Le Marillais, Maine-et-Loire). François Bérard, Olivier Gabory, Martial Monteil, Christian Le Boulaire.

Extase de saint François d’Assise. Monuments historiques. Patrimoine mobilier (Palissy). Réf : PM35002775.

Wikipédia.fr. Jean Mariette.

De Jean de Bourdigné. Chroniques d’Anjou et du Maine, Volume 1.

Joseph Grandet, Notre-Dame Angevine, début XVIIIème siècle. 1884.

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